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Le virus du dimanche sans repos

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Joseph Thouvenel - publié le 20/05/20
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Pour “rétablir la confiance” après le confinement, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale propose que les magasins puissent ouvrir le dimanche. Secrétaire confédéral de la CFTC, Joseph Thouvenel s’insurge contre ce monde d’avant qui s’obstine à reprendre sa course dans le consumérisme sans entraves. Il est parfois des hommes comme du hamster dans sa cage qui, à force de s’agiter en perdent le sens des réalités, jusqu’à l’épuisement. Il fallait toujours plus de consommation, d’accumulation de biens matériels, de soumission au veau d’or. Déjà, sous les oripeaux du “fashion paraître”, s’imposait le “J’en veux, j’y ai droit si je paye”. De l’achat de la petite culotte un dimanche à 22h, en passant par l’exploitation éhontée des plus pauvres sous prétexte de mondialisation, jusqu’à imposer économiquement la fabrication d’orphelins à des miséreuses dans la détresse. Le matérialisme dictait sa loi d’airain à notre société déclinante.

Quand la machinerie se bloque

Soudain, venant du principal champion d’un monde sans âme, une pandémie envahissait la planète, bloquant les rouages de la délirante machinerie. L’économie s’arrêtait, des certitudes s’effondraient, l’homme augmenté était remisé au magasin des accessoires dangereux. La mort et son cortège d’angoisse frappaient à nos portes qu’il fallait tenir closes. Les tripes, le sang et le cœur trouvaient même leur place aux actualités.



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Mais “les petits, les obscurs, les sans-grades” chers à Edmond Rostand, tenaient à bout de courage l’édifice branlant. La famille ignorée, souvent méprisée, parfois honnie, devenait refuge, stabilité, espoir. Les chantres d’un “nouveau monde” s’accrochaient désespérément à ce qu’ils connaissaient de l’ancien et même parfois, humblement, reconnaissaient leur impuissance. La science allait elle retrouver une conscience ? Le développement humain dans sa plénitude spirituelle et matérielle, allait-il devenir le but ? L’économie servir d’outil au service du bien commun ? L’après-confinement serait-il chemin d’humanité ? Il faut le croire, il faut l’espérer, il faut y travailler sans naïveté.

Une seule solution : le travail sept jours sur sept

Car du côté de ceux qui nous décrivaient les églises vides avant d’affirmer aujourd’hui qu’elles seraient trop pleines, on ne désarme pas. Entendez-vous monter en puissance le crincrin de l’ouverture des commerces le dimanche ? “Sans turbin sept jours sur sept, point d’espoir de sortie de crise”, nous susurrent-ils. Le consumérisme sans entrave, telle est leur lutte finale. Point besoin d’un temps collectif où production et consommation sont entre parenthèses pour permettre la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle. Une seule nécessité : l’hyperconsommation.

Rempart contre l’asservissement

Ces attaques contre le repos dominical ne touchent pas un point marginal de l’organisation du travail mais une question fondamentale pour la collectivité. “Le sommet de l’enseignement biblique sur le travail est le commandement du repos sabbatique” précise le Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Cette affirmation est justifiée par le fait que “le repos ouvre à l’homme, lié à la nécessité du travail, la perspective d’une liberté plus pleine, celle du sabbat éternel”. Ainsi, le repos du septième jour constitue “un rempart contre l’asservissement au travail, volontaire ou imposé et contre toute forme d’exploitation larvée ou évidente”.

Les stakhanovistes du tiroir-caisse

Le dimanche est un temps pour la transcendance et le respect des travailleurs. Ces deux points devraient suffirent en eux-mêmes pour sanctuariser cette journée. Mais pour les stakhanovistes du tiroir-caisse, foin du juste équilibre avec des exceptions de bon sens à la règle du repos dominical, comme les services de sécurité et de santé, les transports, les activités de loisir, les commerces de proximité et les marchés traditionnels : notre monde sera marchand ou ne sera pas.



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Que l’ouverture généralisée des commerces le dimanche se fasse au détriment des petits commerçants et artisans qui irriguent nos territoires, peu importe. Que la concurrence directe des grandes surfaces détruise plus d’emplois qu’elle n’en crée, sans importance. Qu’une journée de fermeture des hypermarchés, et autres centres commerciaux soit positive en matière de dépense énergique et de dégagement de CO2 dans la perspective du développement durable, accessoire. L’urgence est que reprenne sa course et prospère l’attelage infernal de la cupidité et du matérialisme. Laisserons nous faire ?

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