Comment évangéliser lorsque l’on a deux paroisses, 40 clochers et peu de paroissiens pour vous donner un coup de main ? Pas de panique pour le père Alexis de Brébisson, curé dans l’Orne. Il suffit juste d’avoir les bonnes clés.“Lucidité, proximité, visibilité” : telle est la nouvelle maxime du curé d’Écouché, un petit village de Normandie, à la recherche des brebis perdues de ses campagnes. Le père Alexis nous livre au travers de sa réflexion quelques fondamentaux pour partir à la quête de nouvelles ouailles.
Il s’agit dans un premier temps de faire preuve de lucidité. Cela peut paraître évident, mais être lucide constitue un “véritable avantage pour le dynamisme missionnaire”. Loin de juger les paroisses citadines, le père Alexis veut regarder la réalité en face sans pessimisme : si dans les villes, certaines paroisses ne manquent pas de familles pour prêter main-forte au curé, la désertification des campagnes rend les choses un peu plus compliquées. “La foi chrétienne a quasiment disparu dans nos campagnes”, regrette le curé d’Écouché. Et pourtant, malgré cela, pour lui rien n’est perdu !
Une proximité facilitée en campagne
“La faible densité de la population, le tissu social créé par le maillage d’une part des villages, d’autre part des divers “groupes sociaux“, loin d’être des obstacles, peuvent aider à évangéliser. En effet, lorsque tout le monde se connaît, la communauté chrétienne peut aborder plus facilement les hommes isolés”, souligne le prêtre. De fait, chaque famille compte au moins un membre qui a été approché par le curé d’Écouché. Le bouche-à-oreille peut alors fonctionner efficacement, un atout pour évangéliser selon le prêtre.
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Mais pour concrétiser cette proximité, il n’y a rien de mieux que de “s’impliquer dans une réalité locale”. Pour ce faire, le père de Brébisson a une botte secrète : il a décidé de s’engager en tant que pompier volontaire. Cette deuxième vocation lui permet d’établir un contact solide avec les villageois et surtout de donner une autre image de l’Église aux plus méfiants.
De même, les temps forts de la vie locale ne sont pas à proscrire : baptême, première communion, fête communale, cérémonie des anciens combattants, fête des voisins… Chacun de ces temps forts représente une opportunité pour toucher les cœurs des villageois.
Rendre visible l’amour de Dieu pour eux
Le curé de zone rurale doit enfin compter sur un atout majeur : la présence de l’Église sous toutes ses formes. Paysages parsemés de clochers, églises, calvaires, chapelles, statues, autant de signes visibles témoignant de la chrétienté en France. Bien évidemment, ils ne suffisent pas mais leur présence véhicule l’idée du catholicisme toujours vivant. “À mon arrivée ici, j’ai pris l’habitude de ré-habiter ces églises, ponctuellement bien sûr, mais régulièrement”, explique le père Alexis, afin d’occasionner des rencontres de cœur à cœur avec le Seigneur.
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Enfin, à une époque hyper connectée, la communication est primordiale pour le prêtre. Internet, pancartes sur les églises ou à l’entrée des villages l’été, articles dans les journaux locaux : le père Alexis ne manque pas d’idées. Car l’objectif pour le pasteur quarantenaire est de “rendre visible l’amour de Dieu pour eux, le salut offert par le Christ”, affirme-t-il avec enthousiasme. Lucidité, proximité, visibilité, voilà le programme que se fixe le prêtre qui a soif de retrouver ses brebis perdues. À tous ceux qui arrivent en zone rurale, le père de Brébisson n’a qu’un conseil pour l’évangélisation : “Réfléchissez un peu, priez beaucoup, retroussez-vous les manches et allez-y !”.