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Témoignages : ce qu’ils retirent de l’expérience de parents au foyer

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Claire de Campeau - publié le 12/05/20
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Comment les parents ont-ils vécu le confinement imposé ces dernières semaines ? Aleteia a interrogé un vaste panel de parents racontant comment ils avaient vécu cette expérience hors du commun. Témoignages.Un arrêt sur images et des semaines au ralenti, à se demander quel jour de la semaine on est tant les journées se suivent et se ressemblent. Ce confinement vécu par des millions de personnes depuis mi-mars n’a pas été vécu de la même manière par tous. Dans les familles, le bilan est plus ou moins négatif selon les situations mais tous tirent des conclusions de cette période exceptionnelle de « confinement au foyer ». Qu’est ce qui a séduit les parents, quelles ont été les principales difficultés rencontrées ? Tour d’horizon.

Des journées très, trop chargées

Confinement n’a pas rimé avec ennui pour Jérémy, papa de cinq enfants âgés de 1 à 6 ans, en appartement en région parisienne. Ce jeune père de famille s’est retrouvé confiné au foyer et s’il en tire un bilan positif, il admet que « l’école à la maison niveau CP pour l’aînée était difficile à gérer tout en accordant de l’attention aux quatre plus jeunes, dont des jumelles de un an ! ». Myriam, mère de trois enfants dont un aîné de 15 ans multi-dys avec des programmes personnalisés dans toutes les matières, a très mal vécu ces dernières semaines : les programmes n’étaient plus du tout adaptés pour son aîné et sa formation qui devait achever des années « au foyer » pour elle, a été interrompue en raison de l’état d’urgence.


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Solenne, elle, ne s’attendait pas à vivre son congé maternité avec son petit Thaddée de 3 mois avec la présence de son aînée, Pia, et de tous les devoirs qu’elle devait effectuer niveau CM2 : « Le rythme était intense car elle prépare son entrée au collège et le grand écart entre les deux a été difficile. A cela se rajoutaient les tâches ménagères bien sûr et, en arrière-pensée, la pression financière, mon conjoint et moi-même étant à notre compte. » C’est également le cas pour Blanche qui a trouvé très dur de « n’avoir de relais à aucun moment à part le soir… mais mon mari finissant le télétravail à 20 heures, les journées étaient longues avec quatre jeunes enfants ! ».

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Shutterstock

Pour Sophie, mère de deux jeunes enfants, le plus dur a été l’absence : « l’absence de moment seule, l’absence de la famille et des amis » mais également, confesse-t-elle à demi-mots « la présence physique quotidienne et permanente de toute la famille ! ». Maëlle, éducatrice de jeunes enfants, déplore également « le manque de temps individuel rien que pour moi, c’était dur d’être 24h sur 24h tous les cinq, avec nos trois enfants et mon mari. Toutes les tâches me sont revenues étant au chômage technique et mon mari en télétravail… ».

L’organisation des repas n’a pas été évidente, tout le monde ayant essayé de limiter au maximum les déplacements au supermarché. Géraldine, ingénieur chef de projets en logistique et mère de trois enfants a trouvé rude le changement de mode de vie : habituée à avoir une femme de ménage et des commerces de proximité, elle a du comme beaucoup apprendre à jongler entre « les enfants, le télétravail, la logistique de la maison, la vie en permanence avec mon mari… le tout avec des horaires pas forcément compatibles ! ».

Des moments de grande qualité en famille

Les parents sondés sont unanimes : le temps passé avec les enfants a été précieux dans tout ce qu’il avait d’inhabituel et d’inattendu. Solenne a apprécié la présence de son compagnon pour les premiers mois de leur fils et a pu « profiter en famille de bons moments partagés, plus qualitatifs et quantitatifs que quelques heures à la sortie du travail. » Maëlle a adoré la grande liberté de ne plus avoir d’horaires : « Quel bonheur de ne plus avoir à leur dire de se dépêcher, d’avoir le temps de cuisiner. J’ai même réussi à me remettre à lire et à faire du sport tous les jours. Au final, j’ai eu une bien meilleure qualité de vie. »


LOUIS ZELIE MARTIN
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« J’ai aimé avoir le sentiment d’être pleinement à ma place et centrée sur ma vocation de mère et d’épouse. » explique Blanche. « Prendre pleinement conscience que mes enfants me sont confiés (alors qu’en temps normal, hors confinement, l’éducation de nos enfants est partagée entre l’école, la nounou, les activités extra-scolaires…) Avoir le bonheur de prendre le temps de voir ses enfants grandir, voir leurs progrès au jour le jour, dans des petites choses, les accompagner dans leurs apprentissages à l’école. J’ai découvert qu’en étant plus présente à la maison, il y avait moins de tensions avec les enfants. C’est plus facile selon moi de s’occuper de ses enfants toute la journée que le soir à 19 heures en rentrant du boulot, quand tout le monde est fatigué… »

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Shutterstock | Evgeny Atamanenko

Cette vie de père au foyer a convaincu Jérémy qui explique avoir apprécié « les voir grandir et interagir entre eux ». Sentiment partagé par Valérie, conquise par cette « expérience absolument géniale d’être autant avec mon fils et de prendre le temps de faire des choses, de jouer, de faire du vélo, de ne pas avoir d’horaires. » Elle rajoute une satisfaction personnelle : « ne pas avoir d’obligations d’invitation ou d’obligation professionnelle. »

Des modes de vie reconsidérés pour l’après-confinement

Qu’ils aient vécu ce confinement en appartement ou en maison, en ville ou au vert, les parents interrogés souhaitent tous tirer des conclusions de ces semaines et adapter leur vie de famille et vie professionnelle futures en conséquence. Beaucoup d’entre eux ont apprécié avoir plus de temps avec leurs enfants. Jérémy pense « faire une demande de 80% à mon travail pour rester une journée avec eux », Valérie aimerait « prendre des congés un peu plus souvent ». Les enfants de Sophie ayant décrété que « c’est trop bien de [l’] avoir tout le temps à la maison ! » a décidé de se libérer davantage de temps pour les accompagner à leurs différentes activités. Maëlle gardera son 80% mais se promet de « savourer encore plus qu’avant les moments avec les enfants après l’école ». Elle souhaite carrément « diminuer le nombre d’activités/trajets pour avoir un rythme moins soutenu au quotidien ! ».



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Pour d’autres, un vrai changement de vie est envisagé. Solenne ayant vécu ce confinement au vert voit se confirmer avec son mari leur souhait de quitter la région parisienne. Elle confesse « un besoin de retour au vert et d’une vie de famille équilibrée » et envisage même de quitter son travail « Aujourd’hui et suite au confinement je suis prête à me dédier entièrement à ma vie de mère au foyer surtout que nous envisageons d’avoir d’autres enfants et si possible pas dans dix ans donc je songe vraiment à abandonner toute activité professionnelle à temps plein et peut être juste me trouver une activité ou passion annexe. » A l’inverse, dans un cri du cœur, Myriam l’avoue : « Je me réjouis de recommencer une vie normale ». Tandis que Géraldine se réjouit elle aussi de reprendre le travail pour « y trouver un sas de décompression ».

Cette nouvelle vie au foyer fut riche en apprentissages pour de nombreuses familles. Certains ont revu leur vision du parent au foyer « J’étais la première à me dire que c’était choisir la facilité, explique Blanche, je pense que c’est peut-être même l’inverse. C’est un choix exigeant car peu reconnu par la société, et trop souvent dénigré. Cela mériterait d’être remis à l’honneur. » D’autres comme Valérie les envient : « J’ai toujours pensé et je le pense encore qu’ils ont de la chance : les instants avec nos enfants sont précieux. ». Géraldine conclut ainsi : « J’ai été assez en congé maternité pour savoir que c’est sport. Le contexte du confinement ajoutait l’école à la maison et le télétravail en plus du quotidien d’un parent au foyer… Mais dans tous les cas bravo à tous, au foyer ou non ! ».


PLANSZÓWKI
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