Les éditions du Rocher publient un surprenant roman graphique consacré à Claus von Stauffenberg, l’une des figures majeures de la résistance militaire contre le nazisme. « Stauffenberg est un authentique héros qui ne s’est jamais départi de sa ligne de conduite », explique son auteur, le journaliste et collaborateur à Aleteia Thomas Oswald.Priés de limiter leur déplacement afin de limiter la propagation de l’épidémie de covid-19, les Français disposent d’une denrée rare : le temps. Un temps qu’ils peuvent mettre à profit en se replongeant dans l’histoire contemporaine avec le dernier roman graphique du journaliste Thomas Oswald, Hitler doit mourir. Il y retrace, accompagné des dessins de l’illustrateur Philippe Chapelle, l’histoire de Claus von Stauffenberg, figure de la résistance militaire contre le nazisme. Officier de la Wehmach, il a notamment participé à un complot contre Hitler en organisant personnellement l’attentat du 20 juillet 1944 dans le cadre du coup d’État militaire avorté. Arrêté et fusillé dans la foulée, le colonel Stauffenberg est « un authentique héros », assure à le journaliste et auteur de ce roman graphique, Thomas Oswald, qui est également contributeur d’Aleteia.
Aleteia : Pourquoi vous êtes-vous intéressé au personnage de Stauffenberg ?
Thomas Oswald : Le colonel Claus von Stauffenberg demeure un héros de la résistance allemande mal connu. Bien sûr il y a eu le film Walkyrie en 2008 avec Tom Cruise qui l’a un peu fait connaître du grand public mais il y a peu de choses qui sont sorties sur lui. Il est pourtant difficile de trouver un héros de la résistance avec tant d’importance ! Il y a bien sûr l’impact symbolique, il s’agit d’un officier de la Wehmach issu d’une vieille famille de l’aristocratie allemande catholique, mais aussi opérationnel : ce coup d’état aurait pu bouleverser le cours de l’histoire. Il est je pense un authentique héros qui ne s’est jamais départi de sa ligne de conduite et qui a préféré être un traitre aux yeux de son pays plutôt qu’à ses propres yeux. Il n’a rien laissé le dévier de son objectif jusqu’au don ultime de lui-même, sa vie. Et puis il y a aussi le côté flamboyant de Stauffenberg que Philippe Chapelle fait parfaitement ressortir dans ses dessins : c’est un homme qui attirait tous les regards. Meneur d’hommes né, il était éloquent et avait toujours le dessus dans les discussions. Le projet de coup d’état dont il faisait partie était risqué mais réaliste. Il aurait pu fonctionner mais malheureusement il a échoué. Stauffenberg c’est aussi l’effet d’entrainement qu’il a créé derrière : quelque 5.000 personnes ont été exécutées par le régime en répression de cet attentat. Au total, il y a eu quatorze tentatives d’assassinat assez sérieuses.
Comment vous êtes-vous documenté ?
Cette période de l’histoire me passionne donc cela fait de longues années que je m’y intéresse. Plus concrètement je me suis appuyé sur le livre de Jean-Louis Thériot Stauffenberg ainsi que sur celui de Jean-Paul Picaper, Opération Walkyrie et celui de Philipp Freiher von Boeselager, Nous voulions tuer Hitler. Il y a également l’émission télévisée d’Arte Histoire parallèle qui est très bien faite.
“Quelles que soient les circonstances, le libre arbitre existe.”
Quelles ont été les difficultés ?
Un roman graphique accorde plus de place au texte qu’une BD historique. Mais l’une des difficultés a néanmoins été de réduire le nombre de personnages. En effet, en faisant mes recherches j’ai découvert qu’ils étaient très nombreux a avoir voulu tuer Hitler. Mêmes s’ils ne sont pas entrés dans la conspiration ils voulaient sa chute. L’autre difficulté mais qui tient du genre littéraire, le roman historique, est la question de savoir jusqu’à quel point il est possible de romancer tout en respectant une rigueur historique. Ici il y a quelques passages où l’on s’écarte de la réalité mais il n’y a pas de faute historique conséquente et les événements se suivent chronologiquement. Les dialogues avec Stauffenberg que je mets sous ma plume sont ses propres mots.
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Qu’espérez-vous transmettre à travers ce roman graphique ?
Si ça peut permettre au lecteur de voir que quelles que soient les circonstances le libre arbitre existe, c’est l’essentiel. Personne n’est soumis par un serment d’obéissance : si notre conscience nous appelle à autre chose, il est toujours possible de la suivre. L’exemple de Stauffenberg est d’autant plus intéressant qu’il n’est pas entré dans la résistance dès le début. Il a d’abord montré sa sympathie à de nombreux aspects du national-socialisme et il rêvait de retrouver une grande Allemagne. C’est le caractère criminel du régime qui l’a poussé à entrer en résistance en 1941.
Hitler doit mourir, Thomas Oswald et Philippe Chapelle, éditions du Rocher, février 2020, 16,9 euros.