Les mesures liées à l’épidémie de Covid-19 ont amené certains services de néonatologie à fermer leurs portes aux parents d’enfants nés prématurément. Une situation qui appelle, selon l’association SOS Préma, une réflexion globale comparant les risques réels d’une potentielle contamination des bébés par leurs parents aux nombreux effets délétères d’une séparation parents-bébé prolongée.En France, 165 bébés naissent prématurément chaque jour. Depuis 15 ans, l’association SOS Préma travaille avec les équipes médicales pour que les parents ne soient plus considérés comme de simples visiteurs mais comme des partenaires de soin : « Si les soins techniques sont un besoin évident du nouveau-né, qu’en est-il des autres soins comme l’allaitement ou le peau à peau, dont les bienfaits ont été démontrés, et qui ne peuvent être réalisés que par les parents ? », interrogent dans une tribune publiée dans le Parisien le 12 avril dernier Charlotte Bouvard, fondatrice et directrice de SOS Préma, et Audrey Reynaud, responsable des affaires scientifiques de l’association. « Ne remettons pas en cause ces avancées scientifiquement prouvées pour le bon développement des bébés au nom du seul argument du principe de précaution », précisent-elles par ailleurs.
En effet, en raison des mesures sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19, les deux femmes constatent que les services de néonatalogie « ont, les uns après les autres, instauré des restrictions d’accès aux parents. Ils ne peuvent plus venir à deux, seulement quelques heures par jour et, parfois même, plus du tout. » Et ce, en dépit des recommandations de la Société française de néonatologie qui préconise la présence des deux parents aux côtés du bébé. “Les prématurés, au fond de leur couveuse, semblent être les victimes faciles de nos peurs primaires”, dénoncent les co-signataires.
L’association se fait également l’écho de la détresse des parents concernés : « Nous croulons sous les appels et entendons les pleurs déchirants de mères, tout juste césarisées et éloignées de leur bébé, de pères, considérés comme des intrus dans la cellule familiale naissante et déjà mise à mal par une naissance prématurée. »
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Pour Charlotte Bouvard et Audrey Reynaud, le Covid-19 a balayé les acquis de vingt ans de travail : « Des années de travail et de multiples études scientifiques avaient enfin validé le bénéfice de la présence continue des parents partenaires de soins », regrettent-elles. A savoir un « meilleur développement de l’enfant, meilleur lien parent-enfant, réduction du temps d’hospitalisation ». Les deux signataires de la tribune tirent la sonnette d’alarme : « Cette pandémie remet en cause la place des parents auprès de leur enfant. Elle met à nu un système de santé caduque qui ne s’est adapté ni aux progrès scientifiques ni aux études qui les suivent. Et aujourd’hui, ce sont nos enfants, adultes de demain, qui trinquent.”
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