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“Les cathédrales n’en finissent pas de guider les pas des hommes d’aujourd’hui”

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Agnès Pinard Legry - publié le 14/04/20
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Au lendemain de l’incendie qui a ravagé partiellement Notre-Dame, le 15 avril 2019, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de la rebâtir en cinq ans. Un an plus tard et alors que le chantier de reconstruction de la cathédrale est à l’arrêt en raison de l’épidémie de covid-19, la dame de pierre reste au cœur des préoccupations. « Que ce soit celle de Paris, Chartres ou Amiens, les cathédrales ont été des chantiers monumentaux étendus sur plusieurs générations », rappelle auprès d’Aleteia l’historien Patrick Sbalchiero, auteur de l’ouvrage « Des hommes pour l’éternité, l’incroyable épopée des bâtisseurs de cathédrale ». À l’ombre de leurs tours on se prend facilement à rêver l’épopée de ceux qui en furent les bâtisseurs. Si les cathédrales ont toujours alimenté l’imaginaire collectif, l’incendie qui frappa Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019, personne ne l’avait envisagé. Ravagée partiellement mais sauvée grâce au travail acharné des pompiers, la cathédrale est aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. « Après neuf siècles au cours desquels elles ont tout connu, jusqu’à cette vision terrifiante de Notre-Dame de Paris dévorée par les flammes au soir du 15 avril 2019, les cathédrales, comme des étoiles brillantes dans une nuit d’encre, n’en finissent pas de guider les pas des hommes d’aujourd’hui », assure l’historien Patrick Sbalchiero, auteur de l’ouvrage Des hommes pour l’éternité : l’incroyable épopée des bâtisseurs de cathédrale.

Aleteia : Comment inscrire le chantier actuel de reconstruction de Notre-Dame dans l’histoire des cathédrales ?
Patrick Sbalchiero : Que ce soit celle de Paris, de Chartres ou d’Amiens, les cathédrales ont été des chantiers monumentaux qui se sont étendus sur plusieurs générations d’hommes. Et à chaque génération, personne ne pensait en voir la fin. La construction d’une cathédrale marque un effort collectif de longue durée, parfois sur trois ou quatre générations successives. Une personne vivant au début d’un chantier a neuf chances sur dix de ne jamais en voir la fin. Le chantier de Notre-Dame d’aujourd’hui n’est pas vraiment comparable et se pose en d’autres termes. Les technologies actuelles vont permettre de lui redonner sa beauté et sa capacité liturgique en un laps de temps relativement court. Si nous étions au XIIIe siècle je vous dirais que nous ne la verrions pas reconstruite de notre vivant. Mais au XXIe siècle oui !

“Le dénominateur commun aux bâtisseurs de cathédrale est la foi.”

Qui sont les bâtisseurs de cathédrale ?
Le dénominateur commun qui les motive est la foi, c’est indéniable. La grande odyssée des cathédrales gothiques en France et en Europe correspond à un moment de spiritualité intense. De bas en haut de la société, quasiment toutes les catégories sociales s’investissent, que ce soit en argent, en savoir-faire ou en temps passé sur les chantiers, dans la construction des cathédrales. Sur les chantiers en eux-mêmes, on peut les classer en trois catégories correspondants aux matériaux qu’ils travaillent : le bois, la pierre et le verre. Les hommes du bois sont ceux qui se rendent dans les forêts tout comme les ébénistes et les hommes de la pierre sont ceux qui travaillent dans les carrières mais aussi les sculpteurs. Les hommes du verre vont quant à eux occuper progressivement une place plus importante correspondant au développement des vitraux.

Y en a-t-il encore aujourd’hui ?
Non, il n’y a plus de bâtisseurs de cathédrale comme en l’entendait au Moyen Âge. En revanche il existe toujours des spécialistes de tel ou tel matériau. Certains travaillent encore avec des techniques anciennes qui ont été perfectionnées au fil des siècles ! En France il y a toute une manne d’artisans, parfois autant artisan qu’artiste d’ailleurs, prêts à prêter main forte et largement mobilisés sur les chantiers des cathédrales.



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Qu’est-ce qui peut, aujourd’hui, donner envie de travailler sur le chantier d’une cathédrale ?
La vie quotidienne au Moyen Âge était très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Le temps, que ce soit la durée de la journée, de la semaine ou de l’année, était rythmé par le bruit des carillons, des cloches églises. La cathédrale était ainsi le point de ralliement et de référence dans les communautés humaines. Quand vous veniez de la campagne, c’était le bâtiment que vous aperceviez en premier. C’est au premier plan un lieu de culte mais c’est aussi un point de réunion, d’union entre les différentes catégories sociales, on y discute alors à bâton rompu. C’est tout cela qui a donné envie à des dizaines de milliers de personnes de construire des cathédrales et de les maintenir en bon état malgré les nombreuses catastrophes. Aujourd’hui, les cathédrales sont une inscription dans le paysage mais aussi un ancrage dans la mémoire collective qui nourrit l’avenir. C’est là une autre motivation. Notre-Dame de Paris est d’abord un édifice religieux mais c’est aussi un lieu de mémoire français, un symbole de la ville de Paris. Y travailler c’est préserver cette mémoire et nourrir la réflexion collective.

Un an après, Notre-Dame de Paris panse toujours ses plaies
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