De l’ombre à la lumière, un chemin de croix signe de Vie

Ces quatorze huiles réalisées par le peintre François-Xavier de Boissoudy ne peuvent laisser indifférent. "L’architecture dépouillée de cette cathédrale favorise le surgissement des images", commente l’artiste. De ses tableaux se dégage en effet une force incroyable, invitant le fidèle ou le touriste à s’arrêter, à contempler. Chaque personnage représenté sur ces toiles nous fait face. Pour François-Xavier de Boissoudy, "c’est une façon  de voir ce qui s’est réellement vécu pendant la Passion. C’est aussi un moyen de se dire que, nous aussi, nous aurions pu être là, avec le Christ". Les toiles de l’artiste montrent en effet combien les scènes de la Passion du Christ sont actuelles. "Aujourd’hui, on peut rencontrer le Christ, lui essuyer le visage, l’aider à porter sa croix, le regarder comme l’ont fait ses contemporains il y a deux mille ans", suggère le peintre.

Le tableau de Véronique, par exemple, montre une scène originale. Dans l’iconographie classique, la sainte montre traditionnellement le linge sur lequel est "imprimé" le visage de Jésus. Ici, point d’exposition ; elle Le contemple, invitant le visiteur à faire de même. Dans le déambulatoire opposé, la toile de la deuxième station évoque Jésus portant sa croix, entouré d’hommes qui le condamnent et d’une femme qui nous regarde. "A-t-elle sa place parmi les lyncheurs ? Veut-elle tuer l’innocent ?" s’interroge l’artiste. La question de la liberté intérieure surgit ici. 

Traditionnellement, les chemins de croix montrent les personnages principaux : le Christ, la Vierge, Simon de Cyrène ou Véronique... Mais la foule y est rarement représentée. Dans ces quatorze tableaux, la foule, c’est chacun de nous. Elle est bruyante, violente parfois. Ne le sommes-nous pas ?

Ce travail de création s’intègre parfaitement à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Les piliers composés de plusieurs colonnes offrent leur rondeur aux grandes toiles dont le dessin se prolonge sur les côtés. Les teintes choisies s’accordent aux tonalités de jaunes de l’édifice récemment restauré, "à la blondeur du lieu", s’émerveille François-Xavier de Boissoudy. Humblement, le peintre reconnaît la difficulté qu’il a eue à réaliser cette œuvre d’art. "Je n’avais jamais peint de chemin de croix. Je me sentais étranger à la souffrance du Christ et ne la comprenais pas", confie-t-il. Chrétien converti, l’artiste espère que ses tableaux soutiennent la prière des fidèles. Car telle est sa vocation, son devoir sacré.