Il y a des voix qui soignent, qui donnent le désir et la force de guérir. L’écrivain Charlotte Jousseaume a passé quatre ans de sa vie au fond d’un lit d’hôpital. Touchée par la chanson « Quand comprendras-tu ? » de Barbara réinterprétée à leur façon par deux soignants, elle rend hommage à ceux qui lui ont donné la force de se battre alors que la mort rodait autour d’elle. Ils sont applaudis tous les soirs, à 20h, au balcon. Derrière leurs masques, ce sont eux qui sont aujourd’hui sur le devant de la scène, et « au front ». Ces ils, ces eux, qui sont-ils ? Des soignants. Des hommes et des femmes qui soignent et qui alertaient, ces derniers mois, des conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent à l’hôpital ou en EPHAD. Ces médecins, ces infirmiers de jour et de nuit, ces aides-soignants, nous découvrons, sur les réseaux sociaux, leurs visages masqués comme leurs visages nus, épuisés.
Je sais, moi qui ai connu le lit d’hôpital dans ma vie, que ces soignants n’ont pas que des gants et des masques protégeant leurs mains et leurs visages, ils ont aussi une voix, ils sont aussi un timbre de voix. Deux d’entre eux, Paul Mandengue, interne, et Henri Duboc, médecin, viennent de poster une chanson pour faire entendre une voix de soignant :
Paul et Henri existent-ils vraiment ? Sont-ils des noms d’emprunt, un autre masque, pour protéger une voix anonyme ? Peu importe ! L’essentiel est là : faire entendre, non pas un masque, mais une voix. Sur la mélodie d’une chanson de Barbara « Quand reviendras-tu ? », cette voix de soignant nous dit simplement : « Aide-nous », « Dis, quand comprendras-tu ? »…
Je sais, pour avoir connu le lit d’hôpital, qu’il est des voix qui guérissent, des voix qui donnent le désir et la force de guérir. Un malade ne se soigne pas qu’avec des gants, des masques, des médicaments, une assistance respiratoire. Il se soigne aussi au son d’une voix, d’une voix qui, comme vous et moi, « vénère la vie », « les promenades au bois et les restos dans Paris ». D’une voix qui résonne d’une joie de vivre, comme du désir d’aider à vivre, quand « se joue la survie ». Nous connaissions leurs visages masqués, écoutons leur voix nous inviter au confinement : « si comme moi, tu vénères la vie »…
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