Face au coronavirus, plusieurs diocèses ont pris des dispositions afin de prévenir la propagation de l’épidémie. Des dispositions qui, semble-t-il, n’ont pas encore été prises au sein de l’Église orthodoxe où les croyants communient pourtant tous avec la même cuillère.Le nombre de personnes atteintes de la maladie Covid-19 continue d’augmenter dans le monde. En France et en Italie, des diocèses ont pris des dispositions pour lutter contre la propagation de la maladie. Mais pour l’Église orthodoxe ce sujet semble rester en suspens. Tous les patriarcats de l’Eglise orthodoxe ne sont pas unanimes sur la question. Si les fidèles sont invités à suivre les consignes générales des autorités, notamment de se laver les mains très régulièrement et de ne pas venir à l’église en étant malades, très peu de paroisses ont annulé ou modifié le rite de leurs célébrations, y compris celui de la communion.
« Impossible d’être infecté par le biais de la communion »
Les orthodoxes communient du Sang (le vin bénit) et du Corps (le pain bénit) du Christ, mélangés dans le saint Calice. Le prêtre verse les saints dons dans la bouche des croyants à l’aide d’une cuillère. Afin qu’aucune miette ne tombe par terre, les servants tiennent un voile rouge sous le Calice et essuient la bouche des communiants une fois qu’ils ont communié. Les fidèles sont ensuite invités à embrasser le Calice, signe qu’ils sont membres du sacerdoce du Christ. À l’issue de la liturgie, les prêtres ou les diacres consomment les restes des saints dons et lavent ensuite le Calice à l’eau chaude.
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« En tant que chrétiens orthodoxes, nous sommes persuadés qu’il est impossible d’être infecté par le biais de la communion des saints dons, par le Corps et le Sang du Christ. Bien évidemment, cette foi ne signifie pas que les orthodoxes ne peuvent pas être touchés par les maladies qu’elles soient épidémiques ou pas », a déclaré lors d’une conférence de presse à Moscou, l’archiprêtre Maxime Kozlov, chef du comité éducatif de l’Église orthodoxe russe, selon l’agence de presse russe Interfax.
Des propos auxquels adhère un prêtre orthodoxe Serbe : « Depuis toujours, il y a eu des maladies et des virus dans le monde. Chaque fois que mes paroissiens communient, je trempe la cuillère dans le Calice et je la donne au suivant. À la fin de la communion, je consomme les restes des saints dons. En dix-sept ans de ministère, je ne suis jamais tombé malade à cause de la communion. Le Christ est ma nourriture d’immortalité ! », précise-t-il, en soulignant toutefois que si son évêque ou son patriarche donne des instructions à suivre, il obéira. « L’Église a connu des épidémies et des cataclysmes sans jamais toucher au cœur de sa foi : l’eucharistie. L’absence de communion est plus à craindre que tout autre malheur, s’en priver serait un refus de notre salut », confie, pour sa part, le diacre de l’église Notre Dame du Signe à Paris, Ivan Birr.
Communier avec des cuillères jetables
Cependant, face à l’épidémie, certains se montrent vigilants. Le métropolite Antoine de Chersonèse, Exarque du patriarche Cyrille de Moscou en Europe Occidentale, a demandé au clergé des paroisses orthodoxes d’Italie d’appliquer les directives des autorités italiennes visant à prévenir la propagation du coronavirus. Certaines églises orthodoxes en Italie ont donc fermé leurs portes. De son côté, le 27 février dernier, le patriarcat de Roumanie a indiqué dans un communiqué que les fidèles peuvent « demander de manière exceptionnelle au prêtre d’utiliser leur propre cuillère pour la sainte communion ». Une mesure soutenue par certains prêtres d’autres patriarcats, qui restent pourtant très minoritaires. « Si des cas de coronavirus sont enregistrés au Mans, je pense distribuer à mes paroissiens des cuillères en bois jetables. Je les brûlerai ensuite car elles auront touché les saints dons », confie père Anton Gelyasov de la paroisse de la Nativité du Christ au Mans, sous l’obédience du patriarcat de Constantinople.
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Comme tous les chrétiens, les orthodoxes prient pour la guérison de ceux qui sont touchés par le coronavirus et pour la fin de la propagation de cette maladie. Certaines paroisses, dont celle de la Protection de la Mère de Dieu et Saint Alexandre de la Néva, située à Biarritz, célèbrent après la liturgie un office spécial d’intercession prévu pour les temps d’épidémies.