Considérée comme un lieu de culte emblématique du protestantisme, la cathédrale Saint-Pierre de Genève va accueillir pour la première fois depuis la Réforme calviniste une messe catholique. L’événement couronne un réel rapprochement œcuménique entre les communautés chrétiennes de la ville.Le samedi 29 février prochain sera célébrée pour la première fois depuis l’an 1535 une messe catholique en la cathédrale Saint-Pierre à Genève. Cette magnifique cathédrale, temple protestant depuis cinq siècles, accueillera la communauté catholique genevoise, heureuse de pouvoir communier à l’unité spirituelle entre les deux communautés.
Audace impensable
L’événement n’est pas anodin. À l’origine du projet, une conversation entre l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal pour le canton de Genève, et l’un de ses amis pasteur à propos de la messe qui est célébrée chaque année depuis quinze ans à la cathédrale protestante de Lausanne. Pour le prêtre catholique, la perspective d’une messe analogue à Genève serait « magnifique », mais sans doute peu probable : « Pas demain la veille » croit-il ! Grâce à l’audace de son ami pasteur et de ses collègues, l’impensable va se réaliser.
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Depuis le XVIe siècle, Genève revendique âprement l’appartenance de la cathédrale Saint-Pierre à l’Église protestante. La « fracassante » nouvelle d’une messe catholique dans la cathédrale a donc soulevé un peu d’émotion. Le lieu de culte emblématique du protestantisme de la cité de Calvin était-il remis en question ?
Un élan œcuménique
Depuis soixante ans pourtant, catholiques et protestants se sont rapprochés. Ils forment un courant œcuménique vivant, qui n’a cessé de grandir depuis Vatican II. En témoignent le chaleureux et délicat accueil réservé au pape François par toutes les communautés chrétiennes en juin 2019, et le message du Saint-Père au Conseil Œcuménique des Églises à cette occasion. La messe du 29 février résonne comme un écho à la visite pontificale. Elle couronne l’élan œcuménique qui anime pasteurs, prêtres et agents pastoraux laïcs dans les différents domaines de la vie sociale et pastorale à Genève depuis des décennies.
C’est donc bien à l’invitation de leurs frères protestants que cette première messe depuis 1536 a lieu. L’abbé Desthieux a manifesté sa reconnaissance à plusieurs reprises dans les médias romands et au sein de la communauté protestante, notamment lors de la semaine pour l’unité des chrétiens. L’initiative a provoqué un nouvel et profond élan de solidarité entre catholiques et protestants, au point que la messe dans la cathédrale célébrera l’entrée en carême des deux communautés, avec l’imposition des cendres à tous les participants.
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