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Ces expressions qui ont une origine biblique : « Être changé en statue de sel »

Loth fuit Sodome

Chronique de Nuremberg, Loth fuit Sodome, gravure sur bois, 1432

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Axelle Partaix - publié le 21/02/20
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Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique. Aujourd’hui : être changé en statue de sel.Peut-être avez-vous déjà eu la chance de voyager en Israël ou en Jordanie et de découvrir la mer Morte ? Surplombée par des montagnes à l’est et par les collines de Jérusalem à l’ouest, la mer Morte jouit de l’un des environnements naturels et spirituels les plus exceptionnels au monde. Cette grande étendue d’eau est en fait un lac salé qui a la double particularité d’être situé à plus de 400 mètres sous le niveau de la mer et d’avoir une salinité exceptionnelle d’environ 250 grammes par litre (pour comparaison, la salinité moyenne de l’eau des océans est de 35 grammes par litre).

C’est cette extraordinaire salinité qui fait que l’on peut y flotter très facilement mais aussi qu’aucun poisson ne peut y vivre. Très riche en minéraux et en oligo-éléments, le sel de la mer Morte est célèbre dans le monde entier pour ses vertus sur les peaux sèches et atopiques et les douleurs articulaires. Le long des rives, les  cristaux de sel ont formé des concrétions spectaculaires qui confèrent au paysage un côté irréel de toute beauté.

DEAD SEA

By Alewtincka | Shutterstock

Difficile en ces lieux d’imaginer la région autrefois verdoyante et fertile, bien irriguée par le Jourdain, « comme le jardin du Seigneur » qu’évoque la Bible (Gn 13, 10) … Elle est le théâtre d’un épisode spectaculaire du Livre de la Genèse et à l’origine de notre expression : la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 19).

La manifestation de la colère de Dieu

Dans la Bible, le sel est cité près d’une quarantaine de fois. C’est une denrée précieuse, soumise à une taxe (1M 10, 29). Emblème de l’Alliance entre Dieu et les Hébreux (Nb 18, 19), il est utilisé pour saler les offrandes offertes au Seigneur (Ez 43, 24, Lv 2, 13), pour assainir et purifier (2R 2,21). Élément de première nécessité à la vie de l’homme (Si 39,26), il est indispensable pour relever et donner de la saveur (Jb 6, 6) au sens matériel comme au sens spirituel. Jésus ne dit-il pas à ses disciples « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5, 13) et « Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous » (Mc 9, 50).

Mais le sel est également symbole de désolation (So 2,9) et d’infertilité. Sur une terre salée, « rien ne pousse, pas une herbe » peut-on lire dans le Deutéronome (Dt 29, 22). Après que le roi Abimélek, fils de Gédéon, ait assailli la ville de Sichem, il tue tous ses habitants, la détruit et y sème du sel pour que rien ne repousse (Jg 9, 45). Le sel, c’est aussi la malédiction, la manifestation de la colère de Dieu (Si 39, 23), comme lors de l’anéantissement de Sodome et Gomorrhe.


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Affecté par les rumeurs de luxure et de débauche courant sur les habitants de ces villes, Dieu décide d’y envoyer deux anges émissaires afin de vérifier si ces rumeurs sont fondées, auquel cas il les détruira toutes les deux.

Tous trois passent auparavant au campement d’Abraham que Dieu informe de son intention. Inquiet pour son neveu Loth qui vit à Sodome avec sa femme et ses filles, Abraham intercède auprès du Seigneur afin qu’il épargne la ville s’il parvient à y trouver ne serait-ce que dix justes. « Pour dix, je ne détruirai pas » déclare le Seigneur. Mais au terme d’une soirée mouvementée, les anges émissaires ne trouvent même pas dix justes dans la ville. Au petit matin, ils pressent alors Loth et sa famille de quitter Sodome de toute urgence avant que la ville ne soit balayée par la colère divine, une pluie dévastatrice de soufre et de feu. Ils leur recommandent instamment de ne surtout pas s’arrêter ni regarder en arrière.

Loth et ses deux filles suivent les instructions des anges mais sa femme ne peut s’empêcher de se retourner (Gn 19, 26) :

« Or, la femme de Loth avait regardé en arrière, et elle était devenue une colonne de sel »

« La nostalgie du péché »

Regrets d’une vie passée et crainte de l’avenir, curiosité au point de braver l’interdit ou manque de confiance en Dieu …? En un verset, le sort de la femme de Loth (qui n’est pas nommée dans la Bible) est scellé. Cette pétrification en statue de sel symbolise l’immobilisme qui nous guette si nous n’acceptons pas de faire confiance à Dieu et de suivre le chemin qu’Il nous trace, en regardant vers l’avenir, pour avancer quelles que soient les épreuves. « Rappelez-vous la femme de Loth » avertit Jésus en s’adressant à ses disciples (Lc 17, 32).

Dans une belle méditation matinale en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le pape François expliquait qu’il est très difficile de se détacher d’une situation de péché. S’appuyant sur les enseignements de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, il analysait que « parfois, devant certaines tentations, l’unique solution est de fuir, de ne pas avoir honte de fuir, de reconnaître que nous sommes faibles, et que nous devons fuir » comme Loth et sa famille. Fuir sans se retourner  permet de surmonter la « nostalgie du péché ». Confrontés à la peur d’aller de l’avant sur le chemin du Seigneur, « on en arrive à préférer demeurer immobiles, même si l’on est écrasé par l’esclavage […]. Jésus l’a dit tant de fois : “N’ayez pas peur”. La peur ne nous aide pas », a poursuivi le Pape.


POPE AUDIENCE
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Cet évènement tragique et impressionnant a marqué l’imaginaire et a inspiré de nombreux artistes (peinture, cinéma, poésie …). La région aussi a gardé le souvenir de Loth et de sa famille : en arabe, la mer Morte s’appelle Bahr-Lût, mer de Loth, et un rocher, situé sur sa rive orientale, est connu sous le nom de Bint-Scheich-Lut, fille du chef Loth.

À l’extrémité méridionale de la Mer morte, sur les hauteurs d’une longue colline de roche saline, se dresse une haute colonne de sel qui présente vaguement la forme d’une femme debout. On l’appelle la femme de Loth, probablement « en mémoire d’une âme qui ne voulut pas croire » (Sg 10, 7).

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