« Pouvez-vous éduquer vos enfants ? ». C’est la supplication lancée par la mère de Quaden, 9 ans, harcelé en raison de son handicap, dans une vidéo devenue virale. Comment, concrètement, répondre à l’appel de cette mère désespérée et éduquer nos enfants pour qu’ils ne deviennent pas des bourreaux sans cœur ?« Voici les effets du harcèlement, alors s’il vous plaît, pouvez-vous éduquer vos enfants, votre famille, vos amis ? ». C’est le cri déchirant d’une mère australienne dont le fils, Quaden, 9 ans, est quotidiennement harcelé à l’école à cause de son nanisme. Dans une vidéo bouleversante, visionnée 22 millions de fois depuis mardi, on voit le jeune garçon implorer sa mère pour que cette dernière lui donne un couteau pour “se transpercer le cœur”.
C’est une des vidéos les plus bouleversantes publiées sur Loopsider.
Ce garçon de 9 ans, harcelé à l’école parce qu’atteint de nanisme, demande un couteau pour se suicider.
Sa mère veut alerter les parents et les enfants qui harcèlent.#WeStandWithQuaden pic.twitter.com/BVL8a0JKS5— Loopsider (@Loopsidernews) February 20, 2020
La vidéo a fait le tour du monde et le jeune Quaden a reçu bon nombre de messages de soutien via le hashtag #WeStandWithQuadel («Nous sommes avec Quadel») et de la part de célébrités comme Hugh Jackman et Brad Williams, acteur américain lui-même atteint de nanisme. La Ligue nationale de rugby (NRL) australienne l’a même invité à participer au match All Stars samedi soir. Au-delà de la compassion internationale, que pouvons-nous faire en tant que parents ? Peut-être simplement répondre à l’appel de cette mère désespérée par les tentatives de suicide de son fils, en tentant d’éduquer nos enfants afin qu’ils n’agissent pas comme des bourreaux à l’école et qu’ils sachent prendre la défense du plus faible. Comme le laisse entendre la mère de Quaden, l’éducation au handicap et à la différence commence effectivement à la maison. Et c’est aux parents d’élèves du primaire d’être les plus vigilants puisque, selon les derniers chiffres, la proportion la plus importante de victimes de harcèlement est entre le CP et le CM2 (ils sont 12 % en primaire à être harcelés, 10 % au collège et 4 % au lycée). Comment ?
1Montrer l’exemple
Nous arrive-t-il d’avoir des paroles déplacées ou moqueuses vis-à-vis des personnes porteuses de handicap ? Sommes-nous dans l’écoute, l’empathie envers elles, ou bien les fuyons-nous à toutes jambes ? Notre propre comportement inculque déjà en lui-même les valeurs que nous souhaitons transmettre à nos enfants. Si nous voulons leur apprendre le respect total qui est dû à tout être humain, quels que soient son aspect ou sa condition, alors commençons par changer notre propre regard et nos comportements vis-à-vis des plus fragiles.
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2Faire poser un regard d'amour
Les enfants ne sont pas tendres entre eux et repèrent très vite les enfants « différents ». Dans le joli livre pour enfant Louis et Aimée, une rencontre extraordinaire (Mame), Florence Givelet-de Lespinay, elle-même maman d’un enfant handicapé, fait dire à un petit garçon : « Tu ne vois pas qu’il est bizarre : il ne parle pas, ses jambes sont toutes tordues, il n’arrive même pas à se déguiser tout seul ! ». Et le livre recèle cette phrase magnifique : « À l’extérieur, on est tous différents mais à l’intérieur, on a tous un même cœur qui veut être aimé ». Si spontanément un enfant se moque ou a peur de la différence, à nous parents de lui faire prendre conscience que sous le handicap, il y a un cœur, un enfant, un besoin immense d’être aimé.
3Inculquer le courage
Si nos enfants ne sont pas les bourreaux, ils peuvent cependant être les témoins d’une scène de harcèlement. Apprenons-leur le courage, la force d’intervenir quand le plus faible est en danger, donnons-leur les bons réflexes, notamment celui d’avertir un adulte, plutôt que de laisser faire. Distinguons avec eux ce qui est normal de ce qui ne l’est pas : « Non ce n’est pas normal d’obliger cet élève à donner son goûter tous les jours à un grand ! ». Invitons-les à se mettre à la place de celui qui subit. « Aimerais-tu que l’on te fasse cela ? ». Enfin, lire ou raconter des histoires d’hommes ou de femmes particulièrement courageux, comme saint Maximilien Kolbe ou plus proche de nous Arnaud Beltrame par exemple, peut être un bon moyen d’éveiller en eux cette vertu.
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En famille, nous pouvons prier pour que l’Esprit Saint fasse descendre sur chacun de nous le don de la force : « Nous pouvons parfois être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le don de force il puisse soulager notre cœur et communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et un enthousiasme nouveaux », recommandait le pape François dans une catéchèse en mai 2014.
4Mettre en place des actions concrètes
« – J’ai peur de Louis, il est vraiment spécial, dit Raphaël. – C’est parce que tu ne le connais pas encore, répond Aimée. », lit-on encore dans Louis et Aimée. Le rejet de la différence vient de sa méconnaissance. Pour détruire les barrières qui se dressent entre les enfants les plus vulnérables et les autres, invitons nos enfants à faire la démarche d’aller à la rencontre du plus faible. Parce qu’une fois qu’ils auront fait connaissance, voire qu’ils seront devenus amis, la barrière du handicap disparaîtra. Certaines écoles ont des classes Ulis, faisons se rencontrer les élèves. Invitons de temps en temps celui ou celle qui est rejeté dans sa classe, le regard de notre enfant changera. Habituons nos enfants à côtoyer des personnes fragiles, handicapées, isolées. La clé de la lutte contre le harcèlement scolaire ne réside-t-elle pas dans les relations étroites que nous arriverons à faire éclore entre les « forts » et les « faibles » ?