Christine Gallay publie le témoignage de sa vie aux éditions Première Partie. Et l’on comprend vite sa démarche après avoir dévoré son récit. Quand on ferme ce livre, on a envie de prier et de se remettre totalement à Dieu. Et donc, de ne plus participer à “la mort de Dieu”.Tombée dans l’errance, la drogue et la petite délinquance très tôt, Christine Gallay dû faire face à de nombreuses difficultés et traverser de douloureuses épreuves. Mais aujourd’hui, Christine Gallay rayonne. Le Christ l’a sauvée, reconstruite et guidée dans les moindres détails de sa vie. Elle n’était plus qu’une coquille vide quand Il l’a approchée, n’ayant bientôt que la peau sur les os pour survivre. Elle vit maintenant en Suisse, mariée à un pasteur. Son témoignage n’est pas seulement bouleversant, il est aussi une preuve vivante de l’action de Dieu dans nos vies.
Vous avez vécu une enfance difficile, avec beaucoup d’indifférence et de violence psychologique, sans raison apparente. C’est le début d’un long mal être qui va durer plusieurs années. Comment tout a commencé ?
Christine Gallay : Je viens des Ardennes. Une histoire de famille, devenue tabou, a provoqué une cassure. Ma mère ne me nourrissait pas, c’était ma tante qui le faisait. La situation étant tendue, mon père a choisi de changer de métier et de partir très loin, en Vendée, pour tout recommencer et s’occuper de son couple. Je n’ai jamais connu mes grand-parents et plus jamais revu ma tante. Je lui ressemblais et cette même indifférence vis-à-vis d’elle a été reportée sur moi. D’où le rejet profond que l’on m’a fait subir dans ma propre famille. Un de mes frères ne m’a jamais parlé depuis mon enfance. C’est comme une pelote de laine tout emmêlée, parfois nos vies sont nouées par des interdits et des lois du silence. Pour pouvoir vivre il faut la dénouer, ce que j’ai fait des années plus tard pour comprendre mon histoire. Notamment pour libérer mes frères et sœurs, qui ne savaient pas réellement ce qu’ils faisaient. Même à l’école la rupture a été consommée, à cause d’une maîtresse très dure de mes 6 à 10 ans. Plus tard, j’ai décroché de l’école.
À partir de là commence une vie de souffrance, de solitude, et vers 16 ans vous commencez les fugues. C’est le début d’une vie de marginale, avec la drogue et les mauvaises fréquentations…
J’étais en souffrance, oui, et j’ai commencé mes fugues jusqu’à ne plus revenir. Je snifais de l’éther à cet âge-là. Je me débrouillais seule, comme je pouvais… J’avais un poignard avec moi, toujours prête à me battre si l’on venait m’embêter.
Jusqu’au jour où vous arrivez dans un squat, moment de bascule dans les ténèbres où tout tourne autour des amphétamines. Vous en arrivez même à faire un pacte avec le diable. N’aviez-vous donc pas peur ?
En étant dans le milieu de la drogue, de la rue, de la violence qui en découle, on fini par ne plus être soi-même, on n’est plus en contact avec soi-même, on a repoussé toutes les barrières de sécurité. On est donc ouvert à un monde spirituel. Avec les quatre amis qui partageaient le squat avec moi, nous nous sommes mis à lui parler quand nous étions sous substances, à lui confier nos vies, à ne dessiner que lui sur les murs, sous substances encore. Nous n’étions que là-dedans. Là-dessus s’est greffée la violence dans le squat. Car il n’y avait plus ni éthique ni cadre, seulement l’enfer. Et c’est très sombre… C’est pour cela que le contraste est si fort avec la rencontre avec Dieu.
“Et c’est cela qui fait la force dans ma vie : savoir qu’on peut vivre les choses les plus difficiles, mais que Dieu il ne faut jamais Le lâcher. Car il est tout.”
Juste en face du squat se trouve une église protestante. Vous ne le savez pas. Et quand vous vous effondrez sur la place un dimanche, comme une épave, des chrétiens viennent pour vous aider… Et, curieusement, vous vous laissez approcher.
À ce moment-là, j’étais au bout, je savais que j’allais mourir. J’étais une serpillière sur laquelle on pouvait marcher. J’étais détruite, je n’étais plus rien et n’avais plus d’espérance, plus personne. Quand on n’a plus rien, l’élastique se casse. C’est à cet instant où Dieu peut intervenir. Tout à coup, Dieu existait. Il m’avait déjà préparée je pense depuis mon enfance à Le rencontrer. Il me voyait. Et c’est cela qui fait la force dans ma vie : savoir qu’on peut vivre les choses les plus difficiles, mais que Dieu il ne faut jamais Le lâcher. Car il est tout. Si on lâche l’essentiel, alors on n’est rien. Quand on est un verre vide, on ne peut pas s’appuyer sur nos forces. Ça devient une bénédiction, même si c’est violent — j’ai beaucoup pleuré dans ma vie — car je suis obligée de devenir dépendante de Dieu, de le laisser remplir mon verre. Alors que si je suis pleine de moi, dans l’auto-suffisance, je ne peux pas vivre cette expérience d’être visitée par Dieu. Le fond du trou, c’est le lieu de la rencontre, le lieu du miraculeux, le lieu où tout est possible. Mais il y en a qui meurent. Même si je pense que même la mort ne nous sépare pas de Dieu. Quand Il nous aime et nous veut pour Lui, même si Satan lui-même veut détruire notre vie et nous la prendre, Dieu nous sauve.
Comment s’est effectuée votre libération d’avec ce pacte passé ?
J’ai eu des manifestations, des présences maléfiques dans ma chambre, chez la chrétienne qui me logeait. Elle aussi avait peur. Maintenant, nous avons tout matérialisé, mais le spirituel existe. Dans ces cas-là, je disais et priais le nom de Jésus. Là, elles ne tiennent pas. Cela a duré six mois avant de disparaître complètement. Quand j’ai débuté dans ma foi chrétienne, des croyants m’accompagnaient. Ils priaient pour ma délivrance. Celles-ci n’étaient pas spectaculaires, mais cela m’a aidée à remettre Jésus à sa place. Parfois, on a peur des ténèbres. Et on se bat contre elles. Mais il faut juste inviter la lumière et les ténèbres partent, elles n’ont droit à aucune place.
Vous avez également vécu des guérisons, lesquelles ?
Je n’avais pas grand chose et aucun diplôme pour avoir un métier. Donc, je demandais tout à Dieu, pour des chaussures, pour tenir une conversation — car à cause de la drogue (alcool, cannabis et amphétamines) j’avais de gros trous de mémoire — et un jour des chrétiens ont prié pour moi en posant leurs mains sur ma tête. J’ai senti des cellules de mon cerveau se remettre à vivre. Et j’ai retrouvé la mémoire. C’est incroyable. Même les manifestations de schizophrénie sont parties, qui étaient peut-être d’ordre spirituel. On minimise souvent l’effet du joint, mais beaucoup de personnes ont par la suite des maladies psychiatriques.
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Pour revenir à votre confiance en Dieu, assez totale et très touchante, comment avez-vous fait pour y plonger entièrement ? Même si l’on sait après comment votre vie s’est presque transformée en conte de fées après avoir vécu l’enfer. Vous finissez même par rencontrer le pasteur que vous rêviez d’épouser.
Je participais beaucoup aux offices, je priais. Après ma rencontre avec Dieu, un chrétien m’a dit plus tard qu’il n’aurait pas misé cinq centimes sur moi. Mais ce qui est génial avec Dieu, c’est qu’Il prend en mains nos vies, je n’étais rien mais Il avait des projets pour moi. J’obéissais à l’étape que je devais faire dans l’instant, même petite et ainsi de suite. J’ai été transportée au Danemark pour faire une école biblique. Il y avait des gens incroyables, avec un cœur et une grande bonté, qui aident à se relever. Je suis ensuite partie un an en Israël, en tant que jeune fille au pair, puis en Angleterre, où je continuais de prendre des cours en école biblique. Et c’est là que je rencontre mon futur mari, Marc, même si j’étais encore très sauvage et très garçon manqué. Il a appris à aimer ma simplicité de relation avec Dieu.
Comment fait-on pour reconnaître les paroles de Dieu ?
Ce sont des pensées qui viennent dans la prière, et je n’en doute pas. Des pensées que nous n’aurions pas pu avoir nous-mêmes. Il faut apprendre à les écouter comme des paroles de Dieu qui viennent de l’Esprit saint. Nous savons quand quelque chose ne vient pas de nous, c’est donc que c’est de Dieu. Un jour, j’ai ainsi su que c’était l’anniversaire de Marc. Quand j’ai demandé à Dieu si c’était un piège, j’ai eu la pensée de la phrase d’Isaïe : « Tu n’auras pas à rougir et tu n’auras pas à avoir honte. » Je me suis dit alors que Dieu ne trompe pas. J’ai préparé un gâteau d’anniversaire. Et il se trouve que c’était bien ce jour-là. Ça a permis le début de notre attachement, car étant pendant les grandes vacances, son anniversaire n’était jamais fêté. Sans mon mari, je ne serais pas là aujourd’hui, il me complète magnifiquement bien.
À travers votre témoignage on découvre la pédagogie de Dieu, on la palpe concrètement. Au regard de votre relation avec Dieu, qu’auriez-vous à dire à tous ceux qui n’entendent pas Ses réponses et n’ont pas une relation aussi “fluide” avec Lui ?
Il faut demander à Dieu qu’Il nous donne le Saint-Esprit. Dans la Bible, il y a deux manières dont le Saint-Esprit agit, celle où il vient habiter en nous au moment où l’on devient chrétien, et celle des onctions (bénédiction, songes, révélations etc.). Ce côté est à développer pour comprendre comment et quand Dieu agit. Souvent, on est tellement actif ou rempli par plein de choses du monde qu’on n’a même plus le temps pour Dieu, d’être visité par Lui, et on ne sait pas l’entendre. Mais parfois le Saint-Esprit descend pour une chose particulière. C’est important de demander à Dieu qu’Il se révèle par Sa présence. Les gens ont besoin d’apprendre à sentir la présence de Dieu. Il faut reconnaître être dans le manque et demander. J’ai souvent touché mes limites, beaucoup pleuré, car je n’avais rien en moi, et c’est ce qui m’a permis de développer cette relation dans le temps avec Lui. Le Salut est gratuit, mais la relation demande de Le chercher, d’avoir soif pour savoir attendre. « Cherchez et vous trouverez », peut-on lire dans la Bible. Il y a des prix à payer pour choisir de continuer d’attendre, de prier, de se nettoyer à l’intérieur pour pouvoir recevoir, comme choisir entre la télé et Lui tout simplement. Quand je L’entends, je fonce et m’exécute tout de suite. C’est ce qui me sauve ! Autrement je ne serais pas là. Il s’agit juste d’obéir, c’est très simple.
Il m’a donné un nom, de Christine Gallay, avec Anne Laurent, préface de Jean-Marc Potdevin, éditions Première Partie, 13 euros.