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La lettre de Charles de Foucauld à toutes celles qui ont perdu un bébé

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Mathilde de Robien - publié le 17/02/20
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Dans une lettre datée du 12 février 1900 et rédigée depuis Nazareth où il vit comme ermite, le Bienheureux Charles de Foucauld console sa petite sœur, Marie de Blic, dite Mimi, qui vient de perdre son septième enfant, Régis, après quelques heures de vie. « Etre la mère d’un habitant du Ciel, quel honneur et quel bonheur ! », assure Charles de Foucauld à sa sœur. Des mots qui peuvent réconforter toutes les mères qui ont traversé cette douloureuse épreuve.

Ma chère Mimi,

Je viens de recevoir la dépêche envoyée hier. Tu as dû avoir de la peine de la mort de cet enfant, et j’en ai aussi à la pensée de la tienne, mais je t’avoue que j’ai aussi une admiration profonde et que j’entre dans un ravissement plein de reconnaissance, quand je pense que toi, ma petite sœur, toi, pauvre voyageuse et pèlerine sur la terre, tu es déjà mère d’un saint. Que ton enfant, celui à qui tu as donné la vie, est dans ce beau ciel auquel nous aspirons, après lequel nous soupirons…

Le voici devenu, en un instant l’aîné de ses frères et sœur, l’aîné de ses parents, l’aîné de tous les hommes mortels : oh ! Comme il est plus savant que les savants ! tout ce que nous connaissons en énigme, il le voit clairement. Tout ce que nous désirons, il en jouit. Le but que nous poursuivons si péniblement, que nous nous estimerons trop heureux d’atteindre au prix d’une longue vie de combats et de souffrances, il y est arrivé dès le premier pas. Tous tes autres enfants marchent péniblement vers cette patrie céleste, en espérant l’atteindre, mais n’en n’ayant pas la certitude, et pouvant en être à jamais exclus ; ils n’y arriveront, sans doute, qu’au prix de bien des luttes et des douleurs en cette vie, et peut-être après encore un long purgatoire : lui, ce cher petit ange, protecteur de ta famille, il a, d’un coup d’aile, volé vers la patrie et il jouit pour l’éternité de la vue de Dieu, de Jésus, de la Sainte Vierge, de Saint Joseph et du bonheur infini des élus.

Comme il doit t’aimer. Tes autres enfants pourront compter ainsi que toi, sur un protecteur bien tendre. Avoir un saint dans sa famille, quelle force ! Etre la mère d’un habitant du Ciel, quel honneur et quel bonheur ! Je le répète, j’entre dans une admiration ravie en pensant à cela : on estimait la mère de Saint François bienheureuse, parce que, de son vivant, elle assista à la canonisation de son fils ; mille fois plus heureuse es-tu ! Tu sais, avec la même certitude qu’elle, que ton fils est un saint dans les cieux. Comme il t’est reconnaissant ! A tes autres enfants, tu as donné avec la vie l’espoir du bonheur céleste et, en même temps une condition soumise à bien des souffrances ; à celui-ci tu as donné, dès le premier instant, la réalité du bonheur des cieux, sans incertitude, sans attente, sans nul mélange d’aucune peine.

Ma chérie, ne sois donc pas triste, mais répète plutôt avec la très sainte Vierge : « Le Seigneur a fait en moi de grandes choses. Les générations me proclameront bienheureuse. » Oui, bienheureuse, parce que tu es la mère d’un saint, parce que celui que ton sein a porté est déjà, à cette heure, éclatant de la gloire éternelle.

Fr. Charles de Jésus



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