À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, ce 4 février 2020, Aleteia vous propose de découvrir le témoignage d’Ouzna. Quelques semaines avant sa retraite, elle a découvert qu’elle était atteinte d’un cancer. À ce moment-là, tout son monde s’est écroulé.“Face à l’épreuve, la sidération est toujours là”. Ouzna s’exprime avec franchise et sans tabous. À 67 ans, cette mère de famille de quatre enfants âgés de 34 à 38 ans est atteinte d’un cancer. Pour cette femme d’origine berbère qui s’est convertie au christianisme à l’âge adulte — elle a choisi Catherine comme prénom de baptême — le choc a été terrible. Médecin urgentiste depuis 40 ans, c’est à deux mois de la retraite qu’elle a découvert sa maladie. Ce coup de massue vient alors ébranler violemment tous ses projets. “Cela m’est tombé dessus, c’est vraiment une histoire à laquelle je ne m’attendais pas”, confie-t-elle, parlant d’un véritable “couperet”. De plus, au fil des examens, les médecins découvrent non pas un, mais plusieurs lymphomes, dont un très agressif. S’enchaînent les séances de chimiothérapie mais toutes ses cellules ne répondent pas positivement aux traitements. Les médecins lui proposent alors un traitement expérimental ; celui-ci provoque de graves effets secondaires. Ouzna tombe dans le coma et son pronostic vital est engagé. Les médecins s’activent, les prières se multiplient, Ouzna survit. “Autant vous dire que je suis une miraculée”, affirme-t-elle avec conviction.
Un immense sentiment d’injustice
Elle est très soutenue dans l’épreuve, tant par sa famille que par ses amis ou les chrétiens de sa paroisse de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), reçoit une multitude de SMS et de courriers de proches qui lui manifestent leur amour et leur tendresse. Si ce soutien est “fondamental”, impossible pour elle d’accepter une telle réalité. Médecin, elle devient malade et passe de l’autre côté de la barrière. Pour cette femme de cœur engagée dans diverses associations au service des autres, cette professionnelle qui programmait de s’engager dans l’aide humanitaire une fois à la retraite, cette épouse devenue brutalement veuve lorsque ses enfants étaient encore adolescents, l’annonce de la maladie l’assaille, tel un coup de poignard, accompagnée d’un immense sentiment d’injustice. “Face à l’épreuve, la sidération est toujours là. De même que le questionnement. Je me demandais : “Qu’est-ce que j’ai fait, moi qui ai eu 40 ans de bons et loyaux services ? Que me veut le Seigneur ?”. Je pensais avoir bien fait les choses avec Dieu, j’avais mis ma vie familiale de côté, je m’étais donnée à mes patients”.
“Cela ne m’a pas aidée à avoir une réponse mais cela m’a donné de l’espoir.”
Peu de temps après l’annonce de sa maladie, sa fille Sarah, 35 ans, lui parle de Lourdes cancer espérance, une association qui organise chaque année un grand pèlerinage à Lourdes pour les personnes souffrantes. Mais pour elle, c’est niet, elle en veut trop à Dieu. “Cela m’a mise dans une colère terrible ! Je lui ai dit : “Je n’ai pas pour objectif de m’associer avec tous les cancéreux de France et de Navarre pour souffrir ensemble””. Grâce à une rencontre providentielle avec un paroissien engagé dans le pèlerinage, elle accepte finalement de rejoindre le groupe et la voilà partie à Lourdes accompagnée de Sarah, où elles rejoignent 6.000 autres pèlerins.
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Et là, dans ce petit sanctuaire niché au pied des Pyrénées, sa rage retombe. Alors qu’elle ressentait un immense désespoir et une incompréhension totale, petit à petit, l’espérance la gagne. “C’était divin. Il n’y avait pas de détresse mais de la joie et des chants magnifiques. Chacun venait raconter son histoire et faisait part de son espérance. Lourdes cancer espérance, c’est comme une famille dans laquelle tout le monde se soutient et s’apporte de la joie. Moralement c’est bon pour les patients de se dire qu’il y a des gens qui sont encore vivants. Cela m’a mis un peu de baume au cœur. J’ai aussi pu recevoir le sacrement des malades”.
Pour elle, pas de doute, la guérison vient d’en-Haut : “Les médecins soignent mais quand vous donnez un traitement, vous ne savez pas toujours comment le corps va réagit. Il y a la technique et les spécialistes, mais c’est toujours Dieu qui guérit”. Elle s’interroge : Dieu l’appelle-t-il à d’autres missions ? Et choisit d’utiliser l’image de la route : “Petit à petit, les portes se ferment et le chemin se trace”. Sa fille Sarah a aussi trouvé une certaine consolation au cours du pèlerinage : “Je ne m’attendais pas à ce que ces gens-là dégagent autant d’énergie, de joie et d’espérance. Je m’attendais à voir des personnes vulnérables, en souffrance, et en fait ce n’était pas du tout cela. Très peu de jeunes étaient présents et pourtant, il se dégageait beaucoup d’énergie et de dynamisme. Cela ne m’a pas aidée à avoir une réponse mais cela m’a donné de l’espoir”. Aujourd’hui, Ouzna est encore sous traitements et elle continue à se battre pour la vie.
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