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Ces expressions qui ont une origine biblique : “Grand chasseur devant l’Éternel”

Esau

Isaac dit à Esaü : « Prends donc tes armes, ton carquois et ton arc, va dans les champs chasser du gibier pour moi » (Genèse 27, 3). Cathédrale de Monreale, Sicile.

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Axelle Partaix - publié le 24/01/20 - mis à jour le 01/08/23
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Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique. Aujourd’hui : Grand chasseur devant l’Éternel.

Pêcheur, voyageur, séducteur … Quel que soit le nom qu’elle caractérise, la formule « grand … devant l’Éternel » est employée pour lui donner de l’emphase, parfois teintée d’ironie. À l’origine, c’est d’un grand chasseur dont il s’agit, ou plutôt de deux chasseurs, car cette expression est directement inspirée de deux personnages de l’Ancien Testament, Esaü et Nemrod.

Esaü est le fils de Rebecca  et d’Isaac (et donc petit-fils d’Abraham), et le frère jumeau de Jacob à qui il va céder son droit d’aînesse en échange de pain et de potage de lentilles. Tandis que Jacob est plutôt casanier et préfère rester au campement, Esaü est un homme solide qui s’épanouit à l’extérieur, pour les travaux des champs comme pour son plaisir :

« Les garçons grandirent. Ésaü devint un chasseur habile, un homme des champs ; Jacob était un homme délicat demeurant sous les tentes ». (Gn 25, 27)

Nemrod, quant à lui, est un arrière-petit-fils de Noé, qualifié de « premier héros sur la terre ». Il est le premier roi après le Déluge, fondateur de Babel et à l’origine du projet de construction de la tour du même nom :

« C’était un vaillant chasseur devant le Seigneur. C’est pourquoi on dit : « Être, tel Nemrod, vaillant chasseur devant le Seigneur. » (Gn 10, 9)

Dans la Bible, l’homme n’a pas toujours chassé. Dès le premier chapitre du Livre de la Genèse, il est fait mention de la nourriture. Il s’agit de la nourriture de l’homme : « Dieu dit encore : “Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture”". (Gn 1, 29),  mais aussi de celle de l’animal : « À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture toute herbe verte. Et ce fut ainsi ». (Gn 1, 30).

L’homme, « la crainte et la terreur de tous les animaux de la terre »

Au Jardin d’Eden, le végétarisme est donc la règle. Mais après le Déluge, la règle change, Dieu autorise l’homme à manger de la viande : « Tout ce qui va et vient, tout ce qui vit sera votre nourriture ; comme je vous avais donné l’herbe verte, je vous donne tout cela ». (Gn 9, 3). Il y met toutefois certaines conditions : « Mais, avec la chair, vous ne mangerez pas le principe de vie, c’est-à-dire le sang ». (Gn 9, 4).

En passant au statut de chasseur, l’homme devient « la crainte et la terreur de tous les animaux de la terre, de tous les oiseaux du ciel, de tout ce qui va et vient sur le sol, et de tous les poissons de la mer » (Gn 9, 2).

Si Esaü chasse pour nourrir les siens, la situation est moins claire pour Nemrod. Le verset se rapportant à lui a donné lieu à plusieurs interprétations, notamment à causes des traductions successives. Dans certaines traductions de la vetus latina (ancienne version latine des textes bibliques avant la Vulgate),  il est ainsi présenté non pas comme un vaillant chasseur mais comme un géant en rébellion contre Dieu.

L’exégète jésuite Paul Beauchamp explique que « Nemrod est le chef d’une nation prédatrice dont les rois s’illustraient dans la chasse aux fauves mais aussi par la servitude où ils réduisaient les peuples conquis, tenus en respect par leur cruauté ». Nemrod serait ainsi passé de la chasse aux animaux à la chasse à l’homme…

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