Le procès de Bernard Preynat, jugé pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, devait commencer ce lundi 13 janvier. Il a finalement été suspendu jusqu’à mardi en raison de la grève des avocats.Alors que le Palais de justice de Lyon est en effervescence avec les avocats en grève qui pendent leurs robes aux rambardes des escaliers, Bernard Preynat, 74 ans, vieux monsieur massif et barbu, entre dans la salle d’audience où l’attendent caméras et photographes. Après quatre ans d’enquête et 30 ans après les derniers faits connus (1991), l’ancien aumônier scout de Sainte-Foy-lès-Lyon, est jugé pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans. L’homme est attendu par dix de ses victimes qui ont libéré leurs paroles ces dernières années, et pour lesquelles les faits ne sont pas encore prescrits, des faits que Bernard Preynat a d’ailleurs reconnu.
“Que ce procès ait lieu le plus vite possible”
Un procès très attendu donc, mais reporté symboliquement au mardi 14 janvier, car l’actualité s’est invitée dès l’ouverture de l’audience. Le bâtonnier de Lyon, accompagné de nombreux avocats, a sollicité le renvoi de cette affaire pour s’opposer au projet de réforme des retraites. La juge du tribunal correctionnel de Lyon a alors sollicité l’avis de toutes les parties présentes. Difficile de répondre pour certaines victimes qui attendent d’être entendues depuis tellement longtemps. Lorsqu’il est demandé à Bernard Preynat son avis, celui-ci s’exprime pour la première fois : « J’ai été confronté à quelques victimes. J’ai entendu la souffrance de ces personnes pour lesquelles je suis coupable. Je souhaite que ce procès ait lieu le plus vite possible ». Après 30 minutes de délibération, l’audience est finalement reportée de 24 heures.
Pour rappel, c’est en mai 2015 que le cardinal Barbarin signait un décret mettant fin aux missions paroissiales du père Preynat, quelques mois après le signalement d’Alexandre Hezez. Au mois d’août, il était suspendu de tout ministère pastoral, les victimes déposaient une plainte en septembre 2015 qui aboutissait à sa mise en examen et sa garde à vue en janvier 2016. Parallèlement, un procès canonique était ouvert devant le tribunal ecclésiastique du diocèse de Lyon. L’ex-prêtre Bernard Preynat a été renvoyé de l’état clérical en juillet 2019. L’homme de santé fragile, depuis une attaque en 2016, suite à l’annonce de la levée de prescription de son procès canonique, est néanmoins présent à son procès. Il encourt jusqu’à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende.