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Le bel hommage d’une filleule à son parrain porteur de trisomie

Jean-Eudes Lorne

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Mathilde de Robien - publié le 09/01/20
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Jean-Eudes Lorne s’est éteint vendredi 2 janvier 2020 dans la Sarthe à l’âge de 64 ans. Atteint de trisomie 21, il a trouvé sa place au milieu d’une fratrie de dix enfants et a rempli son rôle de parrain auprès de sa nièce Violaine au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer. Elle lui a rendu un magnifique hommage le jour de son enterrement à Notre-Dame-de-Sainte-Croix, au Mans, mardi 7 janvier.Violaine des Courières, 31 ans, mariée et mère de deux enfants, journaliste, a vécu cette expérience particulière d’avoir pour parrain un oncle, le frère de sa mère, atteint de trisomie 21. « Oncle Jean-Eudes », comme elle l’appelle affectueusement, lui a transmis depuis toute petite cette capacité à accepter de vivre sur un autre rythme. Une grâce dont témoigne également la sœur de Jean-Eudes, Guillemette, qui l’a pris sous son toit durant 15 ans, après le décès de leurs parents. « Je stimulais Jean-Eudes, mais lui m’a donné une raison de vivre, il m’a aidée à me transformer intérieurement, à me simplifier, à être plus humaine », confie-t-elle. Une belle unité familiale qui se forge autour de ce frère et de cet oncle (il a plus de 30 neveux et nièces !) plus lent et plus fragile que les autres, mais dont la gentillesse et le dévouement en font un élément central. C’est lui qui tond la pelouse, rend de menus services, prépare l’apéritif avec autant de soin que s’il s’agissait de la Sainte Communion. “En réalité”, constate Violaine, “le simple fait d’être attentif à oncle Jean-Eudes nous unissait”. Voici l’hommage qu’elle lui a rendu :

« Mon parrain, oncle Jean-Eudes, s’est éteint vendredi dernier. Son enterrement était hier… Il était porteur de la trisomie 21. Ce n’est pas banal d’avoir un tel parrain.

Rentrer en communication avec lui, c’était accepter de rentrer dans un monde moins performant, plus lent. Ainsi, il avait des difficultés à s’exprimer. Il bégayait. Pour l’écouter, il fallait patienter. Souvent, lorsque j’étais petite, il me demandait “un dessin”. Je m’exécutais, vite. Mais il réclamait alors des détails : “un arc en ciel”, puis “des fleurs, des nuages, de la pluie…” Je trépignais. Je voulais partir jouer. Mais il fallait patienter.

“Ils sont beaux. Je ne le suis pas. Ils sont intelligents. Je ne le suis pas. Mais au ciel, ce sera différent.”

À Noël, au moment de donner un cadeau — préparé par sa grande sœur —, il gardait le paquet dans ses bras, il ne voulait pas me le donner. Ma tante devait le convaincre de me l’offrir. C’était, là encore, tout un cérémonial qui demandait de la patience.

Avec lui, j’appris très jeune que la fragilité et la vulnérabilité font partie de la vie. Et qu’ensuite, elles peuvent se transformer en grâces.

Oncle Jean-Eudes, il y a un longtemps, sur un bout de papier, retrouvé des années plus tard, niché dans un crucifix, vous aviez écrit en grandes lettres : “Ils sont beaux. Je ne le suis pas. Ils sont intelligents. Je ne le suis pas. Mais au ciel, ce sera différent”.

Sur terre, vous étiez un des plus petits d’entre nous. Au Ciel, vous êtes aujourd’hui un des plus grands. L’empreinte que vous laissez sur la terre, c’est votre sourire en forme de soleil.

Merci pour tout ce que vous m’avez appris.

Votre filleule,
Violaine »



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