Dans un message signé le 8 décembre 2019, pour la 53e Journée mondiale de la paix, le pape François a rappelé avec force son opposition à la dissuasion nucléaire. Dans la continuité de son voyage apostolique au Japon, il a appelé les dirigeants politiques à devenir des artisans de paix ouverts au dialogue “sans exclusions ni manipulations”.Fondée sur la peur et “source de conflit”, la dissuasion nucléaire ne peut que créer une “sécurité illusoire”, a déclaré le pape François dans un message relayé par le bureau de presse du Saint-Siège le 12 décembre 2019, en vue de la 53e Journée mondiale de la paix qui sera célébrée le 1er janvier 2020. S’adressant en particulier aux chefs d’État et de gouvernement du monde entier, le successeur de Pierre dénonce la “perverse dichotomie” de la conjoncture actuelle : vouloir défendre et garantir la stabilité et la paix sur la base d’une “fausse sécurité”. Celle-ci est soutenue par une “mentalité de crainte et de méfiance” qui finit par “envenimer” les relations entre les peuples et empêcher tout dialogue possible.
Or, la peur est bien souvent “source de conflit”, affirme le Saint-Père. “Toute situation de menace alimente le manque de confiance et le repli sur soi”, estime-t-il. Les diverses craintes renforcent la “fragilité des rapports” et le risque de violence dans “un cercle vicieux qui ne conduira jamais à une relation de paix”. En ce sens, “la dissuasion nucléaire ne peut que créer une sécurité illusoire”.
Par conséquent, personne ne peut prétendre “maintenir la stabilité mondiale par la peur de l’anéantissement”, indique le chef de l’Église catholique. “Plus que jamais instable”, l’actuel équilibre est suspendu au bord du “gouffre nucléaire” et enfermé dans les “murs de l’indifférence”. Cette situation engendre les “drames de l’exclusion de l’homme et de la Création” alors que les dirigeants devraient poursuivre à l’inverse une “réelle fraternité”, basée sur la “commune origine divine” et exercée dans le dialogue et la confiance réciproques.
La paix, “un édifice sans cesse à construire”
Prenant à témoin les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki au Japon en 1945, ainsi que les récits qu’en ont fait les survivants, le Pape invite à maintenir vivante “la flamme de la conscience collective”. La mémoire, explique-t-il, est “l’horizon de l’espérance”. Cette vertu, déclare-t-il par ailleurs, permet de se mettre en chemin et donne des “ailes pour aller de l’avant”, même lorsque les obstacles semblent insurmontables.
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“Le monde n’a pas besoin de paroles creuses, mais de témoins convaincus, d’artisans de paix ouverts au dialogue sans exclusions ni manipulations”, souligne-t-il encore. On ne peut parvenir vraiment à la paix que par un “dialogue convaincu”, une écoute réciproque et par la recherche de la vérité “au-delà des idéologies et des opinions diverses”. La paix, insiste-t-il, est “un édifice sans cesse à construire”, un chemin à parcourir de manière collective à la recherche du bien commun et dans le respect du droit et de la parole donnée. Ce processus est un “travail patient” qui dure dans le temps, note-t-il. “Le chemin de la réconciliation exige patience et confiance. On n’obtient pas la paix si on ne l’espère pas”.
Pour y parvenir, pointe l’évêque de Rome, il s’agit “d’abandonner le désir de dominer les autres et d’apprendre à se regarder réciproquement comme des personnes, comme des enfants de Dieu, comme des frères”. La “culture de la rencontre” doit remplacer selon lui la “culture de la menace”. Seule la voie du respect pourra “rompre la spirale de la vengeance et entreprendre le chemin de l’espérance”.
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