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« On ne peut pas être chrétien sans assumer la dimension politique de son existence »

FRANCE ELECTIONS
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Agnès Pinard Legry - publié le 13/12/19
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À trois mois des élections municipales, le diocèse de Nanterre organise ce 14 décembre une journée de formation pour les jeunes chrétiens qui souhaitent s’engager en politique. « Les jeunes chrétiens doivent avoir cette possibilité de participer au bien commun… d’où l’importance d’être formé », explique à Aleteia l’évêque du diocèse, Mgr Matthieu Rougé.

À trois mois des élections municipales, le diocèse de Nanterre organise ce 14 décembre une journée de formation pour les jeunes chrétiens qui souhaitent s’engager en politique. « Les jeunes chrétiens doivent avoir cette possibilité de participer au bien commun… d’où l’importance d’être formé », explique à Aleteia l’évêque du diocèse, Mgr Matthieu Rougé.

Les chrétiens peuvent-ils, doivent-ils, s’engager en politique ? Alors que les prochaines élections municipales doivent avoir lieu les 15 et 22 mars 2020, le diocèse de Nanterre a décidé d’organiser une journée de formation à destination des jeunes chrétiens afin de les aider à réfléchir à leur engagement politique. « On ne peut pas être chrétien sans assumer la dimension sociale, et donc politique, de son existence », affirme à Aleteia Mgr Matthieu Rougé, évêque du diocèse. « Il faut assumer cette dimension qui fait partie de la vocation humaine ».

Aleteia : Quel est le sens de la journée de formation que vous organisez ce 14 décembre à destination des jeunes chrétiens qui souhaitent s’engager pour les municipales de 2020 ?
Mgr Matthieu Rougé : Les élections municipales sont une occasion privilégiée pour les citoyens, notamment les jeunes, de s’engager dans le champ politique. D’autant plus que les mandats locaux posent souvent moins de cas de conscience que les mandats nationaux. Les jeunes chrétiens doivent pouvoir avoir cette possibilité de participer au bien commun… d’où l’importance d’être formé !

Comment s’engager en politique ?
La première des choses est d’avoir une véritable compétence humaine, profane, c’est-à-dire un point de contact avec la société. Il s’agit là d’avoir un tempérament fédérateur, d’être capable de réunir des personnes aux compétences complémentaires, d’horizons différents, et de réussir à les fédérer autour d’un projet commun. Cet engagement nécessite également une formation à la doctrine sociale de l’Église. La société est une réalité complexe, d’où l’importance d’en comprendre les éléments qui la structurent. Enfin, il faut nourrir sa vie spirituelle. On peut malheureusement vite se laisser prendre par le jeu politique. Ces différents éléments sont les points d’appui d’un juste engagement chrétien en politique.


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Dans son discours au collège des Bernardins, Emmanuel Macron appelait les chrétiens à s’engager, rappelant qu’ils avaient une voix propre, spécifique, qui était nécessaire au débat public…
Ce n’est pas une caractéristique propre aux catholiques mais l’enracinement dans la foi chrétienne peut donner au moins trois points décisifs pour la société : l’absolu de la dignité de la personne humaine et le goût de se mettre au service de cette dignité, de la promouvoir. Le second point, connexe à celui-là, est l’attention à la personne fragile ; c’est ce que la doctrine sociale de l’Église appelle l’option préférentielle pour les pauvres. La dignité d’une société se mesure à la place qu’elle fait aux personnes fragiles. Le troisième point est le rapport à la juste laïcité, c’est-à-dire comprendre que le religieux n’a pas vocation à prendre le pouvoir dans le champ politique mais qu’il ne doit pas non plus être exclu de la société.

Il n’est donc pas obligatoire d’être candidat pour s’engager en politique ?
L’engagement politique peut être associatif ! J’encourage souvent les jeunes qui veulent avoir des responsabilités municipales à créer ou adhérer à une action caritative ou culturelle. Ce n’est pas la capacité à diriger qui fait la politique mais la capacité à mener des projets.

“La politique conduit à prendre en charge, d’une manière ou d’une autre, la société dans son ensemble.”

« La politique est la forme la plus haute de la charité, car elle cherche le bien commun », disait saint Thomas d’Aquin. Qu’en pensez-vous ?
Dans une société, la politique n’est pas l’essentiel. Elle est une instance régulatrice et non pas une instance suprême. Il y a plein de choses plus importantes : l’amour, la culture, l’amitié, la foi. Ce que veut dire saint Thomas, c’est que la politique conduit à prendre en charge, d’une manière ou d’une autre, la société dans son ensemble. Il ne s’agit pas seulement de s’occuper d’un projet d’entreprise dans un périmètre donné, avec un budget donné etc mais d’avoir une réflexion et un engagement sur la vie dans son ensemble. C’est d’ailleurs là que réside la beauté et le caractère enthousiasmant de la politique.

L’engagement en politique est donc ce que vise l’enseignement de l’Église ? En d’autres termes, on ne peut être chrétien sans s’engager en politique ?
On ne peut pas être chrétien sans assumer la dimension sociale, et donc politique, de notre existence. Notre vocation de chrétien est de vivre dans le monde. Même les moines contemplatifs sortent de leur monastère pour aller voter ! Il faut assumer cette dimension qui fait partie de la vocation humaine. Après, le fait de s’engager de manière militante ou d’avoir un mandat est lié au discernement de chacun en fonction de ses talents.


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