La France se situe légèrement au-dessus de la moyenne des 36 pays de l’OCDE en lecture, en mathématiques et en sciences, révèle la dernière étude Pisa publiée ce 3 décembre. « En matière d’éducation la France est sortie du triomphalisme il y a quelques années », explique à Aleteia Marc Vannesson, délégué général du think tank Vers le Haut. « Elle doit désormais sortir du catastrophisme et regarder lucidement ses faiblesses comme ses points forts ».Publiée tous les trois ans, l’étude Pisa mesure, dans 80 pays dont 36 pays membres de l’OCDE, les performances des élèves de 15 ans dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et les sciences. Avec un score global de 493 points, la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne des 36 pays de l’OCDE (487 points) et se situe entre le 20e et le 26e rang sur les 80 pays testés par Pisa. Un résultat stable par rapport aux enquêtes précédentes et comparable à ceux de l’Allemagne et de la Belgique. « C’est un classement intéressant et qui donne des éclairages », indique à Aleteia Marc Vannesson, délégué général de Vers le Haut, un think tank dédié aux jeunes, aux familles et à l’éducation.
Aleteia : L’étude Pisa a-t-elle changé quelque chose en matière d’éducation en France ?
Marc Vannesson : Avant les grandes enquêtes Pisa, la France vivait dans l’illusion d’avoir le meilleur système éducatif. La première étude Pisa est sortie en 2000 et a été une vraie dégringolade pour la France. On est passé à l’exact opposé avec le sentiment d’un système français en perdition. L’étude Pisa de cette année montre une certaine stabilisation et place la France légèrement au-dessus de la moyenne. De la même manière que la France est sortie de son triomphalisme éducatif, elle devrait aussi sortir de son catastrophisme et regarder plus lucidement ses faiblesses et ses points forts.
L’étude Pisa est souvent citée comme référence en matière d’éducation. Mais est-elle la plus pertinente et représentative de la politique éducative d’un pays ?
Marc Vannesson : Une des grandes difficultés de cette enquête est qu’en testant des jeunes de 15 ans on a le résultat de politiques lancées il y a une dizaine d’années auparavant. Là, ce sont des jeunes qui sont entrés en CP quand Luc Chatel ou Xavier Darcos étaient ministre de l’Éducation. C’est un classement intéressant, qui donne des éclairages. Mais il ne porte que sur trois matières. Il ne dit pas tout de ce qu’on peut attendre de l’éducation. Il n’évalue pas, par exemple, la maitrise de l’histoire, la culture générale, l’apprentissage d’une langue étrangère. L’étude Pisa est loin de refléter l’intégralité de ce que chacun est en droit d’attendre de l’éducation. Ce n’est d’ailleurs pas sa prétention. Elle a le mérite de permettre une comparaison entre des pays mais également dans le temps. Un autre biais de cette étude réside dans le fait que seules certaines villes sont testées. La Chine est ainsi présentée comme au top niveau mais dans cela ne reflète pas l’intégralité du système éducatif chinois. Pour résumer, l’étude Pisa est un indice mais elle ne dit pas tout de l’éducation, du système éducatif d’un pays.
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Ce résultat est en décalage par rapport à la mission de l’école en France et aux attentes des Français à son égard mais le résultat ne me surprend pas. Dans le baromètre jeunesse et confiance réalisé par notre think tank en 2019, seuls 48% des jeunes déclaraient voir l’école comme un facteur de réduction des inégalités. Ce résultat est perturbant car on parle beaucoup de la question de la lutte contre les inégalités, on en fait le moteur de nombreuses réformes de l’éducation mais finalement les résultats sont peu probants. Cette réalité tout autant que cette perception tient au faut qu’en France on conçoit encore difficilement l’ascension sociale comme quelque chose qui se réalise tout au long de sa vie. Elle est encore intimement liée au diplôme que l’on obtient à la fin de ses études.
“Il faut de la continuité dans la politique éducative.”
Y a-t-il quand même un enseignement positif pour la France dans cette étude ?
La France a bien entendu, et heureusement, des élèves qui s’en sortent bien. 10% des jeunes sont ainsi classés dans les jeunes très performants ! Le système français marche bien pour les bons élèves. Le problème est qu’une partie des jeunes, ceux qui sont en difficulté, sont laissés sur le bord du chemin. Mais ce n’est pas une fatalité, certains pays ont progressé à ce niveau-là comme le Royaume-Uni, le Portugal ou encore la Pologne.
Parmi les réformes engagées par Jean Michel Blanquer, y en a-t-il qui vont dans le bon sens ?
Oui, je pense que l’effort particulier sur la petite enfance et le primaire va dans le bon sens. Mais là encore il faut de la continuité dans la politique éducative. Si dans deux ou trois ans on revient sur ce qui a été enclenché, on ne pourra pas voir les fruits.
Y a-t-il d’autres pistes d’amélioration ?
L’OCDE constate que l’amélioration des résultats va de pair avec la revalorisation des métiers de l’enseignement. Il n’y a pas d’éducation sans éducateur. On peut faire toutes les réformes que l’on veut, l’impact sera moindre si nous n’arrivons pas à attirer des adultes bien formés. Au sein de notre think tank nous œuvrons pour mettre en place une charte éducative qui permettrait à la société civile d’assurer une continuité afin que l’école ne soit plus la seule à assurer cette responsabilité qu’est l’éducation. Enfin, et c’est un point essentiel, l’implication des parents et des familles compte énormément. Il s’agit de l’un des principaux déterminants de la réussite scolaire. La France ne souscrit pas à ce volet de l’étude que sont les questions aux parents d’élèves mais ce qu’il en ressort pour les autres pays est que la maîtrise de la compréhension écrite est liée à deux pratiques parentales : interroger son enfant régulièrement sur ce qui se passe à l’école et lire des histoires avec lui au primaire… Sensibiliser les parents sur leur rôle éducatif n’est pas coûteux mais ô combien efficace !
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