Ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, notre chroniqueur explique pourquoi les soldats morts en opération au Mali sont des héros. L’hommage que la France leur doit est l’hommage dû à l’esprit de sacrifice dans la discrétion et à une volonté de servir hors du commun.Une fois encore, les Français se sont retrouvés face à une rangée de cercueils militaires dans la cour des Invalides. Beaucoup sont venus s’incliner à leur passage, le long du pont Alexandre III. Treize soldats perdus aux confins du Mali, aveuglés dans la nuit et le sable, se sont tragiquement percutés. Piégés dans la carcasse d’un hélicoptère, ils n’ont pas choisi de mourir pour la France. À vrai dire, un tel accident peut arriver à n’importe quel moment. Et pourtant ces garçons sont des héros, tout simplement. Ce sont des héros parce qu’ils ont risqué leur vie pour notre pays et qu’elle leur a été enlevée.
Dans le plus grand silence
Ils venaient des régiments les plus prestigieux de nos armées : 5e régiment d’hélicoptère de combat, 4e régiment de chasseurs, 93e régiment d’artillerie de montagne et 2e régiment étranger du génie. On n’entre pas dans un groupe commando de montagne et un régiment héliporté des forces spéciales par hasard. Certains avaient passé leurs dix dernières années à multiplier les missions et les entraînements, sacrifiant leurs week-ends, leurs vacances et leurs familles. Pourchasser la vermine djihadiste n’a pas de prix et demande un entraînement hors norme, une volonté hors du commun. Dans le plus grand silence.
Ces hommes étaient des volontaires discrets et on avait presque oublié qu’ils combattaient pour nous. Leur disparition nous ramène brutalement à la réalité. Nous sommes en guerre et des soldats mettent chaque jour leur vie en jeu pour que nous puissions vivre en sécurité. Nous leur devons tant.
Le combat continue
Naturellement, les armées sont partagées entre la nécessité de ne pas faire de ce sacrifice une défaite et le devoir d’honorer les nôtres. La mort est notre métier. On ne peut pas engager une mission sans en endosser des pertes éventuelles. Alors, comment rendre à nos héros l’hommage qu’ils méritent ? Les cérémonies ne peuvent pas, ne doivent pas être pathétiques et morbides. Elles doivent être à la hauteur de l’engagement de ces soldats, droites, solennelles et dignes.
La France doit retenir ses larmes et montrer à notre ennemi, l’islamiste, que jamais notre volonté ne sera affaiblie par cette tragédie. Ne faisons pas le jeu des djihadistes en semant le doute et l’abattement dans nos rangs. Le combat continue et leur défaite est proche. C’est le message d’espoir que, du haut du ciel, nous envoient Nicolas, Benjamin, Clément, Alex, Pierre, Julien, Romain, Alexandre, Romain, Antoine, Valentin, Jérémy et Andreï.
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