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Au Burkina Faso, les attaques contre les églises suscitent un regain de foi

Une messe dominicale dans une église de Ouagadou.

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Max-Savi Carmel - publié le 05/11/19
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Alors que les églises sont régulièrement la cible d’attaques terroristes au Burkina Faso, les fidèles des diocèses de Kaya, dans le nord du pays, n’en reviennent pas. Si la crainte de nouvelles attaques demeure, elle s’accompagne d’un surprenant regain de foi.Dablo, à 183 kilomètres au nord de Ouagadougou, les rues de la ville sont vides et le marché, presque désert. La ville semble vivre au ralenti, dans un demi-sommeil. Dans le cimetière de granite situé non loin, Siméon Yampa, jeune vicaire de 34 ans abattu le 12 mai dernier en pleine messe, a trouvé sa dernière demeure. Dans la cour de l’église du village tout proche des traces et débris de fumées témoignent de l’attaque perpétrée par une vingtaine de terroristes. Une grande partie de la population a dû quitter les lieux pour rejoindre l’un des nombreux camps d’accueil sous contrôle gouvernemental. C’est à Barsalgo, ville voisine située à 45 kilomètres de là que le père Olivier Lompo, curé de Dablo, s’est réfugié avec d’autres prêtres.


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Catherine a également trouvé refuge dans un camp de déplacés. À 35 ans, cette fidèle de l’église attaquée n’a depuis ce jour-là jamais manqué la messe : “Oui, j’ai peur, mais ma foi est plus forte que celle des terroristes”, confie-t-elle à Aleteia les larmes aux yeux. Tout comme elle, les fidèles ne fuient pas les églises, bien au contraire. Sur place, l’Abbé Ouédraogo nous assure que “des gens qui n’allaient plus à la messe dominicale reviennent”. Un retour qui s’apparente en réalité à un défi lancé aux terroristes. 

Des églises qui ne désemplissent pas

À la cathédrale Christ-Roi-de-l’Univers de Ouahigouya, siège du diocèse éponyme, les fidèles aussi affluent. Le sanctuaire à la couleur ocre coiffée d’une toiture métallique portant une modeste croix est comble en ce dernier dimanche d’octobre, “comme d’habitude” se plaisent à rappeler les habitués. Pourtant, tout comme Dori, Kaya et Fada, le diocèse de Ouahigouya est l’un des plus visés par le terrorisme. À l’intérieur, l’office se déroule normalement. Aucune présence de force de l’ordre n’est visible. “Nous n’en avons pas besoin, le Christ est le meilleur protecteur” rassure Philippe, un catéchiste. “La sécurité n’est pas du ressort de l’Église”, ajoute le père Paul Dah. Plus au sud du pays, le cardinal Philippe Ouédraogo préside pour sa part de plus en plus de célébrations dans la cathédrale de l’Immaculée-Conception de Ouagadougou.


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Et pourtant, depuis le début de l’année, les attaques contre les églises s’enchaînent. Un temple protestant à Silgadji (nord) le 29 avril où six fidèles dont le pasteur y ont péri. Deux semaines plus tard, le 12 mai 2019, c’est au tour de l’église catholique de Dablo de subir le même sort. Suivront, le lendemain lors d’une procession mariale, une autre attaque qui fera quatre morts à Zimtenga. Puis dans le diocèse de Ouahigouya, quatre fidèles sont morts dans un attentat perpétré le 29 mai contre la paroisse Notre-Dame-de-Toute-Joie de Titao. Quatre attentats contre des chrétiens en l’espace d’un mois. 

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ISSOUF SANOGO / AFP
À Yagma, au nord de Ouagadougou.

Si les victimes sont considérées comme des martyrs, de fait, le père Paul Dah insiste néanmoins sur le fait que “le martyre est une grâce” et qu’aucun chrétien ne “cherche à mourir obstinément” pour être martyr. Dans la plupart des paroisses, les fidèles résistent à la peur. À chaque fois qu’il y a attentats, les évêques accélèrent les rites de réparation, “prévus par le droit canonique, au cas par cas, à l’appréciation de l’évêque des lieux”, précise le père Dah. Ces rites précèdent, dans les églises profanées le retour normal des activités. “Le martyre, ce n’est pas d’abord le sang versé physiquement, c’est la qualité du témoignage au jour le jour” appelant tout de même les fidèles à rester vigilants, poursuit le père Paul.

La solidarité des musulmans

Dans le pays, la solidarité dont témoignent les musulmans, rassure les chrétiens. “Elle a toujours existé, depuis de nombreuses années”, affirme le porte-parole de la Conférence des évêques du Burkina-Niger. Il est d’ailleurs fréquent de voir le cardinal Ouédraogo se déplacer dans des mosquées, lors des fêtes religieuses, en signe de communion avec les musulmans. Depuis les attaques contre les églises, El Hadj Abdoul Rasmané Sana, président de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), appelle ses frères “à soutenir les chrétiens par tous les moyens”.


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Son appel a été entendu. Ces dernières semaines, des musulmans se sont mobilisés pour offrir des vêtements, des médicaments et des vivres dans le camp de Barsolgo où une partie des chrétiens de Dablo se sont réfugiés. Grâce à la Ligue islamique pour la paix au Faso (Lipf) qu’il préside également, ce dignitaire musulman travaille à maintenir la solidarité à toute épreuve. “Musulmans, animistes et chrétiens, si nous nous lâchons, les terroristes vaincront” met-il en garde en recevant Aleteia dans ses bureaux près du grand marché de Ouagadougou.

À quelques heures de notre départ du Burkina Faso, le 28 octobre, la nouvelle d’un attentat perpétré la veille, sur l’axe Pobé-Mengao – Pételbongo (Nord) et ayant fait “au moins quinze morts” nous est parvenue. Les attaques sont loin d’être terminées. Les catholiques l’ont compris et s’adaptent. À la fin de chaque messe, “prier pour la paix au Burkina Faso” est devenu un rituel dans toutes les paroisses, à la demande des évêques.

Max-Savi Carmel, à Ouagadougou

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