separateurCreated with Sketch.

Il n’y a pas d’âge pour partir en mission, la preuve

Une volontaire Fidesco en Guinée.

Zénaïde, volontaire Fidesco en Guinée.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Domitille Farret d'Astiès - publié le 25/10/19
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

L’ONG catholique Fidesco envoie depuis bientôt 40 ans des volontaires dans de nombreux pays du monde afin de participer à des projets de développement lancés par l’Église locale. En 2019, on compte 240 volontaires en mission dans quelque 23 pays d’Amérique du sud, d’Afrique et d’Asie. Y a-t-il un âge parfait pour être missionnaire ?La plus jeune de la promotion 2019, Adèle, est âgée de 20 ans, quand les aînés, Sylvianne et Stéphane Adloff, ont tous deux 56 ans. Depuis ses débuts en 1981, l’ONG catholique Fidesco a accompagné plus de 1.600 volontaires d’âges variés. Un écart d’âge qui atteste d’une réalité : il n’y a pas d’âge parfait pour partir en mission. En témoignent Sylvianne et Stéphane. Mariés depuis 36 ans, ils se connaissent depuis l’âge de 17 ans. Quatre fois parents et six fois grands-parents, ils ont été envoyés à Concepción (Chili) en septembre 2018. “C’est la première fois que nous vivons ensemble “H 24””, lance Sylvianne en riant. « C’est d’ailleurs notre première mission. Il a fallu un temps d’ajustement l’un à l’autre, comme pour un couple de jeunes mariés. À chaque âge de la vie, il y a de l’aventure ; il faut réinventer son couple tout le temps », poursuit-elle. Avant, lui était général dans l’armée de terre, elle plasticienne textile dans l’art contemporain. Aujourd’hui, chargés du développement de projets artistiques et culturels pour l’archevêché de Concepción, les deux époux, qui ont tous deux quitté leur travail, passent 80% de leur temps de travail ensemble. Une première.

“Nous ne sommes pas dans la recherche de la performance”

Leur réflexion autour de la mission a grandi au fil des ans. En 2013, leur fils et leur belle-fille s’envolent en mission en Indonésie quelques mois après leur mariage. “Il y a quelque chose dans notre cœur qui a fait boum boum. On s’est dit : “Ils osent”. Cela a commencé à germer tranquillement. Il y avait des conditions à réunir car on ne part pas à 50 ans comme à 25 ans. Il faut que les parents ne soient pas trop malades, que les enfants soient autonomes…”, note Sylvianne. Et quant aux enfants et petits-enfants, WhatsApp est venu à leur secours. “C’est assez facile de rester en lien, nous échangeons régulièrement des photos et des vidéos. D’une certaine manière, nous sommes dans une mission connectée”, s’amuse-t-elle.

Un volontaire en Angola.

© Quentin Pouteau
Mission Fidesco en Angola (2019).

De son côté, Stéphane note que leurs expériences respectives leur donnent une certaine assurance. Alors que les jeunes volontaires ont une carrière professionnelle à construire après la mission, la sienne est derrière lui. Pour lui, cette réalité est très apaisante. “Nous ne sommes pas dans la recherche de la performance et cela nous donne une certaine sérénité. Notre ancienneté ne nous fait pas rechercher de reconnaissance : nous donnons ce que nous savons et nous n’attendons rien en retour. Être dans cet abandon-là, c’est reposant”. Autre bonus que souligne Sylvianne, leur expérience de parents leur donne une présence particulière auprès de jeunes volontaires, célibataires ou en couples, qui sont dans la même ville mais sur des missions différentes. “Grâce à notre âge, nous pouvons être un bras tendu pour de jeunes volontaires, une oreille et un cœur qui écoutent. Un court instant, nous pouvons redevenir des parents”.

Un savoir-faire et une maturité humaine

Pour sa part, Éléonore Branche rentre tout juste de deux ans de mission à Pattaya (Thaïlande). Elle s’est envolée là-bas à 22 ans. Le futur professeur des écoles a travaillé dans un centre d’accueil pour femmes en grande détresse. “Je me suis dit qu’il fallait que je profite de ne pas être lancée dans mon métier. Je n’avais rien qui me retenait de partir (célibataire, pas d’enfant, pas de travail). On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve et peut-être que dans quelques années, je n’aurais pas pu partir aussi facilement. J’avais aussi besoin de vivre des expériences en tant que jeune pour progresser et avoir un bagage spirituel et humain avant de me lancer dans la vie d’adulte”.

Volontaire Bénin

© Fidesco
Marie, volontaire au Bénin depuis août 2018.

Volontaires juniors, volontaires seniors… Cette mixité est chère au cœur du père Nicolas Lernould. Partenaire de Fidesco à Tunis, il a accueilli des volontaires d’âges variés et il voit cela comme une richesse. « Dans une oasis, les palmiers les plus hauts, qui sont aussi les plus avancés en âge, créent naturellement par leurs branches une atmosphère propice à la croissance des arbres qui poussent un peu plus bas (ombre, température, humidité). La vitalité de ces derniers enrichit en retour la terre où les palmiers trouvent une part de ce qui leur est nécessaire pour continuer de grandir. Il en est de même, souvent, dans le volontariat : la présence sur un même lieu des plus anciens et des plus jeunes est mutuellement profitable, les uns aidant les autres à grandir et à porter du fruit ».



Lire aussi :
Partir servir les pauvres, un appel pour moi ?

“Nous avons constaté que le départ en mission répondait à un besoin chez les retraités de rendre féconde cette étape de leur vie”, décrit Tasnim Rasiwala, chargée de la mission retraités chez Fidesco. “Pour eux cela passe parfois par le service des autres et la découverte d’une autre culture. C’est l’occasion de sortir un peu du rythme effréné de la vie professionnelle, de redécouvrir la rencontre, le temps gratuit et le don. Tout cela, c’est le cœur de la mission”. Une soif missionnaire dont s’accommodent bien volontiers les partenaires de l’ONG. Les personnes retraitées ou à l’approche de la retraite sont appréciées car elles ont un savoir-faire, une capacité de recul et une maturité humaine que les plus jeunes n’ont pas nécessairement. “En voyant tout ce qu’elles peuvent apporter sur le terrain, on se dit que c’est dommage de ne pas en envoyer plus”, note Tasnim Rasiwala.

Mais pour certains, le fait de ne pas pouvoir voir leurs enfants et petits-enfants reste dissuasif. “C’est un gros obstacle, et à raison », reconnaît la chargée de mission. « Le rôle des grands-parents dans une famille est quelque chose de plus en plus important. On leur demande d’être présents”. Fidesco a donc imaginé une nouvelle formule davantage adaptée aux besoins des couples à la retraite, une sorte d’alternative à la mission classique, qui devrait se lancer dès l’été 2020. La proposition est de partir entre trois et six mois par an sur le terrain pendant environ quatre ans, avec un lieu de mission qui reste le même. Cette formule concilie engagement dans la durée et présence auprès de la famille. Une autre manière de vivre la mission.



Lire aussi :
Père François, curé dans la “Suisse du Cambodge”

                                                          En partenariat avec

fidesco-logo-baseligne-e1571928786181.jpg

fidesco

 

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)