Entre mer Morte et désert de Juda, la ville d’Ein Gedi et son oasis ont de tout temps fait figure de paradis terrestre avec sa végétation luxuriante et ses sources d’eau abondantes. Elle est pour ces raisons une cité importante dans la Bible, lieu de rencontre entre David et Saül. Un lieu biblique ayant inspiré Le Cantique des Cantiques par la profusion de sa nature et ses bienfaits…
David et Saül à Ein Gedi
Alors que David avait échappé à la jalousie meurtrière du roi Saül en s’enfuyant vers le désert, il trouva refuge à Ein Gedi, une oasis non loin de Massada et de Qumran. Saül ayant appris le lieu de sa cachette « prit trois mille hommes, choisis dans tout Israël, et partit à la recherche de David et de ses gens en face du Rocher des Bouquetins ». Alors que le roi se reposait dans une grotte à la poursuite de David, ce dernier se trouvait avec ses hommes dans cette même grotte. À l’insu de Saül, David coupa un pan du manteau du roi refusant cependant de le mettre à mort ainsi que l’encourageaient à le faire ses compagnons : « Que le Seigneur me préserve de faire une chose pareille à mon maître, qui a reçu l’onction du Seigneur : porter la main sur lui, qui est le messie du Seigneur ». Alors que Saül était ressorti de la grotte pour poursuivre sa route à la recherche de David, ce dernier l’interpella au seuil : « Mon seigneur le roi ! » Saül regarda derrière lui. David s’inclina jusqu’à terre et se prosterna, puis il lui cria : « Pourquoi écoutes-tu les gens qui te disent : “David te veut du mal” ? Aujourd’hui même, tes yeux ont vu comment le Seigneur t’avait livré entre mes mains dans la grotte ; pourtant, j’ai refusé de te tuer, je t’ai épargné et j’ai dit : “Je ne porterai pas la main sur mon seigneur le roi qui a reçu l’onction du Seigneur.” et il lui montra le pan de son manteau comme preuve de sa bonne foi. Saül se mit alors à crier et à pleurer, « Toi, tu es juste, et plus que moi : car toi, tu m’as fait du bien, et moi, je t’ai fait du mal », « Je sais maintenant que tu régneras certainement, et que la royauté d’Israël tiendra bon en ta main ». La leçon que reçue Saül à Ein Gedi la fit passer à la postérité. Cette cité resta dans les mémoires comme une ville biblique importante. La royauté d’Israël, même pervertie par les hommes qui l’incarnent, est d’essence divine et rien ne peut y porter atteinte en dehors de Dieu lui-même.
Un paradis terrestre
Si Ein Gedi a été le refuge de David, elle sera aussi rapidement présentée comme un véritable paradis terrestre. Cité bénie de Dieu, Ein Gedi a de tout temps offert aux hommes sa fraicheur, son eau et ses terres fertiles, sans oublier sa faune variée et ses magnifiques oiseaux multicolores… Une riche et prospère activité agricole et commerciale s’y est développée depuis ces temps biblique, palmiers-dattiers et épices ont fait l’objet de fructueuses transactions au cours de l’Histoire et de nombreux parfums réputés seront produits à Ein Gedi. C’est cette générosité divine accordée aux lieux qui se trouve louée par le Cantique des Cantiques : « Mon bien-aimé, pour moi, est un rameau de cypre parmi les vignes d’Enn-Guèdi ».
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Un lieu stratégique
Mais, par sa situation fertile et prospère, Ein Gedi attirera toujours les convoitises et nombreux seront ceux qui chercheront à s’emparer de cette cité bénie tels les Moabites qui se coalisèrent à Ein Gedi contre Josaphat, roi de Juda au IXe s. avant notre ère. Deux sites ont révélé par leurs vestiges encore visibles de nos jours ces implantations historiques dont les premières remontent au IVe millénaire. De nombreuses forteresses y ont été édifiées jusqu’à l’époque romaine et les légions occupèrent l’endroit. Cependant, bien que convoitée et enviée, Ein Gedi est également proche de lieux où la spiritualité des Esséniens se diffusera de manière plus pacifique, notamment à Qumran. Une synagogue antique a ainsi livré de très belles mosaïques remontant au IIIe siècle pour sa partie la plus ancienne. De nos jours, Ein Gedi a retrouvé toute sa splendeur et offre un parc naturel protégé où coule encore une source tirant son nom des nombreux chevreaux qui s’y sont toujours abreuvés, perpétuant ainsi le legs biblique de cette oasis bénie de Dieu.
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