Le pape François a exprimé ce 23 octobre sa “préoccupation” face aux troubles qui ont déjà fait quinze morts au Chili. Le pays est secoué par d’importantes protestations depuis plusieurs jours, suite à l’augmentation du prix du ticket pour les transports publics de Santiago, la capitale.“Je suis avec préoccupation ce qui est en train de se passer au Chili. Je souhaite que, en mettant fin aux manifestations violentes, on s’efforce à travers le dialogue, à trouver des solutions à la crise et à faire face aux difficultés qu’elles ont engendrées, pour le bien de toute la population”, a déclaré le pape François ce mercredi 23 octobre, à l’issue de son audience hebdomadaire, place Saint-Pierre.
Le Saint-Père faisait référence aux nombreux mouvements de protestations qui secouent le Chili depuis plusieurs semaines. Ils dénoncent la hausse du coût de la vie, les scandales de corruption et les inégalités. Malgré ce climat social tendu, le gouvernement a annoncé vendredi 18 octobre une nouvelle augmentation des prix des tickets de métro, passés de 800 à 830 pesos (1,04 euro) aux heures de pointe. Une première augmentation de 20 pesos avait déjà été appliquée en janvier dernier. De violents affrontements ont aussitôt éclaté et ont poussé le président Sebastián Piñera à décréter le soir-même l’état d’urgence dans plusieurs régions du pays. Il a également annulé la hausse du prix des transports.
[script_connatix_id_article cnx-video=”923858″ token=”f646f46f-d6b8-41ee-a9bd-d922ad183fa9″ /]
Si la hausse du prix des tickets de métro a un réel impact sur les habitants de Santiago, ville très congestionnée ou les transports en commun sont très utilisés, cette mesure symbolique n’a été que l’élément déclencheur d’une contestation plus large. Son retrait n’a pas suffi à calmer les manifestants : après l’incendie de certains bâtiments, c’est la cathédrale de Santiago qui a été saccagée. Selon la justice chilienne, quatre personnes ont été tuées par des tirs des forces de l’ordre et onze sont mortes dans des incendies et des pillages, principalement de centres commerciaux. Les autorités estiment que 239 civils ont été blessés, ainsi qu’une cinquantaine de policiers et de militaires. Plus de 2.500 personnes ont été arrêtées.
Des inégalités pesantes
Face à la plus grande crise sociale du pays depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet en 1990, Sebastián Piñera a finalement reconnu ce mardi 23 octobre un “manque de vision” de sa part, avant de demander “pardon”. Il a assuré vouloir transformer cette contestation en “opportunité” pour des “mesures concrètes” contre l’inégalité. Certaines règles, comme le calcul des pensions des retraites, n’ont pas été réformées depuis 1990. Bien que le Chili soit considéré comme l’un des pays les plus riches d’Amérique latine, la Banque mondiale estime que les inégalités y sont tout aussi pesantes que chez les autres pays latino-américains.
Lire aussi :
La carte d’identité de l’Église du Chili