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Trois conseils des Pères du désert pour les accros du boulot

WORK
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Mathilde de Robien - publié le 22/10/19 - mis à jour le 16/05/22
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On les appelle "boulomanes" ou encore "workaholic", terme inventé par le psychiatre américain Wayne Edward Oates. Mais bien avant lui, les Pères du désert incitaient déjà à redonner au travail sa juste place.

L’addiction au travail est une des causes de burn-out. Réduire cette addiction, c’est éloigner ce risque d’épuisement professionnel qui concerne presque deux tiers des salariés français (63%)*. Une addiction qui se traduit par "un besoin de travailler en permanence et une sensation de manque lors des interruptions de travail", expliquait le professeur Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat, lors des entretiens de Bichat en 2015.

Les personnes concernées redoutent la vacuité des week-ends, sont capables de faire des kilomètres pour capter et lire leurs mails, cherchent à travailler plus, et ce au détriment de leur vie de famille, de leurs amis et de leurs loisirs. En revanche, une personne très investie dans sa vie professionnelle n’est pas nécessairement addict. Le "workaholic" ne trouve ni plaisir ni satisfaction dans son travail et son addiction a des conséquences néfastes sur sa santé et sa vie privée. Un travailleur investi lui, prend plaisir à travailler, sans pour autant ressentir de manque lorsqu’il ne travaille pas, et reste disponible envers ses proches.

Je suis accro au travail si…

Jean-Guilhem Xerri, thérapeute et psychanalyste, fournit dans son livre (Re)vivez de l’intérieur (Cerf), des repères qui doivent alerter :

Les conseils des Pères du désert

Si vous n’êtes pas loin d’être "accro", les Pères du désert donnent quelques pistes pour réduire cette "avidité qui a mal tourné", selon les mots de Jean-Guilhem Xerri. Il s’agira tout d’abord d’être lucide sur son addiction : en prendre conscience est un préalable pour pouvoir s’en prémunir. Il conviendra ensuite de pratiquer la "fuite des occasions", c’est-à-dire de limiter les risques. Ce peut être prendre un engagement un soir par semaine qui oblige à partir plus tôt du travail, ou bien laisser son portable la nuit dans une autre pièce pour éviter de lire ses mails à des heures indues.

Enfin, les Pères aimaient à redonner leur juste place aux choses et en particulier au travail. Selon eux, une activité professionnelle revêt trois fonctions : assurer sa subsistance sans vivre aux dépens des autres, prévenir l’acédie et aider les pauvres. Point barre. Se redire la finalité du travail se révèle être une aide précieuse pour prendre du recul et rechercher un équilibre sain entre paresse et productivisme.

Quelle insatisfaction cela révèle-t-il de soi ?

"Une avidité dit quelque chose de mon désir", souligne Jean-Guilhem Xerri. Comme toute addiction, l’addiction au travail cache un malaise plus profond, une insatisfaction ou un désir. Prendre le temps de l’identifier est une manière de se connaître, de révéler des blessures et de trouver la raison profonde d’une addiction. Certaines personnes souffrent d’un immense besoin de reconnaissance, ou de réussite, ou bien ne se sentent valorisées que par leur travail. Elles vont donc surinvestir ce lieu où elles performent, où elles ont l’impression d’être quelqu’un, d’être utile.

Une addiction au travail peut révéler aussi une peur de la solitude, de l’ennui, des angoisses : le fait d’être occupé et concentré sur son travail évite d’être seul avec ses pensées et ses émotions. Une faible image de soi peut également pousser à en faire toujours plus pour prouver qu’on mérite sa place dans l’entreprise, son salaire et le statut social qui va avec. Mais une fuite dans le travail peut aussi bien manifester un malaise au sein de son quotidien, de sa famille ou de son couple. Prendre conscience de ces déséquilibres intérieurs, que l’on cherche à compenser par le travail, est un premier pas vers la guérison.

*Selon l’enquête BPI Group/BVA "Santé et bien-être au travail des salariés français" réalisée en février 2019, presque deux tiers des salariés français (63%) se disent potentiellement concernés par le burn-out. Soit parce qu'ils en ont déjà vécu un par le passé (17%), soit parce qu'ils craignent d'en vivre un « prochainement » (12%), soit parce qu'ils pensent y être confrontés « un jour » (34%).

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Le Cerf

(Re)vivez de l'intérieur, Jean-Guilhem Xerri, (éd. du Cerf) octobre 2019. Retrouvez-le en librairie.

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