“Pornographie : un jeu d’enfant” : un documentaire choc diffusé sur France 2, et toujours disponible en replay, dresse le constat des terribles conséquences sur les jeunes, enfants ou adolescents, des images pornographiques. Les spécialistes sont alarmés. Les jeunes, eux, semblent progressivement en prendre conscience. Mais comment les en protéger ?Dans son documentaire Pornographie : un jeu d’enfant, la réalisatrice Anne-Marie Avouac s’attaque à un sujet de société diffus mais bien réel. Dès sa diffusion, des extraits et des commentaires ont vite circulé sur les réseaux sociaux. Des témoignages sans fard de jeunes prouvent les dégâts causés par la pornographie. De l’autre côté, des spécialistes s’alarment de la progression du fléau.
Autrefois, les cas étaient un peu plus isolés, les jeunes utilisaient en cachette l’ordinateur parental ou parvenaient à se procurer des vidéos. Mais désormais les contenus sont accessibles partout et en nombre croissant depuis n’importe quel support. L’âge moyen du premier contact avec des contenus pornographiques, gratuits et en libre accès, est maintenant de 10 ans, souvent de manière accidentelle. Un âge bien précoce, auquel il est difficile de décrypter ce que l’on voit et qui peut avoir des conséquences dramatiques sur la vision de l’amour, du corps et de la sexualité. Les problèmes sont ceux de l’addiction rapide et du manque de contrôle de l’accès des mineurs à ces contenus, bien que cela soit inscrit dans la loi française.
La pornographie : un viol silencieux
Les spécialistes n’hésitent pas à parler de « viol psychique passé sous silence ». Israël Nisand, gynécologue habitué aux conférences dans les lycées, parle même de « barbarie » au sujet de cette société qui laisse les enfants livrés à eux-mêmes face à ces images. Il constate en effet une évolution des questions depuis dix ans, très inspirées par la pornographie. Par ailleurs, il découvre avec horreur des séances de fellation collective dans les toilettes d’un collège.
Le gynécologue Israël Nisand parle de sexualité avec des adolescents depuis 20 ans. Il s'inquiète d'une évolution récente. #Pornographie pic.twitter.com/XkNJzGCEFo
— France 2 (@France2tv) October 9, 2019
Une chose est sûre, le X perturbe considérablement la psychologie des jeunes. Entre banalisation et angoisse de n’être pas à la hauteur, violence et subterfuges, c’est la relation humaine qui est directement touchée à travers ces images. Cette adolescente qui témoigne d’un chantage pour avoir une relation sexuelle collective, où elle subit violence et agression, et dont la vidéo circule ensuite dans son lycée, et qui n’a plus qu’une envie, mourir.
L’image de la femme, dégradée, celle de l’homme, objetisée. Voilà ce que montre le porno. Il pousse également certains à franchir des limites sans conscience. Le nouveau mode de séduction des jeunes via l’envoi de photos ou de vidéos intimes passe également au crible du reportage. Tout aussi terrible, le témoignage de Leïla, 10 ans, qui consomme du porno depuis un an. La première fois, c’était avec sa cousine de 8 ans, grâce à une tablette, loin de l’attention parentale. Elle tombe même dans le piège de prédateurs pédophiles. Comment des enfants en arrivent à tomber dans l’addiction au porno ? L’extrême vulnérabilité, la malléabilité, l’absence de limites, de repères et de dialogues. Des conditions qui doivent alerter les parents.
Leïla, 9 ans : « Je m'ennuyais alors j'ai tapé : des gens qui font des bébés. »
"#Pornographie, un jeu d'enfant" disponible sur https://t.co/PaFR6Ej5Lf pic.twitter.com/gjCydFJSq1
— France 2 (@France2tv) October 10, 2019
« Il faudrait s’en méfier à vie »
La vigilance des parents est en effet parfois en cause. Dylan, 28 ans, leur en veut encore d’avoir été indifférents quand ils ont découvert qu’il regardait des images pornographiques à 10 ans. Il tombera dans une addiction quotidienne à l’adolescence. Encore ébranlé par son expérience, il conseille à tous « de s’en méfier à vie », par précaution. Il n’y a pas de petit piège pour le cœur humain et le corps, semble-t-il confirmer, ils se blessent si l’on n’y fait pas attention. Chez les adultes aussi d’ailleurs.
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Les dégâts de la pornographie sur les enfants
Les témoignages abondent et montrent une évolution de la société dangereuse pour l’enfance et l’image de l’amour. Beaucoup d’adolescents n’y croient plus, et perdent l’estime d’eux-mêmes et des autres, abîmés par le mensonge du porno et l’influence sur leurs comportements. De nombreux spécialistes se mobilisent pour faire appliquer la loi française concernant les mineurs. D’autres, pour accompagner les jeunes confrontés au X, comme une brigade de police spécialisée dans la protection de l’enfance. D’autres encore, pour leur parler de la sexualité et de la vérité sur le porno. Une adolescente découvre ainsi que ce sont des acteurs, payés pour ça, avec des mises en scène créées pour subjuguer. Mais du « plaisir » au « bien-être », les mots qui sortent de la bouche des jeunes entrent vite dans le registre du traumatisme.
Ce documentaire dénonce la banalisation d’une industrie qui a envahi la Toile et les regards. Une sorte de nouvelle arme de destruction massive, mais dont les effets sont invisibles. Accessibles pour n’importe qui, les vidéos et photos pornographiques sont un fléau contre lequel certains ont heureusement décidé de se battre. L’innocence de l’enfance a donc encore du prix.
Pornographie : un jeu d’enfant, d’Anne-Marie Avouac, diffusé sur France 2 et disponible jusqu’au 8 novembre ICI