Pour le fondateur des Veilleurs, « manifester est avant tout un témoignage qui renvoie chacun à sa propre vie, à son rôle dans ce qui advient de sa famille, donc de notre société et de notre monde ».Pourquoi je manifesterai le 6 octobre ? Ni par plaisir ni par obligation, mais pour simplement se faire entendre à défaut d’être écouté et se rendre visible à défaut d’être regardé, pour que chacun des membres de notre société assume mieux ses responsabilités lorsqu’il posera des choix dans sa vie personnelle et ses engagements politiques. Manifester est avant tout un témoignage qui renvoie chacun à sa propre vie, à son rôle dans ce qui advient de sa famille, donc de notre société et de notre monde.
La première charité
Une société sans père et sans paternité, qu’il s’agisse d’une famille ou d’une nation, est toujours une société blessée, avec les souffrances souvent non-dites que cela occasionne. La première charité que nous devons à ces familles, c’est de le reconnaître, d’écouter cette souffrance qui va croissant tant en intensité qu’en nombre de victimes : celle des Gilets jaunes, celle des enfants dont les parents sont séparés ou absents, celle des femmes qui avortent sous la contrainte, celle des enfants supprimés et des migrants déracinés.
Nous essayons vainement d’inverser le sens des mots plutôt que le cours des choses.
Lire aussi :
« Le 6 octobre, je marcherai au nom de la liberté »
Face à cela, nous essayons vainement de les nier, de les cacher, d’inverser le sens des mots plutôt que le cours des choses. Pourtant, il faut toujours plus de mensonge et de violence pour faire durer ce que Charles Péguy appelait un « ordre injuste qui cache les pires désordres ». Ainsi, année après année, la nation et la famille ne sont-elles pas plus fragiles, moins fécondes et en proie à de nouvelles divisions ? L’histoire et le cœur nous l’enseignent : l’attention aux plus pauvres et aux plus fragiles, fondement de la civilisation de l’amour, est le seul moyen de prolongement des sociétés humaines.
Pas de fraternité sans filiation
Mal renommée « vivre-ensemble » ou « solidarité », qui la vident partiellement de sa substance, la fraternité se désagrégera tant qu’elle ne sera pas d’abord la découverte d’une origine, un lien, une filiation commune. C’est le père qu’ils ont en commun qui fait que les hommes peuvent devenir des frères, pas le fait de s’inscrire dans le projet d’un homme politique, un actionnaire, un consommateur ou un « parent d’intention ». C’est parce qu’on n’y choisit ni ses parents ni ses enfants que la famille est la base d’un ordre enraciné dans le don de soi et l’accueil de l’autre, fut-il « non-désiré », cérébrolésé, pauci-relationnel ou trisomique 21.
La famille apparaît dans l’étreinte charnelle d’un homme et d’une femme comme le meilleur obstacle à un rêve lucratif et prométhéen.
C’est parce que cet ordre n’est pas contractuel et régi par l’homme qu’il a toujours été l’objet d’une tentative de subversion et de dénaturation par les hommes et les régimes politiques. Mais aujourd’hui, les immenses progrès techniques que nous accomplissons dans le domaine de la génétique et les fausses promesses qui les accompagnent ne nous ont jamais autant éblouis et aveuglés. Si la famille est la cible des lois actuelles, c’est parce qu’elle apparaît dans l’étreinte charnelle d’un homme et d’une femme comme le meilleur obstacle à ce rêve lucratif et prométhéen.
Les veilleurs qui jamais ne se taisent
Nous ignorons largement les conséquences politiques de la manifestation du 6 octobre, mais nous pouvons être sûrs que si nous agissons par amour des autres et de la vérité, nous en serons grandis et nous préparerons le réveil des consciences qui toujours guette les hommes et les nations. Je dirais même qu’en manifestant, nous devenons les veilleurs qui jamais ne se taisent sur les remparts de Jérusalem, annonçant le bien qui libère et dénonçant le mal qui ronge l’homme. Don Giussani, le fondateur de Communion et Libération, disait que « les forces qui changent le cours de l’histoire sont les mêmes que celles qui changent le cœur de l’homme ». Ce sont ces forces que nous devons dès à présent mobiliser et laisser agir à la fois, car tout en dépend.
Lire aussi :
Bioéthique : toutes les (bonnes) raisons de manifester dimanche