Plus de 200 églises ont été construites au XXe siècle dans le diocèse de Lyon. Un patrimoine unique qui témoigne de la ferveur des populations, capables d’organiser de nombreuses initiatives pour financer la construction de ces églises modernes. L’association Lyon sacré, soutenue par la Fondation Saint-Irénée, vient d’éditer un livre de plus de 350 pages pour présenter quelques-unes des nombreuses églises du diocèse de Lyon construites au XXe siècle. Si 166 édifices ont été recensés, ce recensement ne prend pas en compte les chapelles d’hôpitaux, d’écoles ou de communautés, qui illustrent également l’architecture religieuse du siècle dernier, dépassant ainsi le chiffre de 200.
Répondre à une très grande demande
Comment expliquer un tel chiffre durant ce siècle pourtant marqué par une sécularisation galopante ? Violaine Savereux-Courtin, responsable de la commission d’arts sacrés du diocèse de Lyon et co-auteur de cet ouvrage sur lequel elle a travaillé un an et demi, nous l’explique. “Il y a deux grandes périodes fondamentales dans ces nombreuses constructions, l’après loi 1905 et la période de l’après-guerre en 1945”. Avec la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905, l’Église s’est retrouvée “libre de construire où elle le voulait, sur des terrains privés, et elle s’est retrouvée face à une très grande demande”.
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De même, la fin de la Seconde Guerre mondiale a été marquée par un fort exode rural, avec une arrivée massive des populations rurales dans les jeunes banlieues des villes. “Ce qui fut particulièrement le cas aux alentours de Lyon”. Résultat, toutes ces populations qui arrivaient d’un village avec sa place de l’église, lieu d’accueil et de rencontres par excellence, se sont retrouvées perdues dans ces grandes barres et en manque de lien social comme religieux. “Les populations des années 1960 et 1970 ont été très demandeuses, le diocèse l’a bien ressenti et a pu agir via l’association Le Christ dans la banlieue, créée dès 1927. Son équivalent parisien, les Chantiers du cardinal, ont été créés en 1931″.
Les paroisses missionnaires
Une fois les besoins constatés, il fallait bien financer ces églises. Et ce sont les paroissiens eux-mêmes qui vont faire preuve d’inventivité et de dynamisme remarquables pour mener à bien ces projets. “Lors de nos recherches, nous avons retrouvé une quantité infinie de documents, de tracts, annonçant des kermesses, des fêtes populaires, des spectacles pour financer ces constructions”, s’enthousiasme la co-auteur. L’autre découverte de cet “activisme constructif”, ce sont les jumelages avec des paroisses missionnaires. Les paroissiens des banlieues sont retournés dans les villages pour organiser un système de parrainage. “Leur argument était de dire : vous bénéficiez de l’église du village sans l’avoir payée, alors aidez-nous à construire la notre !”. Résultat, cinq à vingt paroisses étaient marraines et aidaient au financement de ces églises nouvelles. Là encore, les nombreux documents d’archives montrent à quel point les liens ont été forts et les échanges fructueux, “une sorte de JMJ avant l’heure avec des visites, des rencontres organisées entre les ruraux et les banlieues”. Quant aux architectures de ces églises, elles sont le parfait témoin d’une époque et gagnent à être (re)découvertes.
Église XXe du diocèse de Lyon, de Maryannick Chalabi et Violaine Savereux-Courtin, aux éditions Lieux Dits, septembre 2019, 39 euros.