À l’occasion des Journées du patrimoine, qui se tiendront le 21 et 22 septembre prochain, quelques trésors de la cathédrale Notre-Dame seront exposés pour la toute première fois à Paris depuis l’incendie.Pas de 36e Journées du patrimoine pour Notre-Dame de Paris cette année. Alors que la cathédrale est toujours en phase de consolidation — une opération qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année — pèlerins et visiteurs ne peuvent toujours pas entrer dans la cathédrale.
Mais celle-ci n’en est pas moins exclue de ces Journées tant attendues par les passionnés du patrimoine. Dans le Collège des Bernardins, une exposition permettra aux visiteurs de découvrir “Notre-Dame de l’intérieur”. Objectif ? Montrer que la cathédrale n’est pas seulement un bâtiment patrimonial mais aussi un lieu de vie habité par des hommes et femmes. Un corps vivant que l’incendie n’a pas abîmé.
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Vie musicale, organisations liturgiques, vitraux et flèche détruite seront les axes majeurs de ce parcours. Les visiteurs pourront, en outre, découvrir une maquette de l’autel contemporain détruit par les flammes accompagné d’un morceau de l’œuvre originelle extraite des débris. En parallèle, un parcours audio accompagne les visiteurs. Il rassemble les témoignages de ceux qui sont l’âme de la cathédrale : prêtres, laïcs mais aussi historiens et artisans. Tous racontent avec émotion leur lien avec Notre-Dame.
Mais la cathédrale se découvre aussi ailleurs. Au Mobilier national, c’est le grand tapis du chœur, commandé par Charles X et offert à la cathédrale par Louis-Philippe, qui sera présenté pour la toute première fois depuis l’incendie. Pièce maîtresse du trésor, celle-ci n’a pas été touchée par les flammes mais fortement inondée par les litres d’eau déversés par les pompiers. Pris à temps, le tapis n’a pas eu le temps de pourrir. Séché dans une soufflerie, il a ensuite été congelé pour éviter la prolifération des moisissures. Exposé exceptionnellement dans les réserves du Mobilier national pour les Journées du Patrimoine, il sera ensuite emmené en restauration afin d’être nettoyé avec minutie. Une restauration qui ne coûtera rien au diocèse, comme l’a indiqué le Mobilier national, désireux de contribuer à l’effort national.
Commandé en 1825 par Charles X à la prestigieuse manufacture de la Savonnerie, ce tapis, réalisé dans un style gothique, mesure plus de 25 mètres de long. Dans la partie supérieure du tapis, une grande croix renferme les armes de France. Sa réalisation avait été entreprise dans le but de décorer le chœur lors de grandes cérémonies officielles en présence du roi. Il fut finalement offert à Notre-Dame par le successeur de Charles X, Louis-Philippe, à l’occasion du baptême de son petit-fils, le comte de Paris, en 1841. Rarement exposé à la vue du public, il n’est sorti qu’à de rares occasions : en 1852, lors de la représentation du Te Deum pour l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte ou encore pour la visite du tsar Nicolas II, le 2 octobre 1896. Sa dernière grande sortie officielle date de 1980, lors de la visite du pape Jean Paul II. Depuis, il n’a été exposé qu’une seule fois, en 2014, à l’occasion d’une exposition.
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Enfin, direction le Ministère de la Culture pour voir deux objets importants de la flèche détruite : le coq, qui a miraculeusement survécu à la chute, conservant des reliques de sainte Geneviève, saint Denis et un morceau de la couronne d’épines, mais aussi deux statues des symboles des évangélistes ainsi que la tête de Viollet-le-Duc sous les traits de saint Thomas. Des éléments qui avaient été décrochés de la flèche quelques jours avant le drame afin d’être envoyés en restauration. Cette exposition exceptionnelle, intitulée “Revoir Notre-Dame de Paris”, sera aussi l’occasion de découvrir des documents d’archives présentant des photos et des relevés manuels de la charpente du XIIIe siècle malheureusement intégralement détruite durant l’incendie.
Quant au reste du trésor de Notre-Dame de Paris, il faudra patienter encore un peu pour avoir la chance de le revoir. Toujours dans les réserves du musée du Louvre, celui-ci attend sagement de trouver un emplacement digne et sécurisé pour être exposé au public. Une information confirmée par le recteur de Notre-Dame, Mgr Chauvet et le régisseur, Laurent Prades. En attendant, les fidèles peuvent se recueillir tous les premiers vendredis du mois auprès de la sainte couronne d’épines. Celle-ci a été transférée à Saint-Germain-l’Auxerrois qui accueille, désormais, la vie liturgique de la cathédrale.