La romancière belge tire à nouveau la couverture à elle pour cette rentrée littéraire. Même loin de ses habitudes, et avec un sujet plutôt inattendu, elle n’a pas pour autant laissé la satire et l’humour à la porte. “Soif” est son nouveau roman publié chez Albin Michel. Elle y raconte les dernières heures de la vie du Christ…“Cela fait cinquante ans que je veux écrire ce livre”, confie-t-elle au micro de France Inter. “J’avais deux ans et demi quand mon père m’a parlé de Jésus pour la première fois”. Elle assure qu’elle a toujours voulu savoir “pourquoi Jésus a accepté d’être crucifié”, dès son enfance et ses premiers cours de catéchisme. Le titre de son livre, Soif, fait référence à ce qui pour elle se rapproche le plus de la foi, alors qu’elle déclare “être une mystique”, “traversée par une foi transitive”.
Amélie #Nothomb : "Quand on peut dire en quoi on a la foi, ça n'a aucun intérêt : j'ai la foi, je sens ça, c'est un courant vertical qui me parcourt depuis toujours" #le79Inter pic.twitter.com/OdxjkohdQ5
— France Inter (@franceinter) August 26, 2019
“Jésus n’est à aucun moment médiocre”
Dès les premiers mots, Amélie Nothomb commence de répondre à sa propre question : “J’ai toujours su que l’on me condamnerait à mort. L’avantage de cette certitude, c’est que je peux accorder mon attention à ce qui le mérite : les détails.” Et de commencer son roman par un procès durant lequel Jésus fait face à ses trente-sept miraculés. Ils parlent contre lui, sans vergogne.
Si elle prétend être parvenue à se mettre dans la tête du Christ juste avant sa crucifixion, Amélie Nothomb n’a pas toujours pris le parti le plus sage. Même si son propos demeure respectueux. On s’étonne en effet de savoir Jésus capable de mépris, quand elle écrit : “Taire mon mépris revenait à l’empêcher d’agir” ou encore : “Je suis un faux calme. Il m’a fallu beaucoup d’efforts pour écouter ces litanies sans réagir.” Mais Celui qu’elle considère comme le héros ultime n’est donc dans son livre “à aucun moment médiocre”, assure-t-elle à l’antenne, “je le montre pour ce qu’il est, celui qui accepte d’aller au bout de ses possibilités”. Reste que sa plume est remarquable et que sa foi, qu’elle se refuse à préciser, penche tout de même vers Jésus tout autant que sa main l’a été ces derniers temps.