La notion du paradis demeure essentiellement théologique. C’est ce qui explique peut-être pourquoi nous préférons parler du Ciel ou de la vie éternelle. "Vivre au Ciel, c’est être avec le Christ", rappelle ainsi le Catéchisme de l’Église catholique en s’appuyant sur l’Évangile : "Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ." (Jn 17, 3).
En réalité le mot "paradis", provenant du grec paradeisos signifie jardin clos. Il n’apparaît que trois fois dans la Bible, exclusivement dans le Nouveau Testament. Ainsi, dans l’Évangile de saint Luc, Jésus crucifié promet au bon larron d’entrer avec lui « aujourd’hui dans le Paradis » (Lc 23,43). Dans la lettre aux Corinthiens, saint Paul se décrit comme "emporté au Paradis". C’est là qu’il entend des "paroles ineffables, qu’un homme ne doit pas redire" (2 Co 12,4). Enfin, dans l’Apocalypse, il est promis à celui qui combat pour le Christ qu'il goûtera à l’arbre de la vie qui est "dans le paradis de Dieu" (Ap 2,7).
Mais comment alors concevoir aujourd'hui le Paradis selon notre compréhension contemporaine ? Dans son essai Le paradis à la porte : essai sur une joie qui dérange le philosophe Fabrice Hadjadj invite à imaginer le Paradis non pas "comme une plate éternité sans drames ni passions, mais comme une joie, exigeante et douloureuse, d’être présent à tous et de se savoir étreint par un Amour infini". Selon lui, cette vie éternelle n'est pas pour tous : même si Dieu veut que tout le monde y aille, n'accèderont au Paradis seulement ceux qui se laissent "déranger" par la joie. Le goût du Paradis, c'est la saveur de cette joie, ici et maintenant. Il conclut par ces mots : aller au Paradis, c’est "passer de la nuit de la foi à la vision de la gloire !"