Boris Johnson est le nouveau Premier ministre anglais depuis le 23 juillet dernier. Baptisé dans la religion catholique, cette information est loin d’être anecdotique dans le système politique anglais. Car il appartient au Premier ministre de nommer les évêques anglicans, or selon une loi datant de 1829, les catholiques n’ont pas le droit de conseiller le souverain pour nommer les responsables de l’Église officielle.La présence de l’Église anglicane est importante au sommet de l’État britannique. Si la Reine est le chef de cette Église officielle, c’est au chef du gouvernement qu’il revient de nommer officiellement les évêques anglicans de Grande-Bretagne. Or, selon une clause du Roman Catholic Relief Act de 1829 (la loi d’émancipation des catholiques), les catholiques ne peuvent pas conseiller le souverain pour nommer les responsables de l’Église anglicane. Par déduction, les catholiques seraient donc exclus de ce poste de Premier ministre. Pourtant, si la loi anglaise interdit aux souverains d’être catholiques romains, elle ne dit rien pour les chefs du gouvernement.
Né catholique, confirmé anglican
Mais les faits sont là, il n’y a jamais eu de Premier ministre catholique pratiquant en fonction au Royaume-Uni jusqu’à présent. Boris Johnson serait donc le premier à être catholique. Néanmoins, son cas ne semble pas poser de problème institutionnel aujourd’hui. Comme le révèle sa biographie, si Boris Johnson a été baptisé catholique, et est né d’une mère catholique, il a, dès l’âge de 9 ans, suivi une éducation anglicane en pensionnat et y a été confirmé. De plus, selon ses différentes déclarations publiques, il ne semble pas particulièrement proche d’une religion plutôt que d’une autre, jouant avec les références ou les provocations selon le contexte. La confession religieuse de Boris Johnson n’est donc pas un sujet pour ce nouveau Premier ministre dont la ligne de conduite sera essentiellement tournée vers le Brexit. Boris Johnson l’a en effet promis et répété, il fera définitivement sortir son pays de l’Union Européenne le 31 octobre prochain, se déclarant prêt à claquer la porte même sans accord.
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Tony Blair, converti au catholicisme
Pour trouver un Premier ministre anglais catholique, il faut remonter à 2007 et à Tony Blair, qui avait attendu la fin de son mandat pour annoncer sa conversion. À l’époque de cette annonce, le prêtre franciscain Michael Seed, qui célébrait la messe à Downing Street pour la famille Blair, avait expliqué la mentalité anglaise. “Il y a une attitude ridicule d’une petite minorité de Britanniques vis-à-vis des catholiques, une sorte de folie historique”. Cette attitude étant renforcée par le poids encore très important de l’Église anglicane dans l’État britannique. Le journal The Guardian avait avancé une explication: “les motivations des [hommes et femmes] politiques catholiques sont traditionnellement regardées avec méfiance par les non-catholiques, craignant qu’ils appliquent les ordres du Vatican plutôt que de leurs électeurs”. Au Royaume-Uni, pays de 65,6 millions d’habitants, 59,5% de la population est chrétienne, et parmi eux 5,7 millions disent être catholiques. Par ailleurs 32,9% des britanniques se dit sans-religion et 4,4% musulmans.
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