Chanteur et poète, punk et drogué, Daniel Darc, l’une des dernières figures du rock français, est décédé au début de l’année 2013. Un documentaire inédit à découvrir dès le 24 juillet, « Daniel Darc, pieces of my life », retrace une partie de son parcours à partir d’archives de son ami Marc Dufaud.« Virginie Despentes a écrit une chose très juste à mon sujet : seul Dieu pouvait le sauver, au moins Dieu », confie Daniel Darc vers la fin du film. Il savait que c’était vrai et on le comprend d’autant mieux après avoir vu ce dernier hommage de son ami Marc Dufaud, qui signe ici son troisième documentaire sur l’artiste, et de Thierry Villeneuve, co-réalisateur du film. Au fond des ténèbres, une lumière familière est venu le visiter. Daniel Darc est un punk qui a découvert la foi dans les années 1970.
Le prisonnier Daniel Darc
Ni biopic, ni hagiographique, ni même vraiment chronologique, le film se concentre sur quelques personnages et suit une cohérence liée à la vie du chanteur. De ses débuts avec le groupe « Taxi girl » dans les années 1980 à l’errance dans les rues de Paris, en passant par ses confidences de punk dans lesquelles la drogue et l’alcool reviennent souvent. L’acteur Daniel Ozoum est devenu prisonnier du personnage de Daniel Darc et peine parfois à être bien présent. Quand il évoque sa foi ou Dieu, c’est enfin avec un sourire aux lèvres, si rare sur son visage. L’enfant du rock est présenté dans son quotidien plus que dans ses succès, grâce aux images captées pendant près de 25 ans par Marc Dufaud.
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Un artiste en flammes
Entre des amitiés sincères d’enfants un peu perdus, comme avec son guitariste Georges Betzounis (alias Delaney Blue) qui est orphelin et son producteur et guitariste Frédéric Lo, le cheminement d’un homme fragile tout autant qu’artiste transparaît au fil des images. La sincérité de leur rapport à la musique est extrêmement touchant et nous ouvre à une autre vision de l’artiste torturé. Ensemble, ils créent de la beauté. Nul besoin de connaître l’artiste pour se plonger dans le film, monté comme un travail d’orfèvre. Le ton détonne assez avec les apparats et faux-semblants du temps pour risquer d’aller le voir, car Daniel Darc n’a pas triché sur sa vie ni dans sa recherche de lumière au milieu des ténèbres. « Les seuls êtres qui m’intéressent sont les fous, ceux qui brûlent comme des candélabres romains », est une phrase de Jack Kerouac que l’on pourrait bien lui prêter.
Le psaume 23
Les mots liés à la spiritualité ou à la grâce sont les rares piliers du chanteur. Il croit en Dieu, malgré tout et le dit. Sa vie ressemble à un enfer alors qu’il aspirait à goûter au paradis. Et le documentaire se termine sur les notes du « Psaume 23 », composé vers la fin de sa vie, alors qu’il commençait à être absent à lui-même et à la vie. Une chanson magnifique et d’une profondeur rare, dans laquelle le chanteur se livre et se remet à Dieu. En voici un extrait : « “Vois nos erreurs et sois notre vérité, vois nos égarements et sois notre route, vois le risque de notre mort prochaine. Sois notre vie, vois nos faiblesses, sois notre force, vois notre angoisse, sois notre paix, vois nos ténèbres et sois notre lumière. (…) Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer. (…) Il me conduit par les justes chemins pour l’honneur de son nom. Si je traverse les ravins de la mort je ne crains aucun mal, car Tu es avec moi. (…) Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie. J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. »
« Daniel Darc, pieces of my life », de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve, 1h40, le 24 juillet au cinéma.