Passades ou tragédies, les amours de vacances traînent souvent leur cortège de souffrance… Mais il est un moyen de faire des vacances un temps privilégié pour apprendre à aimer, sans se faire de mal. Ni en faire à d’autres.
Si, pour beaucoup de jeunes, les vacances sont particulièrement attendues, ce n’est pas seulement parce qu’elles sont un temps de repos, de jeux et de détente, mais aussi parce qu’elles permettent des rencontres fascinantes laissant espérer la naissance d’amours délicieux.
Pour certains, « les vacances, c’est le paradis terrestre avec ses délices et ses tentations ». Il est certain en effet que le seul mot de « vacances » fait rêver. Il est entendu qu’il y aura du soleil (ce qui n’est pas toujours garanti !), que l’on rencontrera inévitablement des garçons et des filles super, que les parents seront assez cool pour nous laisser sortir, que peut-être on rencontrera l’amour de sa vie.
Mûrs pour s’enflammer comme de l’étoupe !
Débarquant dans un coin enchanteur avec cette attente démesurée, le jeune est mûr pour s’enflammer comme de l’étoupe devant un beau minois, un doux baratineur ou une blonde aux yeux de biche. Le farniente des plages, les longues conversations à la terrasse des cafés, la disparition des inhibitions après quelques boissons alcoolisées, l’ambiance envoûtante de certaines soirées, ou même simplement un instant de promenade romantique au clair de lune, autant d’ingrédients qui font battre les cœurs et engrènent une amourette entre deux jeunes des plus sérieux.
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Le phénomène d’idéalisation qui joue presque toujours au départ d’un coup de foudre (même chez l’adulte) s’amplifie ici chez le jeune, qui a toujours de l’amour une image idyllique. Il est facile alors de craquer devant un être qui se présente sous son jour le plus sympathique, quand ce n’est pas dans la pénombre d’une boîte enfumée. On lui projette les qualités qu’il n’a peut-être pas. Parce qu’il a la façade, on pense qu’il a les meubles…
Ces amours d’adolescents ou de jeunes, que les parents jugent puériles et éphémères, sont souvent vécus avec une intensité, une authenticité, une force incroyables. Voilà pourquoi la rupture, classique au terme des vacances, peut être douloureuse au moins pour l’un des deux. On connaît les larmes des fins de vacances… malgré les promesses de s’écrire et de s’appeler.
En fait, chacun sent confusément qu’il faudra faire le deuil de cet amour, et se consolera en se disant : « C’est la vie… Les amours de vacances, c’est ainsi, il faut faire avec ». Heureux les jeunes qui ont cette lucidité avant les vacances, pour rester très prudents lorsqu’ils sont tentés de s’attacher trop rapidement, et être assez généreux pour ne pas entraîner une autre personne dans une relation sans lendemain.
Quand la pulsion mène le bal
Pour d’autres, « les vacances, c’est le champ de manœuvre de l’amour ». Que voulez-vous, pensent-ils, il faut que jeunesse se passe, et on est en vacances pour s’amuser. Après le travail, la détente. Après les contraintes de tous ordres, le défoulement. « Quoi de plus agréable que d’éveiller l’amour dans le cœur d’une fille ? » pensera le garçon. Surtout que visiblement la fille n’attend que ça, à en juger par ses comportements.
S’amuser, dans ce cas, qu’est-ce à dire ? Flirter ? Danser jusqu’au petit matin ? S’embrasser ? La relation sexuelle, même si elle n’est pas envisagée au départ, peut alors survenir tout naturellement, car la pulsion est là, très forte, et c’est elle qui mène le bal, surtout si le jeune préjuge de sa force et ne veut pas reconnaître ses limites.
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Les vacances alors se terminent parfois par une autosatisfaction de mauvais goût pour celui (celle) qui arbore ses succès, mais avec un goût amer pour ceux qui s’attachent et doivent faire le deuil d’un amour qu’ils avaient cru profond.
D’autres, victimes de déclarations amoureuses trompeuses, vous diront que « les vacances ne sont jamais qu’une jungle ». Il est en effet des jeunes qui en vacances n’ont qu’un seul but : draguer. Malheur à ceux ou celles qui, de bonne foi, se laissent prendre à leurs habiles boniments… Ces « hooligans du sexe » considèrent l’autre comme un gibier qui ne présente plus aucun intérêt une fois qu’il est tombé dans leurs filets. Ils aiment afficher la liste de leurs conquêtes, qu’ils méprisent dans leurs fanfaronnades.
L’amitié, voie royale vers l’amour authentique
La naïveté est dangereuse face à de tels « professionnels » ! Il va sans dire que les victimes peuvent être traumatisées par ce mépris. Mais il y a aussi les vacances qui peuvent être un temps favorable pour apprendre à aimer. Quand le respect et la prudence sont au départ de toute relation, chacun veille à être vrai. Chacun analyse loyalement ses sentiments. Avant de dire un « Je t’aime » trop rapide, il importe de prendre conscience que l’attrait, l’élan, le « tilt », si forts soient-ils, ne sauraient prétendre encore être le véritable amour, qui exige une connaissance tellement plus profonde de l’autre.
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En faisant patienter sa pulsion, en restant au plan de l’amitié, on apprend à se connaître et à connaître les personnes de l’autre sexe, plus que dans toutes les expériences du monde. L’amitié n’est-elle pas la voie royale qui peut conduire des jeunes vers les sommets lumineux d’un amour authentique ?
Père Denis Sonet