« Malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile ! », s’exclame saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens. Ayant le feu des convertis, celui qui a mis dans sa jeunesse tant d’ardeur à persécuter les chrétiens a finalement consacré toute son énergie durant le reste de sa vie à annoncer la Bonne Nouvelle dont il était amoureux. La nécessité de partager la Vérité le pousse bien vite à prendre le large. Le disciple missionnaire, qui n’a pourtant pas connu le Christ, a parcouru des kilomètres pour annoncer le Sauveur, rencontré lors d’une apparition sur le chemin de Damas.
Entre 44 et 58, il sillonne le bassin méditerranéen avec zèle en trois voyages. Il fonde les premières communautés chrétiennes qu’il encourage, accompagne, conseille et enseigne au travers de nombreuses épîtres. Dans toutes les villes d’Asie mineure, il porte ce message de conversion de la pensée et de l’action. Son unique joie devient d'annoncer et vivre pour le Christ. Son rêve, de souffrir et mourir pour Lui. On serait tenté d’écrire que saint Paul a eu la chance de profiter de la Pax romana, période exceptionnelle de paix pour tout l’Empire pour voyager et ayant une Église toute entière à construire. A cette époque, il y avait donc de quoi évangéliser ! Aujourd’hui, l’Occident comme l’Orient ont bien changé et le chrétien contemporain peut se demander ce que saint Paul peut lui apporter. Et pourtant, saint Paul, même 2000 ans plus tard, ne manque pas de conseils pour le missionnaire des temps modernes !
Eviter l'obstacle du découragement
Il suffit de lire les épîtres de saint Paul pour y trouver un manuel d’évangélisation. Les axes pastoraux choisis sont toujours valables aujourd’hui, souligne le Père Pierre-Marie de la communauté des Serviteurs de Jésus et de Marie dans une méditation publiée sur le site de la communauté. La première caractéristique de l’évangélisation paulinienne est qu’elle est enracinée dans la vocation. Sans sa lettre à Timothée par exemple saint Paul invite à faire mémoire des dons de Dieu et d’en témoigner. Il faut lui-même mention de sa propre vocation pour encourager ses auditeurs et lecteur dans l’annonce de l’Evangile.
Saint Paul parle aussi d’un obstacle qui se présente régulièrement à tout missionnaire, même le plus zélé : le découragement. Saül rappelle que le don vient de Dieu et non des qualités humaines. Il ne faut donc pas décourager de soi-même, mais se souvenir que tout vient de Dieu. « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi », écrit l’homme de Tarse dans sa lettre aux Corinthiens.
L’apôtre du Christ crucifié
Bien souvent, les embûches semées sur le chemin du missionnaire freinent son ardeur. L’auteur des épîtres insiste que la fécondité apostolique des difficultés du ministère, souligne encore le Père Pierre-Marie sur le site de sa communauté. « Ainsi donc, la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous. Car tout cela arrive à cause de vous, pour que la grâce, se multipliant, fasse abonder l’action de grâce chez un plus grand nombre, à la gloire de Dieu. » (2 Co 4, 8-14).
On désigne souvent saint Paul comme l’apôtre du Christ crucifié. La croix est en effet au cœur de sa prédication. « Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. (...) Où est-il, le sage ? Où est-il, l’homme cultivé ? Où est-il, le raisonneur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?" (1 Co 1, 17-20)». Si l’homme d’aujourd’hui a des difficultés à annoncer la fécondité de la croix dans une société prônant le plaisir, le bonheur facile, et le culte de l’épanouissement personnel, il doit se souvenir qu’il y a 2000 ans aussi la croix apparaissait comme une folie !
Enfin, saint Paul nous propose une évangélisation incarnée : il choisit de « se faire tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns » (1 Co 9, 15-22). Le monde moderne nous presse de cette évangélisation où l’homme qui annonce la Bonne Nouvelle se fait tout proche de l’autre, tout en se laissant habiter par une transcendance qui le dépasse mais s’incarne en une personne : Jésus.
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