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Progressistes contre populistes : le face à face mortifère

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Le 26 mai 2019 lors des élections européennes.

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François Huguenin - publié le 26/06/19
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Les dernières élections européennes ont confirmé la tendance des présidentielles : une nouvelle bipolarisation populistes/progressistes vient supplanter l’ancienne opposition droite/gauche. Si cette dernière était souvent stérile, le nouvel état des lieux s’avère mortifère.

Les dernières élections européennes ont confirmé la tendance des présidentielles : une nouvelle bipolarisation populistes/progressistes vient supplanter l’ancienne opposition droite/gauche. Si cette dernière était souvent stérile, le nouvel état des lieux s’avère mortifère.

La démocratie française se porte mal. Il y a deux ans, pour la seconde fois en quatre présidentielles, les électeurs avaient eu le choix entre un choix et un non-choix lors d’un second tour joué d’avance. Cette aberration a même été entérinée par les électeurs lors des récentes européennes. Massivement, ils ont reconduit cette nouvelle bipolarisation dans les urnes, la percée écologiste étant encore insuffisante pour la contester. Après le Parti socialiste, pulvérisé par Emmanuel Macron en 2017, les Républicains ont fait les frais de l’implication présidentielle dans la campagne. En durcissant l’alternative entre la voie du progrès et celle du repli, le Président se pose en unique recours face au Rassemblement national. Cette stratégie d’une efficacité redoutable est cependant suicidaire pour la France.


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Retour en arrière

Ce calcul en effet est loin de constituer une avancée pour notre pays puisque le clivage politique populistes/progressistes retourne en arrière, dans une situation de lutte des classes bien plus totale que l’ancienne division droite-gauche. Naguère en effet, la droite, dans sa composante héritée du gaullisme, avait un électorat varié, recruté dans les différentes catégories de la population : artisans, petits commerçants, cadres moyens, employés, paysans, et même ouvriers, pouvaient voter à droite. Aujourd’hui, la séparation sociale est totale. Ceux qui profitent de la mondialisation et du capitalisme déréglé, y compris de nombreux catholiques, votent pour leur intérêt financier, en faveur de LREM. Ultra majoritairement recrutés dans les territoires perdus de la République, puisque la gauche a, depuis 1983 abandonné le social pour, avec François Hollande, se consacrer au progressisme sociétal, les exclus du système n’ont d’autre choix que de voter pour le RN.

Un piège inextricable

Le piège, pour la droite, est inextricable. Entre Emmanuel Macron qui fait le job comme personne en faveur des plus riches et le RN qui cristallise toutes les amertumes et toutes les rancœurs d’une société à l’abandon, on voit mal ce qu’elle a à proposer. La stratégie Philippe, Lemaire, Pécresse revient à se livrer pieds et poings liés au président de la République. La stratégie Buisson, que Nicolas Sarkozy au pouvoir a échoué à faire vivre, est quant à elle très ambiguë. Est-elle le conservatisme libéral porté par Marion Maréchal ou le souverainisme post-séguiniste d’un Julien Aubert ? Ces deux voies sont assez difficiles à allier. Et comment éviter qu’elles ne profitent in fine à un RN qui a toujours balancé sans trancher entre un discours d’extrême-droite classique incarné par son fondateur et un populisme aux accents de gauche incarné par Marine Le Pen ? Quant à ceux qui, regardant audacieusement dans le rétroviseur, assurent que la droite a toujours été plurielle et qu’elle doit rassembler ses différentes familles, ils oublient qu’entre le vieux RPR et l’antique UDF, il y avait un accord sur ce que devait être notre société, notamment face au socialisme. Aujourd’hui, il est assez peu probable que Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy, Xavier Bertrand et Christian Jacob partagent une vision commune de la France et des principaux enjeux de notre politique, et, pour le dire plus profondément, d’une conception du bien pour notre société.


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Assumer le meilleur

La droite n’a d’autre solution que de se refonder en profondeur. Elle ne peut le faire qu’en prenant le meilleur dans ses différentes traditions. Le patriotisme et le souci social du gaullisme, la défense des libertés publiques hérités de la grande tradition libérale, et la préservation de notre culture bâtie sur le socle judéo-chrétien et la pensée gréco-latine chère aux conservateurs. En assumant son héritage gaullien, elle ne laissera pas l’extrême-droite instrumentaliser l’amour du pays et la défense des plus pauvres. En revendiquant une droite humaniste soucieuse des libertés publiques, elle sera un rempart contre les tentations d’une inflation législative liberticide prônée par un pouvoir privé de contre-pouvoirs. En assumant le meilleur de la pensée conservatrice, elle pourra lutter contre la surenchère des lois sociétales, en défendant le statu quo des lois actuelles contre les revendications extrémistes, et pourra assumer un discours écologique résolu, non idéologique, pleinement humain qui ne saurait être l’apanage de la gauche.

Condamnée à se réinventer

On pourra rétorquer que cette droite ne serait plus la droite ! Mais elle ne serait pas la gauche non plus. À la vérité, la droite paresseuse d’autrefois, syndicat de gestion de prébendes et alliance opportuniste de gouvernement n’a plus beaucoup d’avenir. Les Français n’en veulent plus, comme ils ne veulent plus d’une gauche sans valeur. Il est assez probable que la droite de demain ne ressemble guère à celle d’hier, comme celle de 1958 était bien différente de celle de 1899 ou de celle de 1830 ! Si elle renonçait à se réformer, elle se condamnerait à disparaître, laissant le concept même de droite en dépôt au RN qui n’attend que l’après Macron pour se poser en seule alternative possible. Que la droite se réforme n’est pas seulement vital pour la droite, mais pour la France.


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