Le Super U de Thourotte (Oise) propose tous les mardis à ses clients une tranche horaire silencieuse et tamisée afin de permettre à ceux qui ont besoin de calme, et spécialement les personnes autistes, de faire leurs courses en toute quiétude.“L’arrivée de notre petit-fils atteint de trisomie 21 il y a trois ans a changé mon regard sur le handicap”, explique Nadia Blaise à Aleteia. En plus d’être les grand-parents de Hugo, Nadia et son mari David sont les gérants du Super U de Thourotte (Oise) depuis un peu plus de deux ans. Ce magasin de 3.500 mètres carrés de surface a développé un programme spécial d’accueil des personnes handicapées. “Cela n’arrive pas qu’aux autres. Mais même avec un handicap, on peut continuer à vivre”, poursuit-elle. “C’est à nous de nous adapter. Or, avec notre magasin, nous sommes en mesure d’accueillir des clients. Nous pouvons aller au-delà du handicap et adapter le lieu”. Leur projet est bien de “permettre à des personnes avec un handicap d’effectuer des achats dans de meilleures conditions”, dixit son époux. Une idée qui a pu se concrétiser grâce à l’accompagnement de L’Éclosion bleue, une association spécialisée dans l’autisme.
Deux heures hebdomadaires
Ainsi, chaque mardi, depuis le début du mois de juin, leur hypermarché de Thourotte propose un aménagement spécial pour les personnes autistes, et plus largement pour tous ceux qui ont besoin de calme. Concrètement, de 13h30 à 15h30, le personnel coupe au maximum les lumières artificielles, éteint la musique, cesse les appels au micro et diminue le bruit des “bip” des caisses. On sait en effet que de nombreuses personnes autistes développent une hypersensibilité auditive et visuelle. Bref, c’est une “simili-retraite” en silence de deux heures que propose ce singulier magasin.
“Le bruit engendre le bruit et le fait qu’il n’y ait pas de musique apaise complètement l’ambiance.”
“Nous touchons beaucoup de personnes qui ont un besoin particulier de calme. Cela leur permet de faire leurs courses sans être agressés par le bruit et par les “bip”. Cette sérénité a même un impact sur l’attitude des enfants, notamment ceux en bas âge, qui sont moins énervés”, précise Nadia Blaise, qui a reçu des retours très positifs aussi bien de la part de couples retraités que de parents avec de jeunes enfants. Qui n’a jamais rêvé de pouvoir déambuler du rayon charcuterie au présentoir à fromages avec son petit dernier paisiblement endormi sur son caddie de supermarché ? La gérante attentive note la délicatesse dont elle est témoin pendant ces deux heures hebdomadaires plus silencieuses. “Instinctivement, les gens sont plus attentifs. Quand ils posent une bouteille de verre dans leur caddie, ils le font avec plus de soin, ils parlent instinctivement plus bas, un peu comme on le ferait dans un hôpital”. Et même les équipes du magasin apprécient. “Le bruit engendre le bruit et le fait qu’il n’y ait pas de musique apaise complètement l’ambiance. Quand on la remet, on voit que les gens se remettent à poser les objets plus brutalement”, note David Blaise.
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Le personnel était du reste déjà engagé auprès des personnes handicapées. Le 21 mars, il organisait un concours de chaussettes dépareillées pour la journée mondiale de la trisomie 21. De plus, la grande surface a investi dans des chariots adaptables aux fauteuils roulants et des perches pour attraper des produits en hauteur. Le personnel a profité de formations sur l’autisme, comprenant notamment un apprentissage des signes basiques du Makaton, cette méthode gestuée qui permet de surmonter les difficultés de langage. Un investissement qui permet, selon Nadia Blaise, de “donner une autre image de la grande distribution”.