Savant, traducteur d’Aristote, évêque de Lisieux et conseiller de Charles V, Nicolas Oresme a été l’une des figures marquantes du Moyen Âge. Si son nom n’a pas traversé les siècles, il est considéré comme le premier à avoir théorisé la monnaie. Son nom ne vous évoquera probablement pas grand-chose. Pourtant, ce qu’il a théorisé il y a plusieurs siècles baigne encore notre quotidien. Évêque de Lisieux de 1377 à 1382, Nicolas Oresme a publié aux alentours de 1355 De moneta (Traité des monnaies, ndlr), une véritable petite révolution pour l’époque. Dans ce document le prélat affirme que la monnaie n’est pas la chose du Prince mais « appartient à la communauté et à chacune des personne qui la composent ».
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Il s’élève en particulier contre les dévaluations monétaires auxquelles les princes ont souvent recours. Les manipulations monétaires y sont ainsi sévèrement critiquées. En effet, conséquence de cette conception, « le cours et le prix des monnaies doivent être au royaume comme une loi et une ferme ordonnance, qui nullement ne se doit ni muer ni changer ». D’autre part, selon lui, si la mutation monétaire est envisagée, le procédé « n’est pas contre nature ni comparable à l’usure, du moment que ce n’est pas le prince qui le fait mais la communauté même à qui appartient cette monnaie ».
Le règne de Charles V, une relative stabilité monétaire
Publié aux alentours de 1355, ce Traité des monnaies est considéré par beaucoup comme « le premier ouvrage strictement économique de l’histoire ». Et il a été mis en application dans la foulée : le retour d’une relative stabilité monétaire sous le règne de Charles V, dont il fut tour à tour le précepteur et le conseiller, est à mettre à son crédit. « Nous avons, pour donner des conseils à la majesté royale, des hommes illustres et super-illustres, lettrés, sages et savants dont les pensées et les actions sont l’honneur du monde », écrira par la suite le roi pour rendre hommage à ses conseillers.