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En Jordanie, des missionnaires envoyés pour rétablir la paix… entre chrétiens

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Il y a quarante-six ans, une poignée de missionnaires italiens était envoyée dans un bourg jordanien pour apaiser les conflits entre deux communautés chrétiennes. Depuis, leur présence aimante continue de bouleverser les cœurs.Il faut pousser la grille du jardin de l’église de la petite ville de Ma’in à quelques encablures d’Amman, la capitale jordanienne, pour le croire. On peut en effet y observer sept missionnaires italiens prier consciencieusement les vêpres en arabe sur une mélodie grégorienne. Curieux et savoureux mélange que cette psalmodie à mi-chemin entre Orient et Occident. Dans l’assemblée, des chrétiens jordaniens les accompagnent d’une voix forte, tandis qu’au dehors, retentit l’appel à la prière du muezzin.



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Si la paix et la sérénité semblent toujours avoir habité ce lieu, c’est pourtant loin d’être le cas ! Il y encore quelques décennies, latins et melkites se menaient une guerre sans merci. Les tensions ont éclaté sans raison majeure si ce n’est à cause de leurs différences culturelles. La situation s’est dégradée à un tel point qu’un matin, les catholiques latins ont retrouvé leur église profanée… Une situation qui les a plongé dans un profond désespoir.

Un seul remède à ce conflit : la prière

Ne sachant plus comment résoudre le problème, Mgr Jacques Beltritti, alors Patriarche de Jérusalem, décide de faire appel à un médiateur parfaitement adapté à la situation : des religieux contemplatifs. C’est ainsi qu’il a pensé à “La Petite famille de l’Annonciation”. Ces hommes et ces femmes habités par la prière pourront, il l’espère, transformer les cœurs. En deux temps trois mouvements, ces Italiens de Bologne se retrouvent alors immergés dans le quotidien de cette petite ville jordanienne. Patiemment, ils briquent les vestiges de l’église latine restée à l’abandon. Peu à peu, ils s’habituent à vivre dans des conditions précaires avant la construction d’un petit couvent. “Nous vivions comme des bédouins”, raconte ainsi le père Athos, l’un des missionnaires. Enfin abrités par un toit, ils essuient d’abord un accueil glacial de la part des Jordaniens. Mais leur élan missionnaire est prêt à braver toutes les tempêtes…


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Pour se faire accepter et apaiser les tensions, le remède de ces Italiens se résume à un seul et même mot : prier. D’arrache-pied, ils récitent le chapelet et chantent la liturgie des heures. Ils prennent tellement à cœur leur mission qu’ils délaissent leur langue natale pour apprivoiser l’arabe ! Charmés par cette vie contemplative, latins comme melkites se pressent petit à petit dans la nouvelle église inaugurée en 1974. Si celle-ci est d’abord destinée aux latins, les missionnaires y accueillent à bras ouvert les fidèles melkites, en manque de prêtres. Et si certains melkites sont méfiants à l’idée de confier leurs enfants à des latins, qui plus est étrangers, la patience et la douceur des missionnaires achèvent de les convaincre. Sur les ruines de l’ancienne église profanée, les missionnaire élèvent un authentique lieu de paix et de réconciliation.

Seule la présence et la prière comptent

Portés en triomphe pour avoir ramené le calme à Ma’in, les missionnaires ont ainsi acquis une réputation d’hommes de prière dans tout le pays. À tel point que des familles chrétiennes viennent aujourd’hui de loin pour se ressourcer auprès de cette communauté. “Notre église ne propose pas d’activité ; seule la présence et la prière comptent et c’est cela qu’ils viennent chercher”, explique sœur Élisabeth, une religieuse contemplative ayant rejoint l’aventure.

Enfin, cette vie tournée vers Dieu constitue un témoignage pour toute la communauté musulmane, attentive à ce ballet liturgique. Il n’est donc pas rare de voir l’une de ces familles venir implorer la bénédiction d’un missionnaire ! Déjà connue comme un lieu de ressourcement pour le corps grâce à ses sources chaudes, Ma’in est devenue grâce à ces missionnaires un lieu de vivification pour les âmes. Tel un baume, la prière de ces Italiens apaise les cœurs de tous ceux qui s’y arrêtent.

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