Construire son couple comme on bâtit un chalet en montagne. C’est parfois périlleux, difficile, et cela ne se fait pas en un jour ! Cependant, avec de bonnes fondations et de bons outils, il dure et ne croule pas sous la tempête. Voilà l’intuition du père Denis Sonet, qui l’a amené à définir les grandes étapes de la construction d’un couple solide et durable.Le père Denis Sonet, décédé il y a bientôt quatre ans, a transmis durant toute sa vie de précieux enseignements sur le mariage et la vie de couple. Des enseignements décapants, accessibles, et toujours d’actualité pour qui désire préparer ou consolider son mariage. Sa pensée aboutit à une belle allégorie, celle du « chalet de l’amour », développée dans son livre Construisons notre amour (Le Livre Ouvert, 2006), qui se veut être un guide pour la construction d’un couple.
Une métaphore qui fait pleinement écho au message du Pape François pour les fiancés :
“Chers fiancés, vous êtes en train de vous préparer à grandir ensemble, à construire cette maison pour vivre ensemble pour toujours. Vous ne voulez pas la fonder sur le sable des sentiments qui vont et viennent, mais sur le roc de l’amour vrai, l’amour qui vient de Dieu.”
Le livre ressemble à une parabole où « l’Amour est semblable à un beau chalet que l’on désire construire sur une montagne ensoleillée ». Pour cela, l’amoureux se doit d’être un véritable architecte, car au moment de la préparation au mariage, l’amour n’est pas fait, il est à faire, comme « une maison à concevoir, bâtir, entretenir et souvent réparer », selon les mots du père Michel Quoist. Quelles sont les grandes étapes de cette construction ?
1La volonté de durer
« Nul ne se lance dans la construction d’un chalet sans s’engager à tout faire pour terminer l’ouvrage », fait remarquer Denis Sonet. Pour le mariage, c’est pareil : ce qui fait un couple, c’est sa volonté de durer. Cela exige de faire confiance, en l’autre et en l’amour, malgré la part d’imprévu que comporte la vie. Cela exige un engagement, de la part des conjoints, qui ne peut tenir sans désir (éros) et sans don (agapè).
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2Un terrain à défricher
Pour construire un chalet, il faut un terrain. Le terrain du couple, c’est le passé, l’histoire et l’éducation qui ont façonné chacun des conjoints. Le père Sonet invite à prendre du recul par rapport à cet héritage familial, non pas en le copiant ou en le refusant, mais en triant le bon et le moins bon, pour créer du neuf, de l’unique : un nouveau couple !
3Les fondations : l’amour de soi
« Pour aimer vraiment l’autre, il faut d’abord s’aimer soi-même », souligne le père Sonet. L’estime de soi est importante dans le couple, sans quoi, on peut devenir jaloux, ou se dévaloriser jusqu’à croire difficile qu’un autre puisse nous aimer.
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4Quatre piliers indispensables
Sur le socle de l’amour de soi, peuvent alors s’ériger quatre piliers nécessaires à une vie de couple saine et durable. La communication, en tant qu’expression de ses ressentis, en tant que verbalisation de son amour, pour atteindre la communion des cœurs et des esprits. La tendresse, manifestée par des paroles, des gestes et des symboles chaleureux, empathiques. La sexualité, comme la joie de s’abandonner et de se donner à l’autre. Et le projet commun : un idéal conjugal que le couple entend construire à deux : une famille, un foyer ouvert aux autres, un service…
5La chambre conjugale : le « nous »
Sur les quatre piliers, il est possible désormais d’édifier la partie haute du chalet : la chambre haute de la communauté conjugale, où s’épanouit le couple, cellule unique et inédite, et où, comme une voûte en perpétuel équilibre, s’entrelacent richesses et imperfections, désirs et craintes. Un juste équilibre à trouver, aussi, entre le désir de ne faire qu’un et celui de rester soi-même.
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6Les poutres de renfort
La chambre haute pèse lourd, et ce durant toute une vie de couple, sur les piliers. Ces derniers doivent donc être renforcés par des barres de soutien que les architectes appellent « jambes de renfort ». À chaque pilier son renfort. On trouvera donc l’acceptation de la différence pour soutenir le pilier de la communication. La fantaisie au pilier de la tendresse. L’acceptation de l’imperfection à celui de la sexualité. Et la volonté d’aimer comme renfort au projet commun. Parce qu’« aimer, c’est vouloir aimer », rappelle Denis Sonet.
7Quelques accessoires utiles pour le toit
Ne pas oublier la cheminée du pardon, pour que puisse s’évacuer chaque soir la fumée des rancœurs et des incompréhensions. La faîtière de la fidélité, pour le sentiment de confiance qu’elle apporte. Et une antenne parabolique, pour recevoir l’appel des autres, de ceux qui souffrent notamment, et de l’Esprit saint.
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8Un chalet devenu « petite Eglise »
Une fois le chalet terminé, ses habitants demeurent heureux si ses portes restent ouvertes : ouvertes aux amis, ouvertes à la vie, ouvertes au Seigneur. Par la grâce du sacrement de mariage, ce chalet devient une petite Église, signe lumineux de l’Amour qui vient du Seigneur.