« Merci pour votre exemple de fidélité », lit-on parfois dans la partie “Remerciements” des livrets de messe de mariage. Remerciements adressés aux grands-parents, remerciements admiratifs, presque effarés, de tant d’années passées côte à côte.Que celui qui n’a jamais retourné un livret de mariage pour regarder les remerciements pendant que l’homélie s’étire me jette la première pierre. On y lit la longue liste des témoins. On les aperçoit, d’ailleurs, au loin, près des mariés. Il y a le cortège, qui se tortille sur un banc. Puis la chorale, la soliste, l’organiste. À défaut de les voir, on les entend. Il y a aussi le prêtre qui officie, comment le rater. Enfin les parents, émus et épuisés. On les a déjà salués à l’entrée. Et puis, parfois, cette petite phrase à l’attention des grands-parents. Ceux-ci sont là, ou pas, certains n’ont pas pu se déplacer, ils sont souvent très discrets. Pourtant, ils sont les piliers. Ceux sans lesquels rien n’aurait été possible, comme on dit à la cérémonie des Césars : « Merci pour votre exemple de fidélité. »
C’est le mariage durable, dont on déplore la disparition avec nostalgie mais fatalisme comme celle de l’électroménager deutsche Qualität : « Ah ! n’espérez pas garder votre lave-linge quinze ans ! C’est fini ce temps-là, ma p’tite dame ! », prévient le plombier. Votre mariage non plus.
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Les explications les plus baroques sont avancées : « Les gens vivaient moins longtemps », comme si vos aïeux avaient attendu avec une impatience menaçante le décès de l’autre (s’il s’avise de s’accrocher une année de plus, je claque la porte !). « Mamie était une sainte », comme si la vie matrimoniale s’apparentait à un long martyre, entre bûcher et fosse aux lions, qui nécessiterait des vertus héroïques réservées à une poignée d’êtres supérieurs. « On ne divorçait pas parce que ça ne se faisait pas », comme si vos grands-parents, en réalité, ne pouvaient pas s’encadrer et se pinçaient sournoisement dès que vous aviez le dos tourné.
Ils ne sont ni des héros, ni des masos, mais sont sûrement très touchés par cet hommage reconnaissant.
Gabrielle Cluzel