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L’amour peut-il renaître au sein d’un couple ?

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Edifa - publié le 26/05/19
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Le Père Denis Sonet (1926-2015), grand spécialiste des questions amoureuses, répond à la douloureuse interrogation de cette femme : « C’est simple : je n’aime plus mon mari. Je me sens coupable, mais c’est ainsi, je n’y peux rien. L’amour pourrait-il renaître ? » Y a-t-il plus grande souffrance dans un couple que celle de réaliser que l’un des conjoints a cessé d’aimer ? Souffrance horrible pour celui qui essaie vainement de réveiller un amour éteint. Souffrance pour celui qui n’aime plus, souvent le premier à souffrir de son indifférence, et de son impuissance à retrouver un sentiment évanoui.

Inventorier les causes possibles du désamour

Peut-être est-il opportun, dans un premier temps, d’inventorier les causes possibles de cette crise dans le couple. Elles sont multiples et s’additionnent souvent. L’absence d’amour le jour du mariage : on a fait un mariage de raison, espérant que l’amour viendrait en cours de route. En vain ! La perte d’admiration pour le conjoint : explicable, bien sûr, s’il a eu un comportement répréhensible particulièrement grave ; mais présente également dans un couple une fois terminée la phase d’idéalisation de l’amour débutant. On avait tellement rêvé ! Tellement projeté sur l’aimé toutes les qualités qu’on attendait de l’époux parfait qu’une certaine désillusion devenait inévitable. Or, il est difficile d’aimer de nouveau quelqu’un au sujet duquel il n’est plus possible de fantasmer !



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Je vois aussi l’enlisement dans la routine, dans l’ennui mortel, en sorte que, dans la grisaille du quotidien, le conjoint a perdu de son aura, de son charme, de son attrait. Autre cause, l’investissement affectif trop fort vers un tiers : vers l’enfant, par exemple, qui peut très bien drainer vers lui toute la tendresse d’une mère ; ou vers un ami d’aujourd’hui ou d’un passé lointain, auquel on peut être attaché inconsciemment, platoniquement, mais profondément. L’attente du conjoint parfait, de cette personne merveilleuse et idéale qui, un jour, ne manquera pas de traverser notre route. La chute du désir sexuel (pour des raisons multiples), qui peut laisser croire que l’amour a disparu puisque l’élan n’est plus au rendez-vous. Etc…

Un amour peut-il naître de rien, ou renaître de ses cendres ?

Même si la cause repérée de la désaffection peut éclairer le problème, il reste qu’elle ne peut éluder la question difficile s’il en est : un amour peut-il naître de rien ou renaître de ses cendres ? Question qui peut paraître sans réponse si l’on songe que l’amour ne jaillit par sur commande, que n’existe aucun philtre pour le faire apparaître, qu’existe en tout amour une part d’irrationnel, de mystérieux, de « bohème », qui refuse d’obéir aux injonctions des raisons les meilleures du monde.



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L’amour ne s’impose pas

Dès lors, puisque l’amour ne s’impose pas (et Dieu lui-même ne l’a pas imposé à l’homme, c’est bien là toute la dramatique humaine !), la seule voie possible reste peut-être de se placer dans les conditions où l’amour pourrait jaillir. Et la première condition est de cesser de rêver. Tant que subsiste dans l’inconscient l’espérance de trouver un jour sur sa route le prince charmant (connu ou espéré), le besoin d’aimer qui est en tout cœur ne peut se transférer sur le mariage. Il y a un « curetage » de ses fantasmes indispensable pour rester disponible au jaillissement de l’amour pour le conjoint. Imaginez deux naufragés qui se retrouvent seuls pendant vingt ans sur une île déserte : il est probable qu’ils s’attacheront l’un à l’autre, faute de choix ! Comme quoi, dans certaines circonstances, on peut aimer n’importe qui, donc son conjoint !

La deuxième condition est de ne pas se sentir « forcés » à aimer. L’amour ne jaillit que dans la liberté. Plus le mal-aimé fera pression pour susciter l’amour, et plus l’amour se fera attendre. La troisième condition ? Une meilleure analyse de ce qu’est véritablement l’amour. L’amour n’est pas seulement attrait, élan, mais aussi volonté d’aimer. Il ne faut pas confondre l’amour adolescent, qui fait prédominer les sentiments, et l’amour adulte, qui fait prédominer les actes.


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À quel moment le conjoint est-il le plus amoureux ? Quand il éprouve un élan spontané (et intéressé) vers l’autre ? Ou lorsqu’il fait l’effort de parler pour répondre à sa demande alors que lui-même n’en ressent pas le besoin ? Certes, le sentiment est essentiel, mais, justement, il peut s’engouffrer dans la brèche d’une belle générosité. Un « vouloir aimer », généreux et spontané, peut acheminer le couple vers une tendresse maîtrisée, puis plus tard pourquoi pas ? vers un amour retrouvé, et sûrement plus mûr, plus vrai.

Enfin, quatrième condition, l’amour, surtout chez la femme ayant besoin d’admiration, la communication retrouvée peut permettre la redécouverte des trésors enfouis au cœur de l’autre. Une vraie communication, qui n’est pas palabres pour meubler, mais expression de son ressenti et du meilleur qui est au fond de soi, est révélatrice du merveilleux de la personne.

Tout homme est un infini

Tout homme (donc son mari !) est un infini. Une vie ne suffit pas à en faire le tour, il y faudra l’éternité ! Comme il serait bon que chaque conjoint soit persuadé qu’il vit à côté d’un trésor (hélas, enfermé souvent derrière une carapace de pudeur), un trésor à découvrir par le « sésame » de la communication.

Mais alors, quelle surprise ! chère Madame, lorsque, dans l’Éternité, vous découvrirez à la fois votre conjoint, petit prince charmant enfin débarrassé de ses oripeaux terrestres et de sa carapace, et l’Époux parfait dont vous aviez rêvé, le Christ, le seul Prince qui peut avoir la prétention de combler les insatisfactions d’un cœur humain !

Père Denis Sonet

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