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Le bestiaire de la Bible : la Licorne

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 14/05/19
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Les qualificatifs ne manquent pas pour présenter la licorne, elle qui a de tout temps fasciné par son caractère mystérieux, fabuleux et indomptable… Présente dans l’Ancien Testament à de nombreuses reprises, le Moyen Âge en fera l’un des animaux les plus singuliers, symbole de pureté et de virginité comme l’attestent les fameuses tapisseries de La Dame à la Licorne… La licorne a su traverser les siècles en nourrissant les légendes qui lui sont associées, et ce jusqu’à aujourd’hui où elle continue encore d’inspirer les artistes.Un animal fabuleux remontant aux temps antiques. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la licorne est loin d’être un animal né de l’imaginaire médiéval chrétien. L’art chaldéen et mésopotamien — sans oublier la Chine et l’Orient, ont également livré des témoignages de cet être fabuleux à corps de cheval, tête de cerf et surtout doté d’une seule corne caractérisant définitivement la licorne tel que la décrira Pline l’Ancien dans sa fameuse Histoire naturelle. Au IIe siècle de notre ère, Philostrate la présente comme un animal extraordinaire vivant aux abords des marais du fleuve Phasis et dont l’ardeur au combat n’a pas d’égal.



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L’Ancien Testament et la licorne

La Bible se réfère plusieurs fois à la licorne que l’on retrouve, il est vrai, plus ou moins selon les traductions ! Il est probable, en effet, que cet animal mythique ait été aussi confondu avec un taureau sauvage ou un buffle, ce qui expliquerait les nombreuses ambiguïtés des traductions passant du narval au rhinocéros, à l’oryx ou autres antilopes… La Septante évoque cet animal par le terme monocéros, une seule corne, expression reprise par saint Jérôme pour la Vulgate avec l’expression unicornis  et qui donnera licorne dans notre langue. Le livre des Nombres fait le parallèle entre sa puissance et Dieu, une force également soulignée par le Deutéronome soulignant ses cornes redoutables. Doivent être ajoutées à ces textes les nombreuses références données par les Psaumes et le livre de Job.

Raphaël Dame à la licorne

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Dame à la licorne, Raphaël, Galleria Borghese.

La légende appréhendée au-delà du Moyen Âge

Si la physionomie de la licorne peut être plurielle selon les sources, toutes s’accordent néanmoins sur son tempérament fougueux et indomptable. Seule une vierge pouvait apprivoiser cet impétueux animal irrésistiblement attiré par un cœur pur et un corps vierge. Ce trait allait nourrir l’imaginaire médiéval avec notamment la fameuse Dame à la Licorne mais aussi le Roman d’Alexandre qui relatera sans tendresse les moyens de capturer l’animal et de le mettre à mort grâce à ce perfide subterfuge… Car la corne de la licorne était dotée d’étonnantes vertus curatives soignant blessures, empoisonnements et autres maladies. Vertu qui fut en réalité conjurée par la corne d’un véritable cétacé vivant dans les mers et doté d’une longue défense vrillée, ce qui perpétua ainsi sa légende bien au-delà du Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle. Posséder une corne de ce rare animal faisait même la fierté du cabinet de curiosités de tout humaniste.

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"À Mon seul désir", La Dame à la licorne, musée national du Moyen Âge-Thermes et hôtel de Cluny, Paris.

Un symbole christique

La théologie s’est aussi emparée de la licorne retenant une image moins utilitariste rapprochant sa puissance de celle divine telle que le fit initialement l’Ancien Testament. Le Moyen Âge avec Guillaume de Normandie ou de Caumont allait compléter ces représentations théologiques en unissant l’image christique à la licorne et Marie à la vierge.



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Une éternelle fascination

La représentation de la licorne par les artistes est infinie, des premiers temps jusqu’à nos jours. Soulignant ce lien indéfectible entre l’indomptable animal et la femme, elle apparaît dans les tapisseries médiévales mais aussi l’héraldique qui y puisera une profusion de blasons. Les peintres de la Renaissance prolongeront cet héritage de chasteté telles ces délicates représentations de Raphaël ou de Luca Longhi alors qu’au XIXe siècle. Gustave Moreau osera une plus grande érotisation. Jean Cocteau lui consacrera un ballet dans les années 50, suivi par des artistes contemporains tels Claude Rutault, Miguel Branco ou encore Nicolas Buffe qui perpétuent dans des œuvres parfois audacieuses la longue tradition de cet animal fabuleux qui n’a pas fini de faire parler de lui.



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