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Élections européennes : en Europe, l’Église “doit se réveiller”

DRAPEAU; EUROPE
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Paul de Dinechin - publié le 13/05/19
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“L’Union européenne (UE) est en crise”, considère Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE). Parmi les difficultés qu’elle traverse : la crise de la foi. Un défi que peuvent relever “sans peur” les catholiques européens, à condition de s’atteler à la tâche et de ne pas avoir peur du dialogue, a confié le prélat à Aleteia.Du 23 au 26 mai prochains, l’ensemble des citoyens européens sont invités à élire leur représentants pour les cinq ans à venir au Parlement européen. Pour Mgr Jean-Claude Hollerich, il s’agit d’un rendez-vous important car “l’Union européenne est en crise”. Cette crise se manifeste par de nombreux conflits qui déstabilisent le projet européen et favorisent la montée des populismes. Entre le Brexit, le chômage de masse et la montée de l’euroscepticisme, l’Europe fait face à de nombreuses crispations.


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Parmi les dangers que court le vieux continent, l’un d’eux pourrait se résumer dans le néologisme Fidexit, c’est-à-dire la sortie de la foi de l’Union européenne. L’Europe est effectivement l’un des seuls endroits au monde où le nombre de catholiques diminue. En un an, elle a ainsi perdu pas moins de 240.000 baptisés et près de 2.500 prêtres, alors que sa population a pourtant augmenté de 1,3 million d′habitants.

Les fondateurs de l’UE, des “catholiques convaincus”

Face à cela, l’Église européenne doit inévitablement se “réveiller”. “Il faut prendre l’évangélisation au sérieux”, suggère Mgr Hollerich. Or, l’évangélisation commence par soi-même : changer de vie, vivre une véritable conversion et annoncer l’Évangile. Et “sans peur !”.

D’autant que tout permet d’annoncer le Christ, assure le responsable épiscopal. Le concept de l’Europe lui-même repose sur le dialogue, notamment entre les institutions et les religions. Cependant, les responsables politiques devraient reconnaître que la place du religieux ne se cantonne pas uniquement à la sphère privée, juge le président de la COMECE, mais puisse apparaître aussi dans la vie publique. On oublie un peu facilement que les fondateurs de l’UE étaient des “catholiques convaincus”, glisse-t-il encore, à l’exception toutefois de Paul-Henri Spaak “qui se disait plutôt athée catholique”.


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Depuis le début de son pontificat, le pape François, quoique sud-américain, a de son côté aussi prononcé des discours très “musclés” sur l’Europe, observe Mgr Hollerich. À travers eux, le pontife non-européen donne de “vrais enseignements” qu’il serait bon que les hommes et les femmes politiques lisent et “en mesurent la profondeur”. Parmi les discours qui feront date : celui devant le Conseil de l’Europe, le 25 novembre 2014, ou au Vatican en recevant le Prix Charlemagne, le 6 mai 2016.

Apprendre à dialoguer

Le dialogue est précisément l’un des défis auxquels fait face l’Union européenne, selon le président de la COMECE. Lors des différents élargissements vers les pays de l’Est, il ne fallait pas s’attendre à une simple et automatique adaptation de ces pays sur le modèle occidental, avec les mêmes standards, les mêmes manières de penser, etc.


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Pour se comprendre, il est important de mener un dialogue beaucoup plus profond : quel est notre regard sur l’histoire ? Quelles sont les mémoires culturelles collectives des peuples qui constituent l’Europe ? Voilà comment avancer ensemble. Mais l’Union européenne possède tous les atouts pour réussir sur cette route, pour l’archevêque de Luxembourg, car il s’agit avant tout d’un monde de “compromis”, c’est-à-dire de “respect de l’autre”.

Un autre aspect pour réussir l’intégration européenne : que les jeunes puissent voir l’Europe comme un allié. Et ce sera notamment le cas si l’Europe devient capable de leur fournir du travail ou la possibilité de fonder sereinement une famille. Plus de 15% des jeunes européens sont sans emploi. “Je connais des jeunes qui vivent en couple, aimeraient se marier, mais n’osent pas en raison de leur situation matérielle instable”, déplore ainsi le prélat luxembourgeois.



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Le vote, une “force créatrice en politique”

Cette situation, les futurs députés devront en prendre conscience. Le meilleur moyen pour eux est de ne pas se contenter d’effectuer des allers-retours entre Bruxelles et Strasbourg, sourit Mgr Hollerich. Un bon député doit être capable de se rendre régulièrement dans sa circonscription pour rencontrer ses électeurs.

Quant aux citoyens, ils doivent devenir conscients de leur “responsabilité civile par rapport à l’Europe et au monde”. À quelques jours des élections, 68% des Français âgés de 18 à 25 ans affichent leur désintérêt pour le scrutin, selon un récent sondage. En 2014, seuls 24% des jeunes Français de 18 ans à 24 ans s’étaient déplacés pour aller voter. “Nous ne pouvons pas nous contenter de dire du mal de l’Europe et des institutions en nous abstenant de voter”, formule le prélat. “Le vote doit se transformer en force créatrice en politique”, explique celui qui assure que son propre bulletin sera bien glissé dans les urnes le 26 mai prochain.

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