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Ces troquets pas comme les autres qui mettent le handicap à l’honneur

Un serveur du restaurant Le Reflet, à Nantes (Loire-Atlantique).

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Domitille Farret d'Astiès - publié le 06/05/19
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Les restaurants et bistrots où travaillent des personnes avec un handicap fleurissent actuellement dans les centres-villes. Certains, comme Le Reflet, affichent complet. Ces initiatives seraient-elles un signe des temps ? Le Reflet, Ô Bell’ Endroit, En 10 saveurs… À Paris, Les Petits Plats de Maurice a ouvert ses portes dans le XIe arrondissement parisien en septembre 2018, en plein quartier bobo. En février 2019, un bistrot à tartines s’est lancé à Vitré (Ille-et-Vilaine). Plus au sud, Le Jardin Pêcheur, à Bordeaux (Gironde) a pendu la crémaillère en mars 2017. Et à Toulouse, le bar L’Oreille Cassée, tenu par deux associés sourds, vous propose tapas maison et initiation à la langue des signes depuis août 2018. Les cafés et restaurants qui emploient des personnes handicapées seraient-ils la dernière tendance du secteur ? Depuis quelques années, les initiatives se multiplient en France. En deux ans, ce ne sont pas moins de dix nouveaux lieux qui ont ouvert en France. À chaque fois, ces établissements affichent leur souhait de favoriser l’intégration de personnes porteuses de handicap en milieu ordinaire, de les former, de leur permettre de s’épanouir dans un cadre de travail à la fois exigeant et bienveillant.

“Cela demande d’être cohérent et crédible”

En témoigne le restaurant Le Reflet qui a ouvert ses portes dans le centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique) en décembre 2016. Menu du jour : porc au caramel vietnamien, thon rouge et risotto de printemps, pavlova au lemon curd et segments d’agrumes… Ouvert du mardi au samedi, ce “restaurant extraordinaire” emploie onze salariés, dont sept porteurs de trisomie 21. “Pour le moment, nous sommes à l’équilibre donc nous sommes plutôt satisfaits”, explique Thomas Boulissiere, le gérant du restaurant.

Restaurant Le Reflet

© Brigitte Delibes photographie
La joyeuse équipe du restaurant Le Reflet, à Nantes (Loire-Atlantique).

Avec vingt ans de carrière dans les pattes, c’est la première fois qu’il travaille avec des personnes handicapées. Un travail collaboratif “riche d’émotions”, selon ses mots, qui exige de chacun de l’investissement, de la rigueur, du dépassement de soi et de l’authenticité. “Cela demande d’être cohérent et crédible”, explique-t-il. “Aucun de nos salariés porteurs de handicap n’avait travaillé dans la restauration auparavant. Tous se sont jetés à 100% dans l’aventure et se sont dépassés. Un lieu comme celui-ci fait vraiment évoluer notre société. C’est notre part de colibri à nous”, poursuit-il. Le restaurant a adapté quelques outils, investissant notamment dans des assiettes qui prennent en compte la morphologie particulière des mains des personnes trisomiques, ainsi que des pictogrammes pour les personnes qui n’ont qu’un accès restreint à la lecture. Si Le Reflet relève déjà du milieu ordinaire, l’objectif n’est pas que les travailleurs handicapés y restent à long terme. “Je souhaite qu’ils migrent vers un autre établissement. Notre restaurant pas un but en soi, c’est une étape”, conclut le manager. Une autre salle devrait ouvrir à Paris à l’automne prochain.



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Combattre les discriminations

Du côté de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), En 10 saveurs a vu le jour en mars 2019. Un bien joli nom pour ce “resto qui s’adapte”. “Ce restaurant, c’est pour combattre l’une des plus grandes discriminations. En Europe, 80% des personnes qui ont un handicap mental ou cognitif sont au chômage”, déplore le patron des lieux. “Nous voulons prouver que l’on peut réussir à travailler avec un handicap mental”, précise-t-il. L’établissement emploie sept personnes handicapées. Certaines sont trisomiques, d’autres autistes ou ayant un trouble du développement. Francis, Laetitia, Théophile… Âgés d’une vingtaine d’années, ils se sont tous formés dans la restauration auparavant. Pour chacun d’eux, il s’agit d’un premier emploi. “Nous leur demandons de tenir leurs postes normalement. Ils font leurs journées comme tout le monde, c’est-à-dire le ménage, le service, l’épluchage. Ici, on essaie de gommer la différence”, poursuit le gérant.



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Un cercle vertueux

D’autres initiatives ont vu le jour comme café Joyeux, une chaîne de cafés née à Rennes en décembre 2017 avant d’ouvrir deux boutiques à Paris. Une entreprise qui fonctionne bien puisqu’un quatrième café devrait ouvrir dans la région bordelaise dans les prochains mois. “Nous sommes une société ordinaire avec des salariés ordinaires”, soutient la direction à Aleteia. Dans ces cafés pas comme les autres, tous les salariés porteurs d’un handicap sont en CDI. “C’est un cercle vertueux. Les bénéfices que nous dégageons sont automatiquement affectés à l’ouverture de nouveaux coffee-shops. Nous allions le bon, le beau et le vrai pour aller faire du bien”. À Nantes, le Chromosome Resto a ouvert en 2017. Ici, les seuls salariés sont Vladimir, Manon, Paul et Armelle, trisomiques. Ils ont été embauchés en CDI. Grâce à l’aide de plusieurs bénévoles, ce sont 30 à 60 repas qui sont servis par jour.

Café Joyeux à Paris

© Café Joyeux
Au café Joyeux parisien, Nicolas, l’un des équipiers, sert une cliente.

À La Roche-sur-Yon, Ô Bell’ Endroit met les petits plats dans les grands. Là-bas, trois personnes porteuses de trisomie concoctent pour les clients poulets mariné, citron gingembre, ou chili con carne et riz basmati. Sur TripAdvisor, les commentaires sont unanimes pour louer la qualité de l’accueil ou de la cuisine : “Des sacrés pros”, “Excellent”, “Allez-y, vous ne serez pas déçus”… Bref, si vous n’êtes pas dans votre assiette ou que vous en avez gros sur la patate, n’hésitez pas et testez donc l’un de ces bistrots qui donnent envie d’aller casser la croûte autrement.

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