« Tous en tandem » est une entreprise qui cherche à favoriser l’échange entre étudiants et personnes âgées à travers des ateliers culturels. Une initiative qui permet aux générations de transformer leurs regards les unes sur les autres. Mélanger les générations, voici l’objectif de Tous en tandem. Cette entreprise fondée il y a moins d’un an propose à des étudiants d’animer des ateliers culturels pour leurs aînés dans des résidences-autonomie ou dans des EPHAD. “Le principe, c’est de développer le premier réseau d’étudiants au service des personnes âgées au sein de structures accueillant des seniors”, explique à Aleteia Alexandra de Saivre, 39 ans, la fondatrice.
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Après douze ans de marketing dans la grande consommation, elle a décidé de fonder Tous en tandem après avoir eu elle-même plusieurs expériences avec les aînés. “Depuis toujours, j’ai été très attirée par les personnes âgées. J’ai été notamment à Lourdes, où j’ai accompagné des seniors dépendants”, confie-t-elle. Là-bas, certains lui racontent leur détresse liée à l’isolement et au fait de se sentir souvent infantilisés. “Ils me disaient : “C’est incroyable, le temps que chacun prend pour parler et échanger avec nous !””. La jeune femme est touchée par la spontanéité et le côté non médical de leurs échanges. Très proche d’une de ses grand-mères, Maïta, qui fêtera cette année ses 89 ans, elle discute avec elle et son projet prend forme peu à peu.
Le choix du tandem comme emblème n’est pas fortuit : “si les deux pédalent, l’échappée est bien plus belle. L’équilibre est à trouver et une fois stabilisé, le tandem est lancé”, peut-on lire sur le site de cette jeune pousse. Une devise à l’image du projet qui s’est développé en un an dans pas moins de 30 villes de France. Chaque atelier dure environ une heure et accueille entre dix et vingt personnes âgées, une prestation facturée pour le groupe entre 110 et 130 euros hors taxe.
“Nous ne voulons pas une offre santé”
“Nous recherchons des profils d’étudiants qui ont une forte affinité avec le monde des seniors”, précise la fondatrice. Curiosité, bienveillance et empathie sont donc de mise. L’objectif est double : permettre à des jeunes d’avoir un job régulier en parallèle de leurs études et donner l’occasion à des personnes âgées, à travers des ateliers bi-mensuels, de travailler leur mémoire, d’échanger autour d’un thème, de transmettre leur savoir, d’être en relation… Les thèmes abordés sont nombreux : ils vont d’Antoine de Saint-Exupéry à l’histoire de la bicyclette en passant par celle de la fraise. “Nous ne nous voulons pas une offre santé. Notre idée est plutôt de retarder l’entrée dans la dépendance forte. Notre but est de booster la vitalité des seniors”, poursuit Alexandra de Saivre.
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“Personnes âgées et jeunes, une stimulation partagée”
“Dans cette notion de “vitalité”, je vois deux choses : la vie, avec l’apprentissage continu, mais aussi l’utilité retrouvée, car ce sentiment disparaît en prenant de l’âge”. Pour un senior, le lien avec les jeunes générations pourra justement gommer cela car il est clair qu’il aura beaucoup de choses à transmettre. “Par exemple, avec Saint-Exupéry, on aborde le thème de la guerre, des voyages… Tout cela permet de créer du débat entre les différentes générations”, continue-t-elle. Or, le débat, c’est la parole. Et la parole, c’est la vie. Et si cela demande aux étudiants une implication en amont, “nous leur donnons beaucoup de billes”, assure-t-elle. Enfin, le fait de vivre cela en groupe n’est pas anodin. “Dans le groupe, il y a une notion de convivialité. Nous voyons beaucoup de rebondissements, de rires, c’est très agréable et très convivial. Les jeunes nous disent : “Les personnes âgées nous permettent de gagner en confiance en nous, de prendre la parole en public plus facilement. Elles nous prouvent qu’il est possible de s’engager””. Des moments forts qui leur permettent de découvrir la beauté de l’engagement. Ainsi, jeunes et anciens peuvent changer de regard les uns sur les autres et devenir des générations complices.