C’est lorsqu’Il est cloué sur la Croix que Jésus nous donne Marie comme médiatrice de toute grâce. « Dieu ne veut pas nous accorder un seul bien qui ne passe par les mains de Marie », disait saint Bernard de Clairvaux, soulignant par-là la fonction médiatrice de la Vierge Marie entre son Fils et les hommes. Un mystère qui tient une place particulière au Sanctuaire de Cotignac, construit à la demande de la Vierge elle-même pour qu’elle puisse y répandre des grâces.« Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici-même une église, sous le vocable de Notre-Dame-de-Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. » Voici les paroles que la Vierge Marie a prononcées lorsqu’elle est apparue à Cotignac, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras, les 10 et 11 août 1519, à un pieux bûcheron nommé Jean de la Baume. Le 14 septembre, à peine un mois après l’apparition, la première pierre du Sanctuaire était posée. Depuis, le Sanctuaire de Cotignac n’a de cesse de répandre un message universel : « celui de Notre Dame qui répand ses grâces, sur chaque pèlerin et sur la France », selon les mots de Mgr Dominique Rey.
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Marie, un « aqueduc » entre Jésus et les hommes
Saint Bernard de Clairvaux, dans son Sermon sur l’aqueduc, désigne la fonction médiatrice de la Vierge Marie comme un aqueduc, dont la source est le Christ : « Le filet d’eau céleste descend par un aqueduc qui instille la grâce goutte à goutte dans nos cœurs desséchés. L’aqueduc lui-même est plein, de sorte que tous s’alimentent à sa plénitude, sans la recevoir tout entière. » Saint Bernardin de Sienne, lui, utilisait l’image d’un corps. En parlant de la Vierge Marie, il disait : « Elle est le cou de notre chef (le Christ), grâce auquel sont communiqués à son Corps Mystique tous les dons spirituels ».
Le mystère de Marie médiatrice trouve un écho dans la Tradition, mais il possède également des fondements théologiques. Léon XIII a ainsi écrit dans son encyclique « Octobri Mense » : « Par la Volonté de Dieu, Marie est l’intermédiaire par laquelle nous est distribué cet immense trésor de grâces accumulé par Dieu, puisque la grâce et la vérité ont été créées par Jésus-Christ (Jn 1, 17); ainsi, de même qu’on ne peut aller au Père suprême que par le Fils, on ne peut arriver au Christ que par Sa Mère. ». Pie X reconnaît qu’ « Il a été donné à cette auguste Vierge d’être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier » (Ad Diem Illum). Et Pie XII la comparait à un « canal de cristal très pur de la grâce divine » (Ineffabilis Deus).
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Marie, médiatrice « dans les deux sens »
Frère Hubert-Marie, recteur du Sanctuaire de Cotignac, souligne que c’est au pied de la Croix que Marie devient Médiatrice de grâce, même si ce mystère se fonde dès l’Annonciation, est annoncé à Cana, et se réalise pleinement avec l’Assomption. Ce sont ces deux paroles du Sauveur adressées à sa mère puis à son disciple bien-aimé : « Femme, voici ton fils » et « Voici ta mère » (Jn 19, 26-27) qui instaurent la Vierge en tant que médiatrice entre son Fils et les hommes. Elle est médiatrice « dans les deux sens » : pour que les hommes reçoivent d’en haut les grâces et pour qu’ils soient reçus par Dieu. Saint Bernard de Clairvaux disait, en s’adressant à Marie : « Par vous, nous avons accès auprès du Fils, ô Trésorière de la grâce et Mère de notre salut, afin que s’étant donné aux hommes par vous, par vous aussi il reçoit tous les hommes ».
« Par Marie, explique Frère Hubert-Marie, le filet d’eau instille goutte-à-goutte. Pourtant, dans la Bible, Jésus parle de « fleuves d’eau vive qui jaillissent » (Jn 4) de son Cœur. Oui, mais Marie l’adapte à nous comme un filet d’eau, elle reçoit et redonne goutte à goutte, maternellement. C’est une volonté de Dieu que tous ses biens passent par Marie pour qu’ils soient maternels, féminins et donc complètent la médiation du Christ. Par Marie, nous avons accès auprès du Fils. Elle est un pont entre nous et Jésus. C’est elle qui nous introduit, nous présente, et, comme trésorière de la grâce, nous donne selon nos besoins, avec sagesse ».
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Cotignac, un lieu trois fois béni
Le Sanctuaire de Cotignac est un lieu béni par Dieu à un triple titre : il est Sanctuaire Notre-Dame-de-Grâces, Sanctuaire de l’Assomption et Sanctuaire de la Sainte Famille, car il est le fruit de trois apparitions. En 1519, au début de la Réforme, à un moment où certains catholiques sont tentés de nier la médiation des saints et de la Vierge, l’Enfant Jésus, Source de toutes grâces, apparaît dans les bras de sa Mère. Marie demande alors une église appelée « Notre-Dame-de-Grâces », car par l’Église, — sacrement —, elle veut répandre ses grâces.
La deuxième se passe en 1637, quand Marie apparaît à frère Fiacre, à Paris, et demande que la reine prie Notre-Dame de Grâces à Cotignac, et donne enfin un descendant au roi Louis XIII. Ce miracle vaut à la France d’être consacrée à la Vierge en son mystère de l’Assomption. Enfin, en 1660, saint Joseph apparaît au Bessillon et désigne une source, derrière un rocher qu’il faut pousser, comme si celui-ci empêchait la grâce de remplir notre cœur. Il donne aux hommes une source comme pour leur dire : « Elle est venue jusqu’à toi : qu’attends-tu pour aller recevoir ses grâces, elle te donne la vraie Source de la Vie ? »
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