Notre-Dame de Paris qui brûle, c’est le cœur de la France qui saigne.Nous avions oublié combien les pompiers sont de simples hommes. Le feu ne les attend pas. Des lances d’amour dérisoires brandies vers des forces infernales plus fortes qu’elles : voilà à quoi nous songions en regardant le feu qui dévorait le toit de Notre-Dame, à l’aube d’une Semaine sainte tellement crucifiante.
À tous les saints anonymes
Notre-Dame brûle, et c’est l’incarnation de notre foi — car oui, notre pauvre foi a besoin de pierres, de charpentes et d’ardoises pour traverser la nuit — qui est touchée au cœur. Parce que nous étions français, nous imaginions porter en nous ce qui restait de la fierté chrétienne. Et voici que nous songeons avec des larmes à la foule qui a bâti nos cathédrales à l’heure où le monde vivait dans les ténèbres, au roi Louis IX qui, pieds nus, dans l’île de la Cité rapporta la couronne d’épines de Notre Seigneur, à tous les saints anonymes qui ont prié dans ce lieu, à tous les maîtres du monde qui, en certaine heures, sont entrés dans ce sanctuaire pris d’une inexplicable humilité, aux pieds de Notre Dame, reine de France. Nous pensons au Te Deum de 1944. Nous pensons à nos pauvres racines.
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Dans la souffrance, la Résurrection
Notre-Dame qui brûle, c’est le cœur de la France qui saigne. Nous avions cru que notre humiliation de catholiques avait atteint le fond. Le mépris, la honte, la marginalité, les regards ricaneurs : il ne faisait pas bon être catholique de France par ces temps mauvais. Mais il faut croire que cela n’était pas une épreuve suffisante. La flèche de Notre-Dame est renversée. La cathédrale de Paris peut compter tous ses os.
Notre-Dame sera reconstruite
Nous sommes dans la souffrance mais pas dans le désespoir. Jamais, en ces minutes, le diocèse de Paris n’avait autant ressemblé au christ. Nous abordons la Semaine sainte dans une pauvreté sans précédent. C’est sur ce champ de décombres qu’il plaira à Notre Seigneur de bâtir une nouvelle fois, la Résurrection. La cathédrale de Beauvais s’est effondrée et a été reconstruite. Reconstruite, la cathédrale de Reims brûlée en 1914 par les bombardements allemands. Dans Reims reconstruite s’est bâti la paix européenne, célébrée lors de la messe à laquelle assistaient le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, qui entendirent ensemble l’évangile lu par Mgr Marty. Notre-Dame sera reconstruite, et des grâces nouvelles, inimaginables, y témoigneront bientôt de la fidélité de Dieu.
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